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Golda Bancic, dite "Pierrette" (1912-1944)

Dernière mise à jour : 15 févr.

Seule femme du procès de "L'affiche rouge"

    Golda Bancic, dite "Pierrette"

                                                                     (1912-1944)


Le 21 février 2024, Missak Manouchian accompagné de son épouse Mélinée, également résistante, seront panthéonisés, soit 80 ans après l'exécution du "groupe Manouchian".

Le 21 février 1944, 22 membres de ce groupe furent fusillés à la forteresse du Mont-Valérien.

La seule femme du groupe, Golda Bancic aura un autre destin.



Golda Bancic est une jeune juive née 1912, à Kichinev, en Bessarabie, région de l’empire russe, devenue roumaine à la suite de la guerre de 1914-1918. Sa famille nombreuse était pauvre et son père, petit fonctionnaire, fut victime de persécutions antisémites. Dès l'âge de douze ans, jeune ouvrière matelassière, elle participe à une grève au cours de laquelle elle est arrêtée, maltraitée, puis relâchée. Peu de temps après, elle est à nouveau arrêtée et détenue trois mois. À seize ans, elle épouse l'écrivain Jacob Salomon, connu sous le nom d'Alexandru Jar (1911-1988). De 1933 à 1938, elle est membre actif du syndicat ouvrier local et continue la lutte syndicale malgré les dangers encourus. Traquée, elle se réfugie en France au cours de l'année 1938 et poursuit des études à la faculté de lettres où elle retrouve son mari. Le couple aura une petite fille Dolores, née en 1939.


Ce couple de résistants est engagé dans les FTP-MOI, mouvement de résistance armée du Parti communiste, crée en avril 1942. Olga dite "Pierrette", intègre le groupe de combat commandé par  Missak Manouchian (1906-1944) dans lequel elle fait du transport d’armes et d’explosifs. Elle est prise dans la série d’arrestations de novembre 1943, torturée, jugée et condamnée à mort par le tribunal militaire allemand siégeant à l’hôtel Continental à Paris, le 17 février 1944.


Seule femme du groupe des 23 condamnés à mort, Golda Bancic ne sera pas fusillée, comme ses compagnons au Mont Valérien. De même elle ne fait pas partie des 10 résistants représentés sur "L’affiche rouge", support de propagande nazie éditée à 15.000 et placardée dans tout Paris par les autorités militaires allemandes, assimilant les résistants étrangers, majoritairement d’origine juive et polonaise, en tant que communistes ou « rouges », à une « armée du crime ».


 

 

                          Affiche réalisée par la propagande allemande - Février 1944                                                          

 

 Pour autant cette femme combattante, d’un courage héroïque, n’est pas épargnée : elle est transférée à la prison de Stuttgart, condamnée à mort et guillotinée le 10 mai 1944. 

Olga Bancic fait parvenir une dernière lettre datée du 9 mai 1944 adressée à sa fille, pendant son transfert à la prison de Stuttgart pour y être exécutée. Une note jointe adressée à la Croix Rouge française précisait : « Chère Madame. Je vous prie de bien vouloir remettre cette lettre à ma petite fille Dolores Jacob après la guerre. C’est le dernier désir d’une mère qui va vivre encore 12 heures. Merci. »

 

 


«Ma chère petite fille, mon cher petit amour.

Ta mère écrit la dernière lettre, ma chère petite fille, demain à 6 heures, le 10 mai, je ne serai plus. Mon amour, ne pleure pas, ta mère ne pleure pas non plus. Je meurs avec la conscience tranquille et avec toute la conviction que demain tu auras une vie et un avenir plus heureux que ta mère. Tu n’auras plus à souffrir. Sois fière de ta mère, mon petit amour. J’ai toujours ton image devant moi.

Je vais croire que tu verras ton père, j’ai l’espérance que lui aura un autre sort. Dis-lui que j’ai toujours pensé à lui comme à toi. Je vous aime de tout mon cœur.

Tous les deux vous m’êtes chers. Ma chère enfant, ton père est, pour toi, une mère aussi. Il t’aime beaucoup."


                                                    ***Hommages et mémoire***


En Roumanie, Olga Bancic est un symbole des femmes engagées dans la Résistance à l'époque communiste. Son exemple est enseigné dans toutes les écoles primaires pour magnifier le sacrifice des préférences personnelles à la cause commune.  Des rues des grandes villes portent toujours son nom. Elle est l'une des très rares personnalités communistes dont les rappels mémoriels n'ont pas été débaptisés après la chute de la dictature en 1989.

En 1995, la ville de Paris lui rend hommage, à la demande de l’Union des résistants et déportés juifs de France, en apposant une plaque à sa mémoire sur un des murs du carré des fusillés du cimetière parisien d'Ivry.

 

Le 26 octobre 1999, sa mémoire est à nouveau honorée par le Conseil supérieur de la Mémoire  auprès du président de la République, avec celle de quatre autres résistants emblématiques ; Jean Moulin, Félix Éboué, Pierre Brossolette et Jacques Trolley de Prévaux

 

Le 4 juillet 2013, sur délibération de la mairie de Paris, une plaque commémorative est apposée au 11, rue du Château, le 14e arrondissement.

Dans le 11e arrondissement de Paris, un square porte son nom.

Olga Bancic est également honorée sur le monument Missak Manouchian du square Agricol Perdiguier d'Avignon.


Depuis le 21 février 2023, une allée porte son nom à Alfortville


Colette Kahn - 6 février 2024

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8 Comments


Une vie jeune enlevée au nom d'un idéologie féroce ! J'espère que sa fille aura bien reçu sa lettre si touchante et aimainte

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Une femme héroïque, merci de partager avec nous, cette page d'histoire tragique et émouvante.

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Meri pour ton passage sur ces lignes, Nicole.

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Magnifique portrait, émouvant, fort , déchirant ... histoire si tragique ! Merci mon Alice de ce rendez-vous superbe et du partage fait par Ginette ... on ne pouvait pas manquer cette page ! V❤️rai !

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Merci ma Broceliande ! Oui, la vie tragique de cette résistante m'a bouleversée. ❤

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Une femme de convictions qui aura lutté jusqu'à sa mort afin que ceux qui lui survivent aient un meilleur destin. Un bel exemple de courage et de sacrifice... Merci pour ce texte Colette, pour sa publication Ginette !

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Ton passage sur ces lignes me fait très plaisir, Fred.

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