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La page de Marcel Faure, Poésies de Janvier 2024




Je me souviens

"Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée "*

Est-ce si simple une porte

Ouverte

Ou fermée

Peu importe sa matière

Fermée on sait

Mais ouverte

 

*Alfred de MUSSET

 

**

 

Seule ta peau

Contre la mienne

Et le soleil au cœur

Et la nuit qui s'enfuit

Les portes sont factices

Les frontières aussi

Que reste-il de la haine

Quand l'amour s'en mêle

 

**

 

Porte bien calfeutrée

Un hiver marrons chauds

Ronronne dans la cheminée

Murmures de la flamme

La quenouille d'un conte

File ses pages

Rêves emmitouflés

Tout doux dans son berceau

L'enfant s'endort

 

**

 

Je me croyais seul

J'ai poussé la porte

Tu étais là

Dans la beauté première

D'une belle journée

Par la seule grâce d'un geste

Nous étions deux

 

**

 

D'un poème

J'ai fracturé la porte

De ma prison

 

**

 

Débordant sur le trottoir

L'étalage de tes richesses

Livres usagés

Brillant de mille lettres

C'est comme feuilleter les étoiles

Petit boutiquier des mots

Sans porte ni fenêtres

La vie ouverte

 

**



 La plage

 

Là où s'écrivent les marées

Et les châteaux de sable

 

Le sable n'a aucun souvenir

Que celui du temps qui passe

 

Et la trace de nos pas

Reflue jusqu'au néant

 

S'asseoir un instant

Attendre son destin

 

Ô ce mirage blond

Qui coule entre nos doigts

 

Châteaux encore

Que dessinent les mots

 

Quand la rose des sables

N'est que fleur de désert

 

Et les hommes vacances

Dans la vacance des jours

 

Roche rouillée

Nos idées s'effritent

 

Grains de sable nous-mêmes

Animaux désemparés

 

**

 

Ainsi l'automne

Brume et îles rousses

Le promeneur des villes

Cherche des champignons

En vain

 

Parmi les fougères

Parmi les mousses

Le solitaire de pleine campagne

Trouvera son bonheur

Bolets joufflus

Et poêle à frire

 

D'autres iront

Pressant les vignes

Verres levés

Plaisirs de gorges

Et l'amitié qui réchauffe

Chanter le vent et les sarments

 

L'automne tranquille

Pousse mes pas sur les chemins

Arbres enflammés d'or

Et je songe

Aux écus du soleil

Engrangés pour l'hiver

Entre les pages de mes rêves

 

**

 Automne fauve

 Le vent racle

Un reste d'été

 

Automne fauve

Où s'allonge novembre

 

Matelas craquant

Sous les semelles

 

Le flanc rouillé de l'aube

Traîne sa mélancolie

 

La journée s'ébauche

Entre soleil et pluie

 

Jusqu'au soir qui ronge

Les heures de l'après-midi

 

**

 

Toujours sur le motif

 

Dans l'absolu coquelicot

D'un paysage de fantaisie

Ta douce silhouette

 

Je te rêve à l'ombrelle

Dans un chant de couleurs

Qu'efflore un pinceau

 

Les tourbillons d'un ciel

Au regard tournesol

Me chamboulent les sens

 

Un drap de plage blanche

Et toi belle odalisque

Orpheline d'un peintre

 

Oh goulue des arts

De ta toile tu m'interpelles

Pour un festin de tulle blanc

 

Jusqu'aux îles lointaines

Où l'or noir se dévêt

Ô femme tu me fascines

 

**

 

Frappé d'orages

L'été s'écorne

Au vent d'automne

 

Le ciel étiolé

Décapé essoré

Lâche un trop plein d'eau

 

Des trombes exaltées

Embouent les terres

Brunissent les rivières

 

L'horizon englouti

Appelle à la trêve

D'un été indien

 

Et l'aube raccourcie

Sous un tapis de feuilles

Se calfeutre au jardin

 

**

 

 

 Le cœur à marée basse

Dans un rade minable

Et l'ennui en partage

 

Sur le café trop chaud

Le temps part en fumée

 

Un patron météo

Râle sur tout ce gris

 

Une sirène passe

Hurlant son cri rouge

 

Faire tinter le comptoir

D'un trop plein de monnaie

Salut bonsoir

 

Des réverbères transits

Lui courbent l'échine

Jusqu'à sa chambre aride

 

Truffé de nostalgie

Son âme à genoux

Est presque moribonde

 

Ces êtres esseulés

Gribouillés de fatigue

Valent bien un poème

 

**

  

Je souffre d'un baiser

Que tu ne m'as pas donné

Ce n'est qu'un souvenir

Qui hante ma mémoire

 

Je souffre de ta main

Que je n'ai pas saisie

J'aurais pu te sauver

D'une vie de travers

 

Je souffre de tes yeux

Qui sont restés fermés

Où sont tous les ciels clairs

Qu'ils renfermaient hier

 

Je souffre de te rater

Sur le quai d'une gare

Quel visage aurais-tu

Inconnue de ma vie

 

**

 

Dans mes cheveux

Les mots du vent

Plaisir de s'aérer

 

Frissons de peau

Aux reflets de feuilles

Se perdre à méditer

 

Se retrouver limpide

Proche d'une source

Et de sa transparence

 

Le pied léger

Fragile et fier

D'aimer encore

 

**

 Visages de marbre

Regards de pierre*

Expression d'éternité

 

Dans la fente des siècles

Des mains habiles

Taillent des souvenirs

 

Ils ne sont plus rien

Qu'un rêve de marbre

Rescapé du passé

 

*expression empruntée à Irène Dubœuf

 

**

 

Sous la pluie

Le silence grésille

C'est la vie parapluie

 

Musique concrète des choses

À l'envers des concerts

Qui crèvent les tympans

 

On voudrait savoir

Ce que pensent les arbres

Trempés jusqu'aux troncs

 

On taille ses oreilles

On attise ses sens

Trop tard il fait bruit

 

Marcel Faure

Janvier 2024

 


 

 


 










13 vues2 commentaires

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2 Comments


je vais me répéter ! Tant pis ! Merciiii ... magie totale !❤️

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Très beau texte par lequel vous nous faîtes partager les saison, les sensations et les sentiments Une belle confession ! Merci

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