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" Elégie " de Jules Massenet


Jules Massenet est né en 1842 près de St Etienne et il est mort en 1912 à Paris.

C'est un compositeur français connu pour la grande étendue de son répertoire. Il a écrit pas moins d'une trentaine d'opéras. Il est connu aussi pour des drames, des ballets.

Musique vocale, de chambre, de scène, religieuse, pour piano, pour orgue, il a composé des symphonies et 280 mélodies dont la plus célèbre est " Elégie" op 10 n°5 que la Belle Epoque fredonnait déjà.





En 1873, Massenet réutilise ce morceau mélodique dans un solo de violoncelle avec orchestre pour son opéra les Erinnyes crée à l'Odéon le 6 Janvier et reprise jusqu'en 1910 où il entre dans le répertoire de la comédie Française. Les Erinnyes sont les déesses grecques de la vengeance qui poursuivent Oreste pour venger le meurtre de sa mère.

Louis Gallet, le librettiste de plusieurs opéras de Massenet ( le Cid, Thaïs, Le roi de Lahore, Marie-Magdeleine ) met en 1875 des paroles sur la mélodie qui devient une élégie chantée avec piano et violoncelle.

Le thème est simple et dépouillé : c'est l'expression d'un état d'âme. C'est une plainte portée par un accord lent et triste qui parfois rompt le tempo pour en introduire une distanciation suivi d'un silence.

La mélodie gagne en intériorité lyrique. La pièce commence par un thème présenté par le violoncelle. Le ton est triste.

La mélodie se poursuit sur le thème du bonheur perdu. le violoncelle souligne toujours l'émotion, le phrasé douloureux, mélancolique et nostalgique.

Le piano offre une toile de fond.


C'est une des plus belles mélodies du répertoire français. Elle fut l'objet de nombreux arrangements avec une introduction de violoncelle.

Une élégie est une forme de musique créée pour exprimer le deuil et le chagrin. Elle se prête admirablement à l 'expression de la mélancolie, de la tristesse, l'affliction que cause la perte d'un être cher, le souvenir d'un âge tombé en désuétude.


Les mélodies de Jules Massenet


Les mélodies de Massenet forment des cycles de courts morceaux musicaux destinés à traduire des sentiments. C'est comme si la musique exhale nos douleurs, que l'invisible blessure devient une force que des accords violoneux récupèrent.

C'est un domaine que Massenet aborde avec une réelle maîtrise et un sens profond de ce qu'est la mélancolie. C'est dans la composition des mélodies qu'il laisse libre cours à son registre lyrique aussi loin qu'il lui arrive de s'engager dans l'émotion.

La mélodie de Massenet est comme un "lied" allemand. Massenet donne à la musique française ce que Schubert et Schumann donnent à la musique allemande.

Il est dit que sa mélodie est "un opéra miniaturisé " comme si Massenet faisait ses griffes avant de se lancer dans ses grandes oeuvres.

Et c'est un cas unique dans la musique française. Au regard de l'histoire, les mélodies de Massenet ont été éclipsées par ses opéras. Or il avait un don pour composer des mélodies ce qui explique la grande variété de ce genre qu'il a cultivé jusqu'à la fin de sa vie sans pour autant en parler ouvertement. Tout récemment, les enregistrements des mélodies font apparaître qu'il y a plus de 300 mélodies et que des recherches ont permis à un groupe de musiciens de rassembler les mélodies dans une intégrale, en insistant sur le fait que beaucoup sont méconnues et que beaucoup sont cachées quelque part chez des collectionneurs.


Son ultime recueil de mélodies " Expressions lyriques " (1912) est un opus qui rend hommage à des poétesses comme Seymourina Poirson, Cécile de Louvencourt, Madeleine Grain, Jeanne Dortzal.

En avant-gardiste et précurseur, il célèbre les femmes poétesses et met en musique leurs poésies comme il le fait pour les poésies des poètes de la littérature française, ceux connus et ceux moins connus et surtout ceux qui arpentent la poésie en amateur.

Les poésies de Verlaine, de Victor Hugo, d'Armand Silvestre, de Jules Ruelle sont ainsi portés par un style musical qui se situe entre le romantisme et l'impressionnisme, à la manière de Debussy.

Massenet s'attache au phrasé, aux inflexions de la langue. Il donne aux mots un rendu que les notes musicales précisent avec acuité.

De sa musique, il est dit qu'elle est l'âme de la culture d'un salon littéraire.


"Enchantement" , le poème de Jules Ruelle, mis en musique par Massenet



"Pensée d'automne ", un poème d'Armand Silvestre, mis en musique par Massenet




En octobre 2022 paraît le coffret Jules Massenet " L'Intégrale des mélodies pour voix et piano " .


Sur des évocations fugaces d'un moment de vie, d'une impression, d'une émotion impromptue soulevée au passage d'une pensée, Massenet nous livre une somme étonnante de pièces musicales, le lever du jour en musique, un poème pastoral, des sujets bucoliques, des complaintes qui prennent soin de la langue, de la tournure des mots et du phrasé. La diction prend le pas sur le jeu mélodique, la mélodie est élégante, elle semble couler comme une source vive.

C'est à ce tournant mélodique que nous pouvons approcher l'autre facette de ce compositeur connu pour son Werther, pour Thaïs, pour Manon, pour Ariane, le Cid, le roi de Lahore mais qui connaît le cycle des poèmes des fleurs, du souvenir et des saisons ?

A part les mélomanes bien entendu !



Le poème des fleurs avec l'hymne des fleurs et la danse des rameaux.


En 1882




Les salons littéraires


Massenet fréquente les salons littéraires de son époque et croise ainsi de nombreux artistes, poètes, compositeurs, peintres, sculpteurs...Une sorte d'osmose se produit entre les diverses branches de l'état émotif. Une esthétique en jaillit. Chaque artiste pose son art et fait entrer son univers dans l'environnement existant. La mélodie qui ne requiert que d'un accompagnement pianistique et du vibrato d'un violoncelle s'adapte au courant d'un salon littéraire.

C'est au cours de ces réunions que la mélodie trouve son plus bel épanouissement.

C'est Charles Gounod qui ouvrit la voie de la mélodie de salon en France. Massenet en élargit le propos et importe en France le cycle à la "Schumann " c'est à dire l'exécution d'un ensemble mélodique régie par un thème commun, une idée, une émotion, une pensée parfois récitée, parfois chantée. Massenet installe une atmosphère qui procure frisson, élan, effusion vers ce je ne sais quoi qui est l'émotion qui s'impose et qui déchire le carcan d'une classique émotion retenue.

Ginette Flora

Février 2024


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4 Comments


Merci Ginette, j'aime beaucoup. Ma Shith-Tzu s'appelle Thaïs. 😍

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Quelle coïncidence !

Que de richesses à découvrir en musique classique !

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je déouvre tout ... meci de tes partages, si riches chaque fois ...😊❤️

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Massenet , ce n'est pas seulement l'opéra . Il composait aussi des élégies pour parler de chaque émotion éprouvée et cela me fait penser à Chopin et ses préludes qui sont aussi de brefs moments ressentis .

Le champ des arts est si vaste qu'on pourrait s'y promener toujours et s'abreuver à ses fontaines !

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