La Malène éprise de la roche
- Ginette Flora Amouma
- 4 avr.
- 3 min de lecture

© Philippe Fages / Aquarelle la Malène
La Malène est une petite commune française du Sud-Ouest de la Lozère en région Occitanie, engoncée dans un canyon aux parois abruptes, les gorges du Tarn.
C’est dans cette fissure entre des falaises, c’est dans cette vallée profonde et étroite que se niche un petit hameau entre Causses du Sauveterre et Causse Méjean. Au fond coule le Tarn et plusieurs autres cours d’eau.
Malène compte 131 habitants au recensement de 2022. C’est dire que ne restent que ceux qui ont suivi depuis des générations le trajet d’une rivière qui laisse les cailloux de son lit et sur ses berges des callunes.
La Malène fait partie d’un environnement naturel protégé dans le parc des Cévennes, quasiment entre pierres et eaux. Le parc est formé de moyennes montagnes, l’Aigoual, le Causse Méjean, le Causse du Sauveterre, les gorges du Tarn et de la Jonte, le mont Lozère, les vallées cévenoles et le piémont cévenol.
Du fait de sa position géographique entre monts et falaises, traversé par des canyons sur plus de 50 kms, le paysage est d’une rusticité et d’un examen implacable. Le regard est vite dominé par une scrutation, une présence puissante, granitique et dont la couleur anthracite diffuse une blessure, celle de la roche hérissée et coupante où la main éprouve l’âpreté des aspérités de l’élément érodé par des milliers d’années.
Le Tarn prend sa source sur le mont Lozère et en sortant de ce massif granitique, la rivière entre dans les plateaux des grands Causses. elle traverse cette zone calcaire en creusant un canyon profond et sur plus de 50 kms, elle ravine, elle s’enfonce, elle s’échine à s’infiltrer plus profondément dans la terre. Les grands Causses sont ainsi traversés par trois canyons où coulent les rivières du Tarn, de la Jonte et de la Dourbie.
Les falaises environnantes qui ont subi une profonde cassure se dressent comme des amphithéâtres rocheux, des falaises verticales surplombant la Malène.
Les hameaux troglodytes

© Benoît Colomb/villages troglodytes
L’humain s’adapte à la nature et il reste encore, bâtis de la main des hommes, deux hameaux creusés dans la roche, constructions uniques, camouflées à moitié cavités, à moitié émergences où ont été construits portes et murs, au pied des falaises. Ce sont les hameaux de St Marcellin et celui des Eglazines, longtemps habités depuis la nuit des temps. La dernière habitante âgée de 80 ans s’en est allée finir sa vie au village en 1960. On voit encore les sillons des cultures suspendues sur les pentes autour des falaises, la vie s’est organisée avec les moyens du bord avec pour seule force, cette volonté de vivre, calquée sur la racine de la nature toujours renaissante.
Et toujours une place laissée pour une chapelle romane construite comme pour ne pas oublier le spirituel, pour conserver un lien avec les rares habitants et faire en sorte que des solitudes se rejoignent dans l’austère cloître des paysages.

Alain Marc / église troglodyte
Né à Albi, en 1947, le peintre Alain Marc a passé son enfance dans un atelier d’artiste, celui de son père, JEAN MARC, peintre, sculpteur, forgeron d’art et conteur à Cordes-sur-Ciel.
« Quant à l'aquarelle, ce n'est pour moi que le relevé d'une "empreinte visuelle", mémoire de l'instant, outil apte à capter le réel seulement perçu dans sa spontanéité. Elle est le témoignage direct et immédiat d'un vécu qui pourra plus tard prendre dans la peinture une toute autre dimension. »

Gorges du Tarn / aquarelle Alain Marc 2005
La rivière en cheminant dans les failles, laissent de quoi purifier les berges. Des orchis viennent, l’ophrys voit le jour, les ancolies dramatisent, la grassette a trouvé sa terre, le genévrier boit le sol et l’aster des Causses se réjouit. L’ibéris des rochers n’abandonne jamais.
Dans la roche tu verras mon visage
J’ai creusé profond loin du bruit du vent
Exsudant des fureurs et des rancœurs
J’ai ouvert des brèches dans les creux de la pierre
Porté chaque caillou pour en faire ma terre
Quand l’eau rugissait quand les cieux priaient
Je songeais à la vie quelle vie qui se sauve
J’ai voulu voir mes années comme des falaises
Accrocher l’écho de ma voix vidée de cris
De quels refrains je ferai chanter le ravin
Où la rivière passe et court sans m’instruire
A l’heurtoir de la cabane que j’ai peinte
J’écrirai le récit que je n’ai pas vécu
Il n’y a que la fissure écartant les gradins
Infranchissable je n’aurai nul passage
Plus encore que les concerts ne l’avaient fait
Depuis des milliers d’années je ne voyais pas
Où je pouvais me situer ni pour qui ni pour quoi
Ginette Flora
Avril 2025
Il n’y a que la fissure écartant les gradins
Infranchissable je n’aurai nul passage
Plus encore que les concerts ne l’avaient fait
Depuis des milliers d’années je ne voyais pas
Où je pouvais me situer ni pour qui ni pour quoi"
Magnifique découverte Ginette ... merci ... c'est beau !❤️
Avril étant là, nombre d'escapades et de découvertes vont être à nouveau possibles. Ton post me donne à la fois l'envie et les idées💡 ! Beau dimanche à toi, Chère Ginette ! ^^
Je découvre des chemins avec toi, chère Ginette, dont d'autres que j'ai parcourus. Je me souvient des habitations troglodytes et du gouffre de Padirac. Quant je visitais les régions de France en profondeur...