La mi-automne, lune, lanterne, légende

C’est une fête célébrée dans les pays de l’Asie du Sud-Est ( Viêt-Nam, Chine Japon, Corée … )

Elle  est fêtée pour ses trois évocations : celle de la lune et de son symbole féminin, celle de la légende de Shang’e et celle de la lanterne.

La date de sa célébration varie selon les années car la fête est célébrée le soir du 15ème jour du 8ème mois lunaire soit à la fin du mois de septembre soit au début du mois d’Octobre.

 Elle coïncide avec l’entrée de la saison de l’automne et de  la  récolte du riz. Plus la lune est belle, plus la récolte est bonne. La tache noire que l’on voit sur la face de la lune, c’est l’ombre de l’arbre guérisseur, l’osmanthus aux fleurs jaune orange, qui amène les âmes vers la lune.

C’est une fête automnale,  elle est choisie la nuit de la pleine lune dans le calendrier lunaire et c’est une tradition qui date de plus de 3000 ans. Le culte de la lune est instauré sous le règne des dynasties Shang.

 La mi-automne et le jour de l’an ( Le Têt ) sont les grandes fêtes de la vie des pays asiatiques.

Les trois évocations, lune, légende et récoltes sont intimement liées.

A l’origine,  les dynasties en place célébraient les récoltes  par un important cérémonial. La légende dit qu’un empereur d’un temps ancien aurait visité en rêve le palais de jade  de la déesse Chang’e et depuis il cherche à en retrouver le trajet  en honorant la déesse de mille façons : processions à la lanterne dans les rues à la recherche de  ce sentier céleste qui mène jusqu’à ce palais, préparation de gâteaux de lune pour les offrir à la déesse  et chants à la lune, rassemblements nocturnes durant lesquels les artistes de tous bords composent poésies et musiques.   

La légende de Chang’e

 C’est un conte populaire qui est narré en plusieurs versions selon l’habileté du narrateur à retenir l’attention de son auditoire.

« Un chasseur Hou Yi voit apparaitre ensemble dix soleils qui brûlent les récoltes et les champs.  L’empereur demande à Hou Yi d’en abattre neuf. Il le fait et en échange il demande  le philtre de l’immortalité. L’empereur lui dit d’aller voir la déesse du jardin de longue vie qui donne à Hou Yi un élixir à partager avec sa femme, l’âge venu. Mais Chang’e, la femme de Hou Yi, agacée par tous les mystères autour de l’élixir, débusque le philtre et  piquée par la curiosité boit l’élixir et s’échappe pour toujours de la vie terrestre.  

 Depuis ce jour, Hou Yi cherche les herbes qui donnent une vie immortelle et la légende dit que les terriens cherchent encore. »

La légende s’enrichit de personnages qui ravissent les enfants, un lapin, un crapaud participent à la légende quand elle va jusqu’à imaginer la vie de la déesse sur la lune.

C’est aussi la fête de la femme car la lune est un symbole féminin. La fête de la mi-automne glisse vers un rituel teinté de  romantisme quand le fête devient l’occasion pour les amitiés de  s’affermir sous le regard de la lune.

 Une musique s’échappe de la lune et ceux qui s’aiment se donnent rendez-vous  cette nuit là,  pour avoir la chance d’entendre cette douce musique pendant qu’on lit le poème du poète Su Shi.

 La lune de la Mi-Automne

Alors que les nuages du soir se retirent, un déluge d’air frais jaillit. La roue de jade passe silencieusement à travers la rivière d’argent. Cette vie cette nuit a rarement été bonne. Où verrons-nous cette lune l’année prochaine ?

 De Su Shi ( 1037-1101)

Fête agricole, fête de la lune, fête des femmes et des enfants, fête de la lanterne vive, tout cela contribue à des processions nocturnes et les enfants déguisés avec des masques d’animaux vont éclairer les maisons sur leur passage dans un grand défilé de lanternes et recevoir des gâteaux de lune.

Les gâteaux de lune

 A l’origine, les gâteaux de lune servaient de messagers pendant la guerre des chinois contre les mongols.

 Le signal de la révolte des chinois Han contre les invasions mongoles était écrit dans le message contenu dans les gâteaux  de lune, friandises uniquement consommées par les chinois.

 La tradition  a retenu l’idée et pendant la fête de la mi-automne, des petits papiers rouges où des messages sont griffonnés accompagnent les gâteaux de lune.

 Il existe plusieurs versions de la recette des gâteaux de lune.

-   La version vietnamienne est une pâte de blé ou pâte de riz avec à l’intérieur une crème de grains de lotus, de haricots mango, de sésame noir et de fruits confits.

-   La recette chinoise est à la base de pâte sucrée de haricots rouges ou dattes enrobant des jaunes d’œuf et  décorés  de motifs et de sinogrammes.

 Les rosées gèleront dans la nuit qui avance. Le clair de lune paraît plus lumineux dans ma patrie."

Vers de Du Fu, un célèbre poète chinois de la dynastie Tang. (SM Yang/Epoch Times)

 ( source : clearharmony  )

"Depuis quand existe la lune argentée?

Coupe à la main, j’interroge le ciel bleu.

Impossible de savoir quelle est la saison aujourd’hui dans le Palais des Cieux.

Je voudrais chevaucher le vent mais je redoute qu’en cette rotonde de rubis et de jade si haut perchée, le froid ne l’emporte sur moi.

Je me mets à danser, jouant de mon ombre claire.

Qu’est-il de comparable au royaume des humains?

La lune se tourne vers les édifices vermeils

S’incline sur les fenêtres ouvragées

Elle illumine mes nuits sans sommeil.

En retour je ne lui vouerai pas de haine.

Par quel infortune, toujours au moment des adieux se montre le globe rond ?

Aux hommes affliction ou joie, départ ou retrouvailles,

A la lune, voile ou clarté, plénitude ou éclipse,

Ceci depuis toujours ne se concilie pas.

Pourtant, ceux qui pour un long temps s’espèrent

A cent lieues de distance partagent la grâce lunaire."

( vers de Su Shi, Dynastie Song)

Ginette Flora

Octobre 2024