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La page de Marcel Faure Avril 2024


04 avril 2024

 

Matin croustillant

Au chaud dans un bistrot

Croissants

 

**

 

Nettoyage

 

Dans la marge

Un mot solitaire

Me nargue

 

Bien présentable

Dans la lumière blanche

Enrobé de soleil

 

Grain de sable

Au bord des lignes

Démuni de sens

 

Fée du logis

Hygiène des textes

Gomme

 

**

 

Quelle que soit la saison

Nous danserons sur des braises

Sorciers nous brûlerons

Nos dernières fantaisies

Avec notre inconscience

 

Lorsque la pluie se fâche

Il nous reste l'espoir

Que les vents tournent ailleurs

 

Ô vous grands décideurs

Qui niez l'évidence

Soyez maudits

 

**

 

 

Branches écervelées

Qui recherchent leurs feuilles

L'hiver s'en ira

 

Herbes givrées

Cassantes sous nos pas

L'hiver s'en ira

 

Ô vous les migrateurs

Qui suivez les saisons

Pensez à ceux qui restent

 

**

 

Vague après vague

Les jours déferlent

Sur nos vies

 

Que reste-il de la mer

Quand nos filets sont pleins

 

Que reste-il de nos amours

Dans le roulis de nos hésitations

 

Le ciel est une passoire

Où s'emportent nos rêves

 

Borgnes pour ne pas dire aveugles

Le ciel résiste

Et nous sombrons

 

**

 

Le ciel est une chaussette trouée

Aurais-je un fil assez long

Pour repriser l'univers

 



Moustache aux aguets

Sur les genoux du soleil

Un chat dort

 

Brise de désirs

Frémissement des griffes

Une souris

 

Sur les genoux de la nuit

Songe de souris

Un chat mort

 

**

 

Lire dans le silence

Tout ce qu'il renferme

L'accord majeur

Ou le vide absolu

 

L'esprit divague

 

**

 

Un soleil hésitant

Affiche fin novembre

Etouffé de nuages

Les fêtes se profilent

 

Absence d'horizon

Le silence est si dense

Des étoiles plastiques

Guident vers les marchés

 

Des dieux en chocolat

Coulent des jours heureux

La neige synthétique

Ne trace pas nos pas

 

Décembre en point de mire

Déjà les tiroirs-caisses

D'or et d'argent ruissellent

C'est la crue de Noël

 

Et des enfants frétillent

Devant un père Noël

Qui travaille au cachet

Pour un grand magasin

 

**

 

L'insignifiant

N'est-ce pas là

L'essentiel

 

**

 

Oh combien j'aimerai

Ma dernière seconde

À en mourir

 


Départ

 

Vide l'appartement d'en face

Plus de bruit

Elle s'en est allée doucement

 

Elle avait l'âge d'être ailleurs

Sa mémoire l'avait précédée

Le temps a mangé le reste

 

Vendus pour quelques sous

Les meubles démontés

Ont pris la clé des champs

 

Nous aussi migrerons

Sans jamais revenir

Plus de nom sur la porte

 

Le marchand des heures

A réclamé la note

Ma voisine est partie

 

**

 

Sur l'horizon du temps

Ton visage toujours

Parmi les fleurs des champs

 

Tes printemps qui reviennent

Cueillir le saxifrage

Et la noce des couleurs

 

Il fait doux près de toi

Et le soleil souvent

Brille au bout de tes doigts

 

Des chemins j'en ai fait

Tous me conduisent à toi

La clarté de tes yeux

 

Sur l'horizon du temps

Le phare de ton visage

Mon repère d'amour

**

 

Mouette blessant le ciel

Son assurance vorace

Bien dans l'air du temps

 

Pauvre petit poisson

Son voyage écorné

Au bout d'un bec

 

Poissacaille * baroque

Une brise d'écailles

Voltige sur les flots

 

La vague sans commentaire

N'écrira sur le sable

Aucune épitaphe

 

* pour passacaille.

 

**

 

Un vent sans mémoire

Effleure de ses sarcasmes

Le sommeil des pierres

 

Granit frissonnant

 

**


Recherche

 

Brin de légèreté

Fin heureuse

Amitiés transfrontières

 

Aurore luxuriante

Crépuscule apothéose

Journée fleurie

 

Silence tintinnabulant

Arbre à palabre

Sourire même niais

 

Pluriels constructifs

Mains laborieuses

Repos sans guerrier

 

Printemps été automne

Saisons bien calées

Hiver sapin vert

 

Enfants conte de fées

Papa Peter Pan

Maman chocolat chaud

 

Centenaires attendrissants

Promenades sentiers plats

Bises bécots poutous

 

**

 

J'ai froid

 

Ces brasiers

Partout

Qui attisent la haine

Et ce froid intense

 

Loin des malnutritions

Des odeurs de cuisine

Attisent ma faim

J'ai si froid

 

Incarcérés dans nos richesses

Nous sommes des survivants provisoires

Le froid me transperce

 

Le givre a fleuri ma fenêtre

Le poêle ronronne au coin de moi

Mes vers se brisent entre mes doigts

J'ai des engelures à l'âme

Pendant que l'avenir se réchauffe

Ô ce froid qui me traverse

 

**

 

Soleil couchant

L'océan incendié

Sous les vivats des vagues

 

Nos vies crépusculaires

Brûlent aussi

En migrant vers leur fin

 

Echoués sur la plage

Nos rêves bien vivants

Contemplent les étoiles

 

Nuit d'ombre

Où l'air mine de rien

Ravive l'avenir

 

**

Marcel Faure

Avril 2024


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2 Comments


Le ciel est une chaussette trouée

Aurais-je un fil assez long

Pour repriser l'univers


Comment ne pas aimer, Marcel et les mots de Marcel ? Superbe de tout et j'adore ...❤️

 


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Je partage beaucoup de vos pensées mais vous le dites si bien !

Je vous en remercie infiniment.

Que votre plume continue à voler par tous les temps pour continuer à conter la vie comme elle va.


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