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La page de Marcel Faure, Poésies d'Août 2024


Arpent de papier

Ma plume géomètre

Mesure chaque mot

 

Bataille intime

Chaque coup de ciseaux

Laisse des traces

 

Tissée de lumières

Chaque phrase me prend

Au dépourvu

 

Le bleu vient me cueillir

Sur l'horizon invisible

Où je me noie

 

**

 

Papillons de jour  

Rivages éphémères

Pour une orgie de nectar

 

Papillons de nuit

Dans l'alcool d'un verre

Trouver l'oubli

 

Piège d'amour

Sur ton épaule

Je me suis posé

 

En ébullition

L'odeur d'un pré

Ton parfum chèvrefeuille

 

Mante d'un soir

Au matin disparue

Je me consume encore

 

**

 

Inventer le printemps

Pour fleurir chaque vie

D'un peu de douceur

 

Je fredonne à peau nue

Le blues des jours heureux

Pour la fraîcheur d'un pré

 

Pâquerettes et lychnis

Orchis au corps d'insecte

Embellissent l'instant

 

Inventer le printemps

Et le garder fécond

Jusqu'au bout de la vie

 

**

 

Empreintes

 

Gravé sur le papier

L'instant laisse des traces

Gouttes d'existence

Dans le fatras des jours

 

Un coup de gomme

Mon identité falsifiable

Débordant du cadre

S'envole et migre

 

Oiseau de nulle part

Qui signe l'air de tes ailes

Je partage avec toi

L'éphémère d'un passage

 

Dans le sillage des pluies

Mélancolie des nuages

Empreinte d'une larme

Sur mon papier jauni

 

**

 

Plouf

 

Grenouille à l'étang

Un haïku létal

Prend l'eau

 

Coa coa dit la bête

Cette hydre à trois têtes

Appelle au secours

 

Moi qui suis bonne poire

Sur mon tercet je rame

Pour finir son histoire

 

N'importe quoi bonhomme

Commente un pur nippon

Tu n'es qu'un vil crapaud

 

J'ai pendu ce faraud

À Montfaucon je crois

Avec François Villon

 

 Mon poème torché

Je m'en vais déguster

Des cuisses persillées

 

**

 

Pleurer avec la pluie

 

Empreintes de la pluie

Gravées dans la source

Un nuage pleurait si fort

Que j'ai pleuré aussi

 

Mais ce qui coule ici

Murmure des cascades

Et me pousse au soleil

En quête d'arc-en-ciel

 

**


De sable d'îles et d'eau

Paysage tranquille

 

La Loire endormie

S'évapore sans bruit

 

L'été plombe le fleuve

D'une torpeur discrète

 

La pulpe d'un galet

Clapote sous la lune

 

À fleur de peau

Pétille sa chanson

 

**

 

Herbe de rien du tout

Que le vent turlupine

Graine contre graine

Se disperser

 

Sur la palette des sols

Trouver le bon humus

 

Plus tard

Par vent de pluie

Germer

 

Un monde en bleu

Qui pousse les nuages

Dans les premiers rayons

Oser la première feuille

Et pousser de la tige

 

**

 

Appât

 

Les mots

J'attends qu'ils mordent

J'ai écrit baiser

Pour appâter

 

L'amour peut-être

Ou la tendresse

Avec bras et caresses

 

Le temps s'immobilise

 

Mais qui me bouscule

Bisou papy

Bisou c'est bien aussi

Avec un S

C'est encore mieux

 

**


Un cerisier

Rouge d'envie

Boucles d'oreilles

Je n'étais pas encore un garçon

Enfance sous les arbres

Les prunes tachaient mon short

Et des pommes juteuses

Gonflaient mes joues

 

Saisons qui se mélangent

Je n'avais de la pêche

Aucun appétit

Avant d'y goûter

 

Pot de confiture

Ma langue trahissait

Les myrtilles gourmandes

D'un petit délit

 

Le cerisier

Branches hautes

Narguait mes envies

J'aurais bien croqué

Les cerises d'un livre

Adieu belles boucles

Effacées de l'image

 

**

 


Innocence première

Une pomme

Et puis basta

 


Plaisirs

 

Plaisir du vent

Houle des feuilles

Une colline cabotine

Rêve de mer

Porter de grands navires

Croiser Francis Hallé

Dans son vaisseau des cimes

Côtoyer les nuages

 

Plaisir pirate d'un orage

Mirages d'orchidées

Les feuilles comme un nid

Comme une manne

Gestes d'insectes

Aux trompes frémissantes

 

Mousse des canopées

Un oiseau immobile

Homme crie-t-il

Ce n'est que moi qui passe

Avec ma feuille blanche

Et son désir de vert

 

**

 

Dans le cadre du jour

Que découpe la porte

Arpent de bleu

Désir d'ailleurs

 

**

 

Terres rudes

Aux confins des sommets

Insolite mariage

Au son des phonolites

L'herbe et la roche

Épousent la montagne

Piéger la brume

Pour boire à la vie

**

 

Gaité de tes mains

Les fleurs s'ouvrent

Jaune pollen

 

Et ton sourire

Que tu répands

Sur la prairie

 

**

 

Poète halluciné

Assoiffé d'innocence

Écris l'aube première

 

Et les jours à l'envers

Creusent un nouvel éden

Où la lumière explose

 

Laisse ici ton ombre

Ce vêtement trop sombre

Tu n'en as plus besoin

 

Ah ce cœur exalté

Qui jamais plus n'hiberne

Vois comme il respire

 

Ici plus rien ne rouille

Et dans les sources vives

L'eau de jouvence coule

 

Écris l'enfant que tu étais

L'enfant que tu seras

Dans l'homme d'aujourd'hui

 

Marcel Faure / Septembre 2024


 

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1 comentário


Magnifique, Marcel ... comme toujours ! Ne change rien !❤️


"Dans le cadre du jour

Que découpe la porte

Arpent de bleu

Désir d'ailleurs"

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