Barbizon, le village des peintres

A 50 kms  au Sud  de Paris, aux confins de la forêt de Fontainebleau, un village a inspiré les peintres du XIXème siècle.

 L’école de l’impressionnisme y a trouvé son lieu de villégiature en rencontrant l’école de Barbizon, la première saison  des peintres Corot, Millet, Rousseau qui se sont  donné le mot pour s’y  imprégner de la lénifiante  atmosphère qui se dégage de la nature environnante.  

Le village qui ne comptait que des bûcherons et des journaliers se transforme petit à petit. C’est durant une balade  dans les rues pavées  que l’on se sent porté par un ruché de murmures qui viennent des glycines se penchant jusqu’à nos cous  de randonneur attiré par les couleurs et les senteurs du végétal au musc boisé.

Les peintres de Barbizon

En 1824, le peintre John Constable  est de passage, il en est reparti convaincu que le village de Barbizon est la terre qu’il cherchait pour que la peinture et les arts s’y épanouissent. Il expose ses premières toiles à Paris déclenchant une curiosité contagieuse. Les peintres arrivent ainsi en nombre dans le petit village jusque là isolé et discret. 

 Des peintres avec leurs sacoches  et leurs accessoires ont pris le train puis ont marché et ils ont capté la courbe lascive et mauve des glycines sur leur nuque, frôlant de  son rameau frémissant leurs pensées saisies de surprise. 

L’émotion est restée, ce premier noyau de  peintres ne quittera plus le village. Corot, Millet, Rousseau, Troyon , Jaque, Daubigny…  

Le laboureur et les glaneuses de J.F.Millet

Barbizon a conservé tout son charme d’antan.

Plus d’un boulanger, d’un brocanteur, d'un hôtelier, d’un maraîcher racontera l’arrivée de ces hommes au chevalet, venus prendre un encas et partis se ressourcer dans les bois avoisinants.

  En hommage à ces premiers arrivants, ces peintres de la première école des artistes de Barbizon, la forêt de Fontainebleau ouvre ses allées  sur une sculpture représentant les deux grandes figures du noyau d’origine : Millet et Rousseau, enchâssés dans un médaillon à même la roche de la forêt.

On  entre dans le chaos rocheux où l’œuvre de la vie, des strates géologiques, de la  lente érosion de la nature  a laissé devant leurs yeux médusés, la masse écrasante des blocs de roches, des pierres aux formes animales, aux dessins fabuleux, éléphant, animaux mythologiques...  

 Et dans les buissons, en contournant  les fourrés, les taillis et en écartant les buissons un autre témoignage de leur présence a été rendu : leurs œuvres sont reproduites en mosaïque  comme l’Angélus de Millet où dans l’arrière-plan se distinguent les paysages de Barbizon.

C’est la naissance de l’école de Barbizon quand les plus célèbres peintres s’installent dans le petit village qui ne sera desservi par un train que bien plus tard. Théodore Rousseau et Jean-François Millet, les deux grands amis sont enterrés au cimetière de Barbizon. 

L'angelus de Millet

Barbizon de Theodore Rousseau

 Leurs tableaux étonnent  et font prendre conscience d’un sujet, la nature, qu’ils  se donnent pour projet de redécouvrir dans un lieu aussi  varié qu’est la forêt de Fontainebleau.

Camille Corot, François Daubigny, Charles Jaque débarquent à leur tour, logent dans  l’auberge  Ganne qui a accueilli, hébergé et nourri  tous les peintres de Barbizon de 1820 à 1870.

Les lieux emblématiques de Barbizon

 Le village devient un lieu de création, les milieux des Arts en reçoivent les vives recommandations et la curiosité aidant, une nouvelle génération de peintres de l’école impressionniste débarquent à Barbizon avec la vision que la deuxième couvée des artistes peintres comptent donner de la nature, mouvante, fluctuante, vivante dans les fléchissements  de ses couleurs : une vision brumisante qui à travers  les lacis de la couleur  cache une pensée abstraite.  Et c’est Monet  et c’est Renoir  puis Sisley.

 Barbizon entre dans la légende de l’histoire de l’Art.

 En 1890, Barbizon s’enrichit de la présence des écrivains, des chanteurs, des comédiens et des philosophes. Le village propose de visiter les musées,  l’église et  son cimetière, les maisons de Millet et de Rousseau et  de suivre le circuit des peintres dans la forêt et de s'engager sur le sentier Robert Louis Stevenson.

 Barbizon entre dans la légende de l’histoire de l’Art.

Un musée sur les peintres de Barbizon est installé dans l’auberge Ganne et un autre dans l’atelier de Théodore Rousseau où cet artiste a vécu.

 Le musée et maison de  Jean–François Millet, chef de file de l’école de Barbizon expose les œuvres du peintre dont les plus connues : l’Angelus , les glaneuses, le laboureur avec des œuvres originales, des dessins et le mobilier d’époque, tout y est conservé.

 La maison de Théodore Rousseau est classée comme  monument historique avec tout son contenu, œuvres et mobilier.

Le circuit des peintres est un parcours balisé de six kilomètres dans la forêt de Fontainebleau.  C’est un parcours au milieu du chaos  d’Apremont  où les rochers et les pierres ont des figures animalières et humaines et font penser à des êtres fabuleux sortis tout droit des légendes locales. Des pierres de grès aux formes torturées, comme sculptées et travaillées par les mains du temps. Ces roches prennent des couleurs ocre, blanches, jaunes, rosées, irrésistibles pour des peintres qui se sont employés à les peindre sur leurs toiles.

 Un rocher est célèbre, celui de l’éléphant.

 Corot a peint les rochers Le rocher Eléphant de la forêt

Le chaos rocheux d'Apremont

Le Sentier Robert Louis Stevenson

Robert- Louis Stevenson est un écrivain écossais, né en 1850 et mort en 1894. Il était d'une santé fragile et souffrait d'une maladie pulmonaire. Ses périodes de repos qu'il met à profit pour lire et trouver sa voie l'orientent vers l'écriture. Il est l'auteur de" Dr Jekyll et Mr Hyde" et de "L'île au trésor ".

En 1875, lors d'un séjour à Paris, il découvre la forêt de Fontainebleau. Il s'installe à Barbizon et trouve un sentier sylvestre qui relie Barbizon à Grez, la commune voisine où logent plusieurs artistes dans l'hôtel Chevillon. Il rencontre les artistes de la forêt de Fontainebleau.

Cette découverte devient le sujet de son livre " La forêt au trésor."

Il fait de nombreux voyages et les consigne par des nouvelles et des récits très documentés. Il est considéré comme l'inventeur de la randonnée.

En 2010, en hommage à son parcours en forêt de Fontainebleau, il est inauguré " Le sentier de Stevenson ."

 Nous étions tous des artistes, nous avions presque tous l’âge des illusions… je me plais à imaginer que lorsque les jeunes d’aujourd’hui s’enfonceront dans la forêt, le souvenir de notre rire hantera longtemps ces bois »

Robert Louis STEVENSON, extrait de « La forêt au trésor Fontainebleau »

Ginette Flora

Septembre 2024