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Antonio Vivaldi, le prêtre roux


Antonio Vivaldi est un violoniste italien né en 1678 à Venise et mort à Vienne le 28 juillet 1741.

De violonistes remarquables, chevronnés  il y en eut avant lui. Claudio Monteverdi  né en 1567, celui qui donna au violon ses lettres de noblesse.

Il y eut Jean-Baptiste Lully, né en 1632. Puis il y eut Arcangelo Corelli, né en 1653.  Mais quand on dit Vivaldi, un effet de surprise, un sursaut d’éblouissement s’emballe à la mention de son nom. Vivaldi est un virtuose du violon. Son jeu est spectaculaire, dynamique, emporté, il possède une technique si maîtrisée qu'il semble fusionner avec son instrument.

Son père, violoniste lui-même, lui apprend à jouer du violon. Le jeune Antonio vit dans une ambiance musicale très poussée et ses prédispositions  musicales se révèlent très tôt chez lui. La graine du sacré est déjà posée, celle qui le pousse vers la musique.

Son père le destine à une carrière sacerdotale. Antonio suit la voie qui lui est ouverte, gravit les échelons du clergé et est ordonné prêtre à 25 ans. C’est un prêtre catholique, à la chevelure rousse, ce qui le fait hériter d’un surnom. On l’appelle le prêtre roux.

Le rôle joué par le père dans la vie de Vivaldi reste donc déterminant alors que le jeune homme préfère la musique.

Sa faible constitution, ses accès de toux, son asthme l’éloignent vite des messes et des prêches dans la chaire  des églises.  

 Il en est dispensé et exempté de tant de charges qu’il dispose davantage de temps pour se consacrer à sa musique car il sait qu’il a un don. Il ne s’en cache pas, répétant à l’envi qu’il compose un concerto plus vite que son archet  et que les 450 concertos qu’il possède à son actif ne l’empêchent pas d’en composer d’autres  et non des moindres, des  opéras ( une centaine dit-il mais les travaux de recherche n’en dénombrent pour l’heure qu’une cinquantaine ) et des pièces religieuses inoubliables.  

Ses détracteurs useront de ce point faible de son caractère pour le conspuer quand après la gloire et l’immense aura dont il se gargarise, il lui faudra affronter la réalité.

 Il tombera dans l’oubli.


Ses activités


Il est tour à tour musicien, compositeur, professeur,  chef d’orchestre,  imprésario.

Il est engagé comme maître de violon de l’institution religieuse pour jeunes filles  de la Piéta où sa tâche est d’apprendre à ses élèves la composition du concerto. Il bénéficie d’un chœur et d’un large orchestre d’instruments  mais il s’absente beaucoup pour faire des séjours à l’étranger ou pour monter lui-même ses opéras.

Infatigable, perfectionniste, doté d’une énergie qui ne semble pas faillir au regard de la pathologie qui le handicape, il compose des pièces religieuses, des pièces lyriques et des concertos. Adulé de son vivant, célébré pour sa virtuosité, ses  effets de scène, sa création prolifique, il devient le créateur du concerto de soliste  venant à la suite du concerto grosso qui est un concerto de groupe.


 Les concertos de Vivaldi


Ses premières œuvres sont des sonates en trio pour assurer la continuité du répertoire classique de  ses prédécesseurs. Puis il compose des concertos de soliste.

 En 1711, il publie l’opus 2 comprenant  une douzaine de concertos  qui suivent le schéma italien en trois mouvements, la structure tripartite :

«  Vif-lent–vif  »  ou des variantes mais toujours les trois mouvements. Les premiers et derniers mouvements sont souvent des pièces de virtuosité tandis que  le mouvement central est lent. Il publie plusieurs opus et en 1724, figure parmi les concertos, « Les quatre saisons ». Chaque saison est jouée sur le schéma en trois mouvements.

 Dans l’extrait ci-dessous, c’est l’été. Le dernier mouvement atteint le sommet de la virtuosité de Vivaldi. C’est le déchaînement de la nature, et mettant  à profit les cordes, violons, altos et basses, Vivaldi évoque les orages, les souffles venteux et les  énergies de la terre en pleine maturité. La technique de Vivaldi atteint ici des sommets de maîtrise absolue de l’instrument.

 L’impétuosité du jeu de scène, les mouvements de présence, les pas vifs vers la gauche puis vers la droite, l’expressivité du jeu dans le visage, tout montre à quel point Vivaldi ouvre la porte au lyrisme en donnant à un seul musicien, la responsabilité du concerto au  violon. 

 





Vivaldi donne au concerto sa forme définitive, plaçant un seul instrument soliste devant les autres, prêt à captiver le public.

Les concerts qu’il fait à l’étranger le propulsent au rang de seul créateur de la nouvelle forme  du concerto de soliste. Les compositeurs européens adoptent la nouvelle forme du concerto dans la musique classique.

En 1714, il publie l’opus 4, un recueil de 12 concertos pour violon et l’un deux s’appelle   "La stravaganza ", l’extravagance, la joyeuse folie des esprits de Venise, la vie dorée, la période où les grands  de son époque lui vouaient une véritable admiration. 

 De 1710 à 1730, c’est sa grande période  de gloire. Il se fait connaître à Venise et hors de Venise. Les capitales européennes le découvrent.





Venise au temps de Vivaldi

 

Les œuvres religieuses


 Le  « Nisi dominus », extrait du « Cum dederit » et « La stabat mater » permettent d’avoir une écoute des compositions religieuses que Vivaldi aimait composer.



C'est une œuvre pour violon alto, une pièce musicale sacrée composée en 1712.

Dans le cadre des cours qu'il donnait à la Piéta, Vivaldi devait composer des pièces sacrées. Il en prit vite le pli et continua à composer de façon indépendante dans ce genre musical.




C'est une cantate sacrée pour instruments à cordes comme le violon, le violon alto et le

violoncelle.

C'est un psaume mis en musique par Vivaldi. Une psalmodie du psaume du Livre des Psaumes du prophète Salomon de la Bible.


 Les opéras


Il en a composé ..  combien ?  ...25 ? ...50 ?

Lui prend un malin plaisir à dire qu’il en a composé une centaine, 94 pour être plus près de ses déclarations.

Certains opéras comme Griselda et Montezuma sont les plus interprétés.

Jusqu’à la fin de sa vie, Vivaldi aime composer des opéras  car le jeu du violon convient aux émotions  élégiaques, à l’expression émotive qu'un comédien peut rendre par ses cordes vocales.

 

L’oubli et la renaissance


Il a 60 ans, Venise qui l’a tant adulé lui tourne le dos. La mode ce n’est plus Venise, la mode c’est Naples.

La fin de Vivaldi est proche. Il s’installe à Vienne et il meurt enterré sans célébration et seul au cimetière de l’hôpital. Sa dépouille a disparu. Seule une plaque indique son ensevelissement et rappelle son souvenir. Son décès que Venise n’apprend que quelques mois plus tard ne soulève aucune sorte d’émotion. Ce fut l’indifférence générale.

Un siècle et demi voire deux siècles d’oubli.


Vivaldi oublié ? Celui des Quatre saisons ? Vivaldi aux 450 concertos ? Le Vivaldi du « Cum dederit » ? De  «  La stravaganza » ? C’est à peine croyable.

C’est d’abord Bach, très tôt envoûté par les concertos, qui retranscrit au clavecin les partitions de Vivaldi le rappelant au monde.

Cependant au 19ème siècle, lors de la redécouverte de la musique baroque, de Bach dont Chopin a reconnu le génie, le nom de Vivaldi intrigue les chercheurs et des études sont faites pour lui redonner le tonus qui lui a été enlevé. 

Au XXème siècle,  des musicologues découvrent les manuscrits de Turin et les étudient   sur une période qui court de 1920 à 1930, ce qui permit de sortir de l’ombre l’œuvre de Vivaldi.

En effet, en 1926, le recteur d'une congrégation proche de Turin fit faire des travaux dans ses bâtiments et pour les financer, il eut l'idée de mettre en vente de vieux manuscrits de la bibliothèque. Pour en fixer le prix, il les fait expertiser par un expert et un historien. Parmi les ouvrages, on découvrit des volumes des partitions musicales de Vivaldi.

Les experts convainquirent de riches agents de change de se les procurer et d'en faire don à la congrégation. L'historien fut persuadé que si des ouvrages existaient, d'autres ouvrages pouvaient se trouver ailleurs.

Il entreprit des recherches, parvint à identifier les possesseurs des autres partitions de Vivaldi et ainsi de suite, en remontant les traces des propriétaires et des collectionneurs, on finit par reconstituer l'ensemble de l'œuvre de Vivaldi.

En 1973, le catalogue de Vivaldi est publié.

C'est la " Vivaldi renaissance ".

L’engouement pour la musique baroque aidant, le travail est toujours mené avec passion  et détermination. On exhume toutes les compositions de Vivaldi, notamment ses opéras.

 

Cinéma et Télévision


  L’influence de sa musique sur les arts cinématographiques, au cinéma et à la télévision est considérable.

 Outre les divers documentaires et films qui retracent la vie et l’œuvre de Vivaldi, des cinéastes usent de sa musique pour soutenir l’ambiance de leurs productions.

 Citons :

- L’enfant sauvage de François Truffaut, en 1970, tourné dans l’Hérault. On entend le concerto pour mandoline.

- Le film Kramer contre Kramer , produit en 1979, de Robert Benton qui a introduit une version du Concerto en do majeur pour mandoline.


Ginette Flora

 Juillet 2024

  

   Notes :


Randolph a écrit deux articles sur Vivaldi sur sa page d'auteur :

- Vivaldi, il mago , le 13 juillet 2023

- Le sacré chez Vivaldi, le 21 août 2023

 

17 vues4 commentaires

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4 Comments


Qui ne connait pas les Quatre saisons de Vivaldi, ce violon qui nous entraines sur la vivasité de son archet. Merci de compléter ces superbes interpretations, Ginette. Un vrai bonheur à lire et écouter. Amitiés

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Toutes mes amitiés aussi, chère Nicole .

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❤️Magnifique voyage vivaldien ... merci pour cet envol ...loin !❤️

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Et on ne se lasse pas de l'écouter !

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