C’est un compositeur italien de la période baroque, virtuose du clavecin, né en 1685 à Naples et décédé en 1757 à Madrid en Espagne, auteur de 555 sonates.
On raconte de nos jours qu’une 556ème sonate a été retrouvée dans l’étui d’un violoncelle qu’un ébéniste était chargé de nettoyer.
Découverte qui a fait rebondir toutes les imaginations et prêté flanc à l’écriture de polars et autres récits.
Ayant grandi et rencontré les deux géants Bach et Haendel, Scarlatti menait une vie particulièrement discrète. De lui, les biographes ne trouvent que peu de choses comme ses dettes de jeu et son désir de ne pas contrarier son père à qui il voue une piété filiale totale. Il ne songera à fonder sa propre famille qu’après le décès de son père.
On sait de lui qu’une seule chose, extraordinaire, il est l’homme de 555 sonates, toutes plus variées et brillantes, inventives, allant de la joie à la peine, cultivant tous les aspects des sentiments et des émotions, chaque sonate se pliant à ses ressentis personnels, bravant les compositions classiques pour aller sur d’autres chemins, allant jusqu’à emprunter quelques rythmes du folklore espagnol et cherchant à opérer un séduisant alliage des cadences empruntées et classiques pour faire de ses sonates un univers d’un charme et d’une séduction incomparables.
Sonate pour clavecin K 1 L 366
Sa vie
1/ A 16 ans, il est déjà organiste à la chapelle royale de Naples puis il est nommé maître de chapelle de la basilique St Pierre à Rome pendant cinq années.
Ses premières œuvres sont religieuses, un Stabat mater, deux Miserere, un Magnificat et surtout la création d’opéras.
Il rencontre Bach et Haendel, tous deux nés la même année que lui, en 1685. Avec eux, il se lance dans des joutes musicales. Il affronte les deux plus grands de cette époque baroque avec confiance et assurance. C’est ainsi que sa prestation est grandement remarquée et on le place même au-dessus de Haendel.
Mais une grande amitié lie les musiciens. Le jury décrète que si l’un est virtuose au clavecin, l’autre l’est tout autant à l’orgue.
2/ Ensuite il émigre au Portugal et devient le musicien attitré de la princesse Marie-Barbara de Bragance à qui il enseigne la musique. La princesse lui aurait demandé de lui composer quelques sonates. Scarlatti accède aux désirs de la princesse, celle qui fut sa bienfaitrice tout au long de sa vie et qu’il suivra dans son nouveau royaume lorsqu’ayant épousé l’héritier de la couronne d’Espagne, elle devient reine d’Espagne.
Il ne cessera de rester son fidèle musicien.
Sonate en si bémol majeur K 545
Les sonates de Scarlatti
La musique de Scarlatti brille par sa liberté dans l'expression musicale. Scarlatti suit un mouvement rythmique propre à ses intuitions d’où l’existence de certaines trouvailles qu’une pratique régulière lui permet de noter au fur et à mesure qu’il compose.
D’emblée les générations suivantes qui l’admirent empruntent son style et sont influencées par lui comme Antonio Solar et Carlo de Seixas.
Les sonates de Scarlatti ont déferlé dans toute l’Europe depuis l’époque baroque jusqu’à nos jours même si Bach et Couperin ont gardé la dragée haute.
Sonate pour clavecin en fa majeur K 366 L 119
Les critiques s’accordent à dire que le style de Scarlatti est différent des autres compositeurs baroques à tel point qu’elles sont retranscrites pour une interprétation au piano, au violon …
Horowitz, Zacharias puis le violoniste Tedi Papavrami jouent les sonates de Scarlatti avec leurs instruments.
L’ensemble Pizzicar Galante interprète la sonate retranscrite pour une mandoline.
Paolo Zanzu joue au clavecin la sonate F527 K11 à la Villa Médicis en 2022
Martha Ergerich joue la sonate K 141
Le poète Gabriele D’Annunzio, en parlant des sonates de Scarlatti, dit :
« Ce sont des perles qui brillent. Ce sont les gouttes d’eau de la beauté ruisselante. »
Les paris fous lancés sur l’œuvre de Scarlatti
En juillet 2018, le festival Radio France Occitanie Montpellier et France Musique lancent un pari, celui d’engager des musiciens pour interpréter et enregistrer les 555 sonates de Scarlatti dans un temps déterminé, soit quelques sonates par jour.
Seul Scott Ross, un claveciniste rebelle et légendaire, né en 1951 et décédé en 1989, a enregistré l’intégrale des sonates de Scarlatti en 1985. Cela lui a pris une année. Il est mort à 38 ans. L'écrivain Michel-F-Proulx parle de lui comme d' " Un destin inachevé".
Ainsi France Musique relève le défi en 2018 et 30 clavecinistes sont engagés pour remporter le pari. Les 555 sonates sont données en concert dans 13 lieux différents situés en région Occitanie. Chaque musicien a donné sa version et son interprétation des sonates.
Un artiste Claude Viallat a réalisé l’affiche Scarlatti 555
En 2023, le marathon Scarlatti, projet musical à Neuchâtel en Juin au Musée d’Art et d’histoire a réuni un nombre impressionnant d’auditeurs et réveillé un intérêt grandissant sur l’œuvre de Scarlatti.
Ce compositeur injustement minoré, resté toujours un pas derrière Bach, Haendel et Couperin, se retrouve ainsi devant les feux de la rampe.
La 556ème sonate jouée le 1er avril 1985, est composée par Scott Ross qui l'interprète et personne ne se doute de la supercherie tant le musicien est entré dans la peau de son modèle !
Chronique de Ginette Flora
Novembre 2024
Je n'étais pas au marathon Scarlatti de Neuchâtel mais tu m'en fais le cadeau... Merci Ginette !
Passionnant, Ginette .. j'ai adoré ...merci ❤️
Très édifiant panorama, pour l'amatrice de piano et autres claviers que je resterai je crois à jamais... Merci Ginette