Entre ciel et terre

Je  l’ai vu se blottir entre  ciel et  terre

 J’ai écarté les fougères c’était là-bas

 Mais où ? J’ai  couru retenir les vieilles charnières

 D’une clôture de pré qui oscillait  

 Ce n’était qu’un brin de paille agité par le vent  

 Qui est venu se blesser sur mon front

 Je l’ai vu s’extirper de ma peine collante

Puis repartir en prenant la boucle de mes pensées  

Il me suivait happé par ma  quête

Quand le ciel s’est mis à descendre sur le champ de blé

 Les épis se penchaient pour l’adorer

 Comme un dieu qu’on aurait oublié

 Mais il n’était rien de tout cela

 J’étais sûre qu’il venait  du fond des bois

 Son regard posé sur moi me l’indiquait

 Entre ciel et terre

 Il s’était faufilé pour se faire connaître

 C’est ainsi que mon voyage a commencé

 Sans un seul bagage rien qu’une certitude   

 Les bras écartés le cœur écorché

 Saignant d’une lave  que j’ignore

Quels cépages donnent  le goût des herbes folles

Elles sourdent de terre et craignent  les misères

Elles les  renvoient paître dans les ravins

 Ceux  qui les arrachent d’une main odieuse

 Pendant qu’un ménestrel défiguré

S’occupe à me dire qu’il m’avait vue

 Entrer dans un lieu qui échappe à toute raison

 Où palpite un horizon

 Entre ciel et terre

© images Lexica.art

 Décembre 2024

 Ginette Flora