700 ans de poésie
- Ginette Flora Amouma
- il y a 3 jours
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Les 7 troubadours
En 1323, à Toulouse, 7 troubadours issus de milieux distincts, réunis par le seul amour de la poésie, décident de rétablir le lyrisme courtois qui avait fleuri pendant deux siècles dans les cours de France jusqu'à ce que les croisades contre les albigeois et l’emprise de l’église ne l’éteignent.
Les foyers qui cultivaient le goût pour la belle poésie, ruinés par la guerre, n’avaient plus qu’une pensée en tête : se relever de leurs ruines.
Les sept troubadours se réunissent en se donnant le nom de Consistoire du Gai Savoir et envoient une lettre à tous les poètes en langue d’oc pour leur demander de participer à un concours de poésie qui devait se tenir au début du mois de Mai de l’année en cours.
Le prix décerné est une violette dorée à l’or fin, la joya, offerte par les capitouls, les magistrats de la ville de Toulouse. Inscrite sous le nom de compagnie du gai savoir, c’est la plus ancienne société littéraire savante d’Europe qui voit le jour et jouit rapidement d’une conséquente notoriété.
La ville de Toulouse accepte d’en être la marraine et le 1er Mai 1324 a lieu le 1er concours de poésie. Les membres de la société sont des mainteneurs c'est à dire ceux qui maintiennent la tradition héritée des 7 troubadours qui ont organisé le premier concours en 1323. Ils nomment un chef qui est leur chancelier assisté d’un secrétaire.
En 1471, la société n’est plus un concours exclusivement en langue occitane. Les jeux floraux sont ouverts à la poésie en langue française et occitane.
En 1513, la compagnie devient le Collège des Jeux Floraux de la poésie française. Une anecdote fait dire qu’une femme de la bourgeoisie, Clémence Isaure, lègue sa fortune au collège pour que le concours des jeux floraux continue son œuvre créative. Elle devient ainsi l’inspiratrice et la bienfaitrice des poètes.
L’Académie des Jeux Floraux
En 1715, le nombre des mainteneurs est porté à 40 .
La révolution suspend les activités, les membres s’éparpillent.
En 1806, l’Académie est rétablie et en 1895, on concourt en français et en occitan, la langue française restant la principale.
Depuis 1896, l’institution est installée dans l’hôtel d’Assézat de Toulouse et elle continue de rassembler les fervents admirateurs de la poésie.
En 1694, Louis XIV en fait une Académie des Jeux Floraux, une Académie des Belles-Lettres, pour perpétuer la tradition. Un statut qui n’a pas bougé de nos jours.
Chaque année, le 3 mai, elle remet des prix et des fleurs après un discours élogieux sur Clémence Isaure, la muse et la madone des jeux. Elle est représentée avec des fleurs dans ses bras, violette, primevère, œillet, lys. ..
Ronsard et Victor Hugo furent les lauréats des concours de l’Académie.
L’Académie est inscrite au patrimoine culturel immatériel de France, le 23 Janvier 2023.
Le concours
Chaque candidat concourt en inscrivant sur sa page de formulaire non pas son nom mais sa devise pour garantir son anonymat. La devise peut être un mot, une citation ou un vers.
Le pli est pris d’honorer la poésie dans toutes les régions de France qui se dotent d’une jardinière semblable. Les institutions de ce genre fleurissent partout, elles prospèrent en Picardie, en Bretagne, en Anjou, en Provence, en Aquitaine et même ailleurs dans le monde. En effet, les jeux floraux marquent fortement l’Espagne et l’Amérique latine.
Le concours comprend des prix internationaux, des prix littéraires pour des ouvrages en prose et des recueils de poésie. Les Prix de Fleurs et des médailles sont attribuées pour une poésie unique. Parmi d'autres candidats primés le 3 Mai 2024, la poésie de Mr Patrick Maussion de Montéral dans l'Aude reçoit une médaille de l'Académie.
C'est une perle jubilatoire et pleine d'humour que je vous laisse apprécier.
Petit François
A l'école des Petits Bateaux, le lundi, c’était la dictée.
Petit François, sur son vélo, pédalait désappointé.
Ce n'était point par manque de courage
Qu'en orthographe, c’était le carnage.
Ecrire les mots lui était difficile,
Incompatible avec son style.
Quand il écrivait le mot « serpent »,
François s'appliquait, faisait un beau A.
Quand il écrivait le mot « jument », il faisait un beau D.
Pour « la théière », il choisissait le T,
Pour « la postière », c’était PTT.
Le jour de la dictée, c'était zéro pointé.
Pourtant Dieu, que d’imagination !
Il mettait trois P à « constipation ».
Avec « la poule », il y ajoutait quatre E.
Tout le monde le croyait neuneu.
Mais le Petit François était déjà poète.
Il écrivait « oiseau » avec deux L.
Pour « amant », il n'y mettait jamais de N.
Mais la maîtresse était intraitable,
Le prenait pour un incapable.
Pour écrire « la confiture des bois »,
Be n’est point sot, il faut des B.
Pour « le jeu de l’oie », il a raison, il faut un D.
Pour le verbe « chanter », c’est vrai, il faut un R.
Petit François était un K comme le rappelait son père.
Au féminin, jamais il n’accorde :
L’égalité des sexes, c’est du sérieux.
Écoliers, suivez ses conseils : “Jamais de X au pluriel !
Le X est fait pour les grands, attendez d’avoir dix-huit ans.”
L’orthographe et la grammaire, aux écoliers, gâchent la vie.
Petits et grands seraient pépères d’écrire comme leur envie.
A l’école de la République, point de place pour les rêveurs,
Les réformes pédagogiques sont faites pour les meilleurs.
A bas la dictature des règles qui font les mots !
A bas la dictature du « Bled » qui rend idiot !
Vive la fantaisie
A l’école de la poésie !
Tant pis pour Bernard Pivot,
Si à sa dictée, on a tous zéro.
( © de Patrick Maussion)
© Images de France bleu.fr
de lopinion.com- Toulouse et les jeux floraux
Ginette Flora/ Avril 2025

Superbe aventure avec toi, Ginette ... j'ai adoré et le poème est excellent ! ❤️