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La page de Marcel Faure , Poésies Mars 2024

Dernière mise à jour : 7 avr.


J'écris pour supporter la laideur des hommes

Je me cache derrière une étoile

Je me songe

J'écris

 

J'écris contre les massacres

Avec le sang des victimes

Avec le sel des larmes

Je paie ma dime à la souffrance

J'écris

 

J'écris pour la terre plumée comme un poulet

Pour conjurer les marées noires

Pour maudire les continents de plastique

Pour fustiger tant d'ignorance tant de désinvolture

Pour me maudire aussi

J'écris

 

J'écris parce qu'il n'y a aucune raison de se taire

Parce que se venger engendre la vengeance

Parce que je refuse de brandir un fusil

Parce que quand tout est perdu

Il me reste toujours la passion d'aimer

J'écris

 

J'écris pour une fleur

Pour un arbre

Pour une goutte d'eau

Pour le chant d'un oiseau

J'écris

 

**

 

Une étoile sur chevalet

Brillante d'un ailleurs

Parmi les soupirs du peintre

 

Spasmes de couleurs

Fondus dans le noir

Où l'artiste s'endort

 

Huile et térébenthine

Drôle de shoot

Pour des rêves suspects

 

Par la fenêtre ouverte

La mer balance sa marée

Que la lune aspire

 

Dans les bras d'une muse

S'abandonner à la nuit

Poudrée de lumignons

 

**


De la mer

Je ne sais rien

Mais je roule la métaphore

 

À l'heure des étoiles

Mon galet dans la vague

 

Qu'y puis-je si les embruns

M'enivrent plus que de raison

 

Elle me prend

Comme elle prend un bateau

Et me fait chavirer

 

À la lueur d'un livre

Submergé par les mots

Des vagues me défient

 

Promesses de sable

Qui me fouettent le sang

 

Marmaille en bouée

Méfiez-vous des marées

 

Citadelles des vents

Emportez-moi

 

Mes lèvres murmurent

L'insolence de l'eau

Qu'un phare pointe du doigt

 

**

 


 Je suis israélien

Je suis palestinien aussi

Sang mêlé sous les bombes

Je suis le peuple des innocents

Des enfants et des femmes

Je suis homme sans terre

Je suis d'ailleurs toujours

 

Je suis de la terre aussi

Ma maison dans la ville

Mon carton dans la rue

Je suis d'ici partout

Au bord de la mer

Au bord de la rivière

Dans les plaines

Sur les pentes des monts

Je n'ai d'île que la terre

Et d'ailes que la paix

**

Alors la mer

Tu l'aimes toujours

Quand sa furie débarque

Et ravage les côtes

 

Cette maîtresse musclée

Qui trousse les bateaux

Et s'enivre gratis

Au bar de la plage

 

Quelle belle bagarre

Chaises et tables à l'envers

Et lessivage à grande eau

D'une vaisselle propre

 

La nuit court sur son aire

Dans le noir absolu

Et les pompiers pin pon

De Paimpol à Pornic

 

Alors la mer

Tu l'aimes toujours

Oui je l'avoue

Je l'aime encore

**

 

Frisson des marées

Sa peau de sel

Sirène des îles

 

Au bout du pont

Les yeux voyagent

À tire voile

 

Noyé dans les regrets

Et pris dans les filets

De la flottille des jours

 

L'horizon fait la planche

Les phares sont éteints

Son rêve aussi

 

**

 

Bateau rouillé

Qui sombre par morceau

Tempête après tempête

 

Sommeillant dans la crique

Il grince en sourdine

Et tangue sous le vent

 

Son petit bout de plage

Rumine des marées

Loin des pilleurs d'épaves

 

Son âme de pêcheur

Pleure des îles lointaines

Les soirs de lune triste

 

**

 

Sur des rires d'enfants

La mer étale les vacances

Sous les parasols

 

Insouciance des heures

Que la crème solaire

Tartine sur la plage

 

Vendues à la criée

Un panel de glaces

Fait l'unanimité

 

Des talents d'architecte

S'usent à recommencer

D'éternels châteaux

 

Cendres de souvenirs

Où sont les coquillages

De nos jeunes années

 

**

 

Berceau de sable

Éclaboussé d'écume

 

Des oiseaux de grand vent

Tissent des routes bleues

 

D'un coup de rêve

On croisait des nuages

 

Allongées sur la nuit

Des étoiles dormaient

 

Une lune cyclopéenne

Ouvrait son œil immense

 

Et dans le tiède été

La tiédeur de ton corps

 

** 


Orphelins de l'amour

Le soleil séchait nos pleurs

 

Nous avions une poignée d'ans

Et nos ailes limées

Ne savaient plus voler

 

Tâtant de la vie

Sans jamais s'y jeter

Nous avions peur

 

Et puis un jour en mai

Ce grand coup de balai

 

Nous n'avions rien

Mais tout était possible

Nous avions soif

 

À tous les coins de rue

L'amour paradait

En robe de printemps

 

Ô ces belles idées

Montant aux barricades

Nous les avons aimées

 

**

 

Avis de tempête

 

Les tambours du ciel

Font danser les nuages

 

Souffle le vent souffle

Que sifflent mes fenêtres

 

Un arbre insensé

Passe en courant

 

Pas un chat pas un chien

Ne montre le museau

 

Le crépuscule craque

D'une pluie sans mesure

 

Le fleuve s'affranchit

Des contraintes humaines

 

Une beauté furieuse

Déverse sa colère

 

Les dieux ont mis de l'eau

Sur l'ivresse des jours

 

**

 

La mer appelle

En caressant le sable

D'un clapotis timide

 

À l'ombre des dunes

Elle rêve d'horizon

Un horizon solide

 

Elle élève sa vague

Quelques mètres parfois

Et s'affale épuisée

 

Ah remonter les fleuves

Elle n'est que creux et bosses

Dans l'attente d'un guide

 

Sa colère impatiente

Arrache une falaise

Pour se griser de rocs

 

Ô ce désir d'Annapurna

Tranchant le paysage

Comme proue d'un navire

 

Mais la marée s'ensable

S'épuise et se retire

Empochant des galets

 

Marcel Faure Mars 2024

 


 

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