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Chant nocturne

Dernière mise à jour : 13 mai 2023


Il y avait la vigueur ce jour-là

Quand ton sang trouva la terre où germer

Il y avait le désir ce jour-là

Quand mon ardeur toucha le sol où bâtir


Et l’arbre dans le champ n’a pas bougé

Il reste la chair vidée de son feu

Comme une vigne aride privée de sarments

Nul atome avide ne viendra se loger

Un corps sans nid n’est plus qu’un corps sans fruit


Et l’arbre dans le champ n’a pas bougé


J’ai la force d’un fauve, me diras-tu

Viens voir la plaine grège, cette étendue

Que nous avions rendue auguste et sereine

Où l’ombre de mon corps toujours te vénère


Je sais la souffrance qui ride ta peau

Je sais la peur qui afflige tes yeux

Si tu crains la blancheur de tes cheveux

Ne laisse pas la lune me l’enlever


Ne suis-je pas revenu sur nos cratères

Guettant le bruit fragile de tes pas

Ne crois pas que je prenais ailleurs

Qu’auprès de ton cœur qui se souvient


Il y avait le saule il y avait le vent

Dans le silence grisant des glycines

Rien d’autre que notre seule place

Dans le champ des fleurs et des semences


On a mis la graine, on a suivi sa trace

On a fait le travail sans cesser de croire

On s’est enlacé d’une étreinte folle

C’était l’âge d’or c’était notre récolte

Tout passera tout se videra

La nuit le jour la vie l’agonie

Tout ce qui arrive tout ce qui s’enfuit

Nous serons comme hier comme aujourd’hui


Comme dans le champ

L’arbre qui n’a pas bougé.


6 avril 2021




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1 Comment


berliner.randolph
berliner.randolph
Apr 06, 2021

Un regard sur hier, et même sur avant-hier, dénué de mélancolie.

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