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"Alliette Audra", la poétesse de l'ombre

Poétesse française, elle est née à Paris en 1897 et décède à Lausanne en1962.

Elle écrit sur les thèmes familiers de l'éloge de la nature pour ses beautés simples et vivifiantes. Elle explore les affres de la mélancolie dont elle n'est pas affranchie quand elle sait rappeler la mémoire des êtres disparus.

Elle perd son père en 1914, sa soeur en 1915 et son frère en 1918 et ne cesse d'en porter le deuil dans ses poèmes.

Avec délicatesse et pudeur, elle laisse juste deviner leurs ombres derrière les paravents de ses poèmes.

Elle s'inscrit dans la lignée des écrivains dont la foi en Dieu accompagne une vie ponctuée de vraies amitiés et d'heureuses rencontres qui lui font supporter les épreuves avec dignité et discrétion.

Elle se lie d'amitié avec Francis Jammes qui écrira les préfaces de quelques-uns de ses recueils de poésies. Une admiration réciproque cimente le lien d'amitié entre les deux écrivains.


Sa vie


Elle grandit auprès de parents qui sont très férus d'art et de culture. Alliette et son frère en reçoivent les fruits et portent avec passion leur inclination pour les Belles-Lettres. Tous deux ont un très fort lien d'affection et très tôt, lisent les poètes anciens et contemporains de leur époque, Samain, Leconte de Lisle, Claudel, Gide, Péguy, Francis Jammes.

Alliette voue une grande admiration pour l'ermite des Pyrénées et n'hésite pas à lui écrire pour lui témoigner sa foi en la poésie et en son message universel. Elle lit Maurice de Guérin, Emily Brontë, Henri Pourrat.

Vient le temps des épreuves avec la Grande Guerre où son père et son frère perdent leur vie. L'une de ses sœurs décède également, ce qui accentue la tristesse qu'elle peine à retenir.

La poésie entre ainsi dans sa vie comme premier dictame et vecteur d'une douce thérapie.

La majeure partie de son œuvre exprime la douleur de l'absence et la nostalgie de son enfance passée dans les Ardennes quand la famille s'y rendait en villégiature pour habiter une maison ancestrale.

Ses premières publications


En 1924, Elle publie des textes chrétiens en prose.

1926 Un recueil de poésies "Les œillets du poète"

1931 Poésies "Les herbes hautes"

1936 Poésies " Prairies " et " Voix dans le renouveau"

Le livre de "Prairies" est préfacé par Henri Pourrat.

Le monde littéraire découvre ainsi une nouvelle égérie. Alliette voit s'ouvrir les portes des salons littéraires. Elle fréquente celui de Charles du Bos.

Elle commence une correspondance avec Francis Jammes après lui avoir envoyé un exemplaire de "Prairies ". Francis Jammes a 68 ans à ce moment. Il répond qu'il lui voue une réelle admiration et qu'elle est " sa soeur en poésie ".

Le vieil homme évoque dans ses mémoires la correspondance qu'il a échangée avec Alliette Audra qui chante les joies simples d'une vie auprès des saisons.

La poétesse traduit "son âme bergère", qui prend le bonheur dans les glaïeuls, les fougères, auprès des ruisseaux, sur le "divan d'herbes vives ".



L'œuvre d'Alliette Audra

Alliette continue d'écrire et son inspiration est de plus en plus mystique. Sa foi s'épanouit. On la compare à Marie Noël, à Charles Guérin.

"La poésie est une union avec tous ou quelques-uns, et c'est aussi hélas! une solitude sans frontière. Dès qu'on a souffert on est là dans sa patrie. L'important demeure, aussi court que soit son clavier, de chanter sa propre chanson, de rester fidèle au rythme intérieur... La solitude de la poésie me cerne toujours plus et peuple la solitude qu'elle crée."

Elle se définit dans le choix d'une écriture personnelle, se perfectionnant dans l'introduction des rimes irrégulières et en préférant conserver un style épuré. Son univers est simple, les aspirations lumineuses, elle devient l'icône d'un langage descriptif aux motifs bien posés.

Elle se lance également dans des traductions d'ouvrages.

En 1952 paraît le recueil " Poésies pour un marin perdu" qui reçoit le prix Gérard de Nerval

En 1956 " Ce que disent les souffles " qui reçoit le prix Jouffroy-Renault.

PAX, par Alliette Audra
Ô souvent je voudrais que la vie éternelle
Fût simplement cela : quelques-uns réunis
Dans un jardin qu'embaume encor la citronnelle,
Réunis par amour dans l'été qui finit.

L'un d'entre eux serait juste arrivé de voyage.
On le ferait asseoir près de la véranda
Où est la lampe, afin de mieux voir son visage,
Son uniforme usé, sa pâleur de soldat .

La plus jeune viendrait le tenir par sa manche,
On n'oserait pas dire : " Tu es pâle..." Et lui,
Devant cette douceur des très anciens dimanches
Souhaite pour pouvoir pleurer, qu'il fasse nuit.

Une voix s'élèverait alors, la musique
Même de jadis au milieu d'un grand respect
Et du coeur de chacun, dans le soir balsamique
Disant ces mots simples : Mes enfants, c'est la paix.

Extrait de: 

 1964, Poèmes Choisis, (Editions Pierre Seghers)

 

Elle meurt à Lausanne en 1962. Une ombre est passée.



Ginette Flora

Avril 2024


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8 comentarios


Une ombre est passée mais qui revient dans la lumière grâce à toi Ginette !

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Merci Alice. Une belle émotion aussi pour moi d'avoir rencontré cette plume !

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Une vraie découverte, Ginette ....un portrait de lumière pour une ombre oubliée ... merciiii à toi !❤️

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Tu vois, il y a des êtres au regard qui transperce et quand on est passé devant, on en revient différent !

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Que de sensibilité dans l'œuvre de de cette poétesse que tu nous fait découvrir

Bon dimanche Ginette

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Tout a commencé avec Henri Pourrat qui m'a mené vers Maurice de Guérin puis j'ai croisé Francis Jammes dont le sentier débouchait sur Alliette Audra !

Tout est jalonné, indiqué ... et ma balade, je la fais ainsi "de-ci delà dans le vent qui m'emporte pareil à la feuille morte" !!

Bon dimanche, Babeth ;

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Une poétesse de l'ombre qui grâce à toi ne l'est plus tant que cela, Ginette ! Merci de ce partage et de cette mise en lumière ! ^^

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Rien n'est dû au hasard. Je croise tant de personnes qui réveillent en moi tant de vieux songes !

Bon dimanche, Fred .

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