Quand la nuit s'en va
Réveiller les rêves
Ceux que l'on faisait enfant
Voués à l'oubli
Ils sont toujours là
Au coin de l'aube
Les ans n'y peuvent rien
Arc-boutés à nos vies
Patiemment ils veillent
Leurs chemins de joie
Sésame des jours gris
Nous porteront plus loin
Ainsi j'écris des histoires
Que murmurait tout bas
Mon âme d'enfant
Je cloue au soleil
Quelques mots défroissés
Pour les faire briller
**
J'apprends une île
Sa frange d'écume
Qui déboussole la mer
Un rocher perdu
Grappillant le ciel
Et quelques arbres
Escale pour les oiseaux
À portée d'ailes
Entre deux terres
J'apprends une île
Qui hume le large
En chaloupant des hanches
À la pointe des vagues
Courbée sous les tempêtes
Elle nargue l'horizon
Et puis dolente
Elle fait sable blond
Pour reposer ma tête
J'apprends une île
Ici dans un poème
Où je bronze mes mots
**
Silence blanc
Les galets devenus sourds
N'entendent plus la mer
Au piège des plages
Des vagues timides
Roucoulent et coulent
Des bois flottés somnolent
La marée prend le large
Tes yeux émeraude
Sous tes paupières closes
Un arc en ciel ouvre ses portes
Quand fugue le soleil
Le soyeux du soir
Baigne les ombres
À la volée le vent
A repris mes oreilles
**
Chemins d'octobre
Matins d'ambre
Entre les murets
Le vent s'écoule
Âmes de brume
Prises aux pièges
Des douceurs d'automne
Bijoux rouges
Un sorbier chante
De tous ses merles
Paréo de feuilles
Sur la source fugueuse
Qui froisse le silence
Entre bleu et gris
Le ciel hésite
À enflammer les arbres
Ma marche frileuse
Retient ses pas
Pour agrandir l'instant
**
Naufrage
La mer rumine une épave
Corps de rouille
Des poissons fréquentent une ombre
Quelques bulles
Un voyeur d'abysses
Dans la mouvance des algues
Et l'usure des courants
La béance des ans
Le soleil expire
Entre les coraux
Squelettes du silence
Des os blancs
Persistent et signent
L'épopée maritime
D'un vieux chalutier
**
Marées incertaines du vent
L'écume du ciel
Sur l'acide des jours
Tempête de sable
Sur le toit des voitures
Désert occidental
La pluie démange
Sans vraiment tomber
Le sol craquelle
Enfant des tours
Tu l'as ta plage
Dans le bac à sable
Mirage d'Afrique
Ou message
Le vent dans tes cheveux
**
Ce voile sur mes yeux
La mer la marée
Je ne saurais la dire
Est-ce un trop plein de bleu
Où mon cœur chavire
J'ai la palette triste
Je n'ai d'île que page blanche
Désert qu'il faut peupler
D'oiseaux pour s'échapper
Il y a dans la mer
Comme un relent sauvage
Une vague perdue
Le corps d'un naufragé
Que la marée rejette
Encre noire
J'ai le deuil liquide
Et dans mes larmes
Tout le sel de la mer
**
La mer la marée
Tu t'en vas si près
Quand tu t'en vas
Les hommes t'irritent
Plus que sable
Collés serrés
Fesse à fesse
Gluants de crème
Qu'ils sont risibles
Ces conquérants du soleil
Vaincus dès le premier rayon
Tu observes à distance
L'agonie des vacances
Galets de chair et d'os
Propageant leurs bêtises
Et rêvant de grand large
Que l'on pourrait payer
Avec des chèques vacances
Parasol compris
Surprendre une croisière
Tu prépares ton coup
La violence du vent
Bouleverse la plage
Corsaires d'opérettes
Vous fuyez le navire
Au premier drapeau noir
Quand frémit un orage
Tu reviens au galop
Pousser ton avantage
Où sont-ils les bravaches
Qui roulent des biscoteaux
**
Nez chocolat
Et mémoire papillote
Enfance
Emotion blanche
Peau boule de neige
Sapin transi
Et toi bonhomme
Pipe et carotte
Quand dis-tu
**
Gonds rouillés
Bois vermoulu
Cadenas cassé
Portes fantômes
Ouvrant sur l'errance
D'un fouillis vert
Jungle provisoire
Royaume des ronces
Où des toiles méduses
Révèlent l'araignée
Hors de portée
Un sureau fébrile
Assume sa défaite
Dans sa gaine de lierre
Tassé sur le seuil
Grinçant de tous ses os
L'ombre d'un homme
Mon aïeul peut-être
**
Un vent mal embouché
Elle me claque au nez
Pas de quoi en faire une tirade
Irais-je jusqu'au portail
Voir si ce vent mauvais
Confirme sa sentence
Marcel Faure
Février 2024
Marcel est un magicien ... Chut ! top beau , tout et tout ..
❤️
"J'ai le deuil liquide
Et dans mes larmes
Tout le sel de la mer"
Un beau voyage contenu dans ces mots Marcel et c'est beau. Merci !