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"La fleur de Buriti", un film de Joao Salaviza

En salle depuis le 1er Mai 2024, le film est d’un genre particulier. Il est à la fois une fiction qui s’appuie sur une approche documentaire pour traiter d’un sujet d’actualité concernant les terres des tribus amazoniennes au Brésil.

 A la fois poétique par son visuel esthétique  et philosophique par la  qualité de son propos humaniste, le film est aussi un film engagé qui cherche à faire prendre conscience d’un génocide  tribal perpétré depuis plusieurs générations à des  époques différentes. 

 De décade en décade, les tribus amazoniennes, persécutés,  survivent par l’observance des rites ancestraux,  par leur foi aux  vertus bienfaisantes de la nature et par leur combat pour préserver leur liberté.






 La fleur de Buriti  raconte l’histoire, le quotidien d’une de ses tribus, la tribu de Krahô et son peuple dont le chef est Patpro  qui  s’adapte aux nouvelles formes de pensée des persécuteurs en réinventant de nouvelles formes de résistance pour la survie des tribus amazoniennes du Brésil.  

"-Ma fille, Jotat ? Qu'est ce qui t'arrive ?
-Un grand danger.
-Ils continuent de voler nos terres.
-Il faut renforcer la surveillance.
-Ils ont pris les bébés perroquets."

Le point de vue du film


C’est Jotat, la fille de Patpro  qui raconte l’histoire avec l’argument de son innocence, la pureté de son regard, la pertinence spontanée de son propos.

 C’est un regard premier, celui de l’enfance et tout le film est porté par la foi d’un peuple  confiant, résolu et déterminé à retrouver cette innocence  et cette pureté.  

 

 Les terres sont convoitées par les entrepreneurs de l’agro-alimentaire qui conscients des richesses  de la nature veulent les mobiliser  dans des structures mécaniques en repoussant les peuples qui y sont implantés. Ils n’hésitent pas à recourir au génocide, au massacre des femmes, des enfants, des vieillards, l'horreur qui provoque des soulèvements. Des guérillas meurtrières s’installent, des expéditions punitives affaiblissent les tribus et les conduisent à une perte définitive.

 Pour éviter de subir un anéantissement irréversible, les chefs de tribus  s’attaquent à l’envahisseur.

 C’est la trame politique et le combat des tribus pour revendiquer un tracé géographique qui délimiterait leurs terres et conserver une identité inviolable.


 A partir de ces faits  réalistes, il y a la vie d’une tribu, son mode de vie, les épisodes quotidiens  des familles vivant du rythme de la  naissance et de la mort, guidées par le héros, le chef qui leur insuffle l’espoir, la symbolique de la fleur sauvage de Buriti.

 

 On entend les jurons de ceux qui assistent  impuissants devant le massacre des familles entières d’innocents.

 

 On suit les vaines actions des associations, des services sanitaires  et des pouvoirs publics pour condamner les génocides.

 

 On  comprend les discours d’un peuple au demeurant pacifique, se contraindre à prendre les armes.

 

 On  les voit, les hommes et les femmes, grimés de leurs signes d'identité, brandir leurs requêtes dans les manifestations quand ils viennent jusqu’en ville pour se présenter et jusqu’au festival de Cannes pour défiler en habits de plumes pour dire qu’ils existent. Des journalistes écrivent, animent des débats, jettent un cri d’alarme.

 

 On  découvre un fait de société.

 

 On écoute une musique lancinante, celle qu’entonne le patriarche pour révéler que les tribus vivent en harmonie avec les richesses de la nature et qu’ils n’ont jamais cherché ni même pensé à  en faire des champs de bataille  pour les vendre au plus offrant. Il raconte comment ils se sentent trahis et comment ils se sentent redevables à ces terres qu'ils ont reçues avec mission de les  préserver.

 

 On  s’en va  sur une note d’espérance.  Que seront les tribus de demain ? Que deviendra la tribu Krahô à laquelle on s’est attaché par la voix d’une fillette ?  

 

 Une pierre est érigée : le ministère des peuples autochtones  est créé, nommé et désigné pour prendre en main le sujet, le porter à la connaissance de tout un chacun  et c’est sur cette note d’espoir que le film s’achève.  



Ginette Flora

Mai 2024

13 vues5 commentaires

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5 Comments


J'ai prévu d'aller voir ce film demain et je garde ta chronique, chère Ginette, pour la relire ensuite.

Bon dimanche !

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Oui : un film qui nous emporte !

Bon week-end chère Ginette 🌞

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Merci pour cette découverte, Ginette...ça murmure de bien jolies émotions de cinéma ..." C’est un regard premier, celui de l’enfance et tout le film est porté par la foi d’un peuple  confiant, résolu et déterminé à retrouver cette innocence  et cette pureté."❤️


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Des séquences qui nous laissent béats ... devant le luxe de végétaux, d'arbres, de flore qui entoure chaque personnage !

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