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Photo du rédacteurGinette Flora Amouma

La page de Marcel Faure - Poésies Octobre 2024



Gaité de tes doigts

L'herbe se réveille

Les fleurs s'enflamment

 

Le jour tresse ses heures

Tes pieds nus sondent

La douceur du pré

 

L'ivresse de ton sourire

Bouscule quelques pétales

Dans l'odeur du printemps

 

L'herbe folle rature

Ton carnet à dessin

De longues tiges vertes

 

**

 

Un jour d'été

 

Un lézard émeutier

Squatte ma chaise longue

 

Un portique balance

Une paire de gambettes

 

Sous le toit un refuge

Caquette d'hirondelles

 

L'ombre se joue de moi

Il faut changer de place

 

Mirage à mes oreilles

Un murmure de Loire

 

Un chapeau sur le nez

Un livre sur le ventre

 

La chaleur de l'été

Écrase les collines

 

À la limite du soir

J'écris une oasis

 

Quelques fruits de saison

Un verre d'eau des glaçons

 

Je m'emmêle les mots

Il fait vraiment trop chaud

 

**

 

Sur le radeau du lit

Somnolence tranquille

Je flotte dans ton rêve

 

Encore et encore

 

Dans la poussière bleue

Vertige de tes yeux

Ma cage dorée

 

Porte grande ouverte

Je pourrais m'échapper

Mais je reste

 

Encore et encore

 

**

 

Un oiseau passe la tête

Par la fenêtre

Son récit de ciel

 

 

La chambre est bleue

Il y pousse des fleurs

Sur le couvre-lit

 

Écoute

L'été raconte

Le farniente des jours

 

Une ondée bienvenue

Invite l'herbe

À reverdir

 

Une émeute d'insectes

Tourbillonne sans but

Et s'en va

 

**


Une horloge à rebours

Rembobine les heures

Me ramène à l'enfance

 

Lumière trop forte

Mes parents à contre-jour

Dessinent des ombres

 

Semelles d'écolier

L'homme à odeur de craie

Racle mon attention

 

Le voyage au tableau

Esquisse les contours

D'un hexagone vert

 

Je suis né quelque part

Au centre de la carte

Faudrait changer d'échelle

 

Des ombres m'envahissent

Je suis l'enfant secret

D'une saison perdue

 

Trop loin dans le passé

L'horloge ne sait plus

Où s'accrochent mes ans

 

**

 

Par la porte dérobée

Ma mémoire fout le camp

Vers des mots de papier

 

**

 

Chevelure de pluie

Au milieu des orages

Gouttes en banlieue du fleuve

 

**


Des lanternes rongent la nuit

L'ombre contrariée

Se noie sous les étoiles

 

De petits secrets s'éparpillent

Font le tour des oreilles

Questionnent nos caboches

 

Le temps se rembobine

La nuit à double-fond

S'ouvre à rebours

 

Et c'est le soir qui passe

Accrochant la lumière

Aux portes du couchant

 

**

 

Vent câlin

Soupir de fleur

Tendre frisson

Seule la feuille sait

La forme du baiser

Que multiplie la brise

 

Espoir céleste

Allégresse du pollen

Qui se disperse

Cherchant son destin

Parmi la multitude

 

La lumière tousse

La rumeur du ciel

Murmure des nuages

L'eau la vie les fruits

 

Et tout à coup ton visage

 

**


Vite écrire le pré

Tant que l'herbe frissonne

Avant qu'il ne soit brouté

Avant qu'il ne soit fauché

 

Vite écrire le pré

Pendant que le vent s'amuse

À le faire vague

Quand les verts se mélangent

 

Vite écrire le pré

Pour ce brin d'herbe

Entre les dents

Pour la fraîcheur du printemps

 

Vite écrire le pré

Avant que le soleil

Ne le transforme en paille

Au plus fort de l'été

 

Vite écrire le pré

Ses senteurs dans la grange

Où grésillent encore

Les graines et les fleurs

 

Vite écrire le pré

Avant qu'il ne soit blanc

Et que l'hiver s'abandonne

À la valse des flocons

 

Vite écrire le pré

Avant qu'un laboureur

N'ouvre la terre

À de nouvelles saisons

 

**

 

J'ai remplacé le point à la ligne par un hameçon, plus un bon ver de terre, la pêche est plus nourrissante pour un poète que de publier.

 

 

**

 

Heureux qui …

 

Du rebord de fenêtre à la chaise qui tremble

Heureux qui comme … voyage dans sa chambre

Pendant qu'au feu de gaz Pénélope cuisine

Des odeurs inconnues taquinent mes narines

 

De lointaines denrées débarquent du marché

Pardonnez Joaquim mes pages arrachées

Mes papilles alléchées me font le verbe mou

J'irai par le couloir me damner jusqu'au cou

 

Où sur d'autres chemins sous des lunes d'asphalte

Partir à l'aventure trouver les pays baltes

Vers des cercles où le froid blanchit le paysage

Tronquer troubler troquer quelques mots de passage

 

Dans ma pauvre maison à l'espace si clos

De livres de cuisine je vais faire mon lot

Aller d'un pied bancal satisfaire mon palais

Peu soucieux de la rime ripailler d'un bon met

 

J'exilerai mon ventre vers d'autres doux délices

Poursuivant des senteurs et des routes d'épice

Vers tant d'autres pays et leurs îles de sauce

Pour la belle aventure dont ici je me gosse

 

**


Indicible

 

Matin lavé de pluie

L'air sèche doucement

Un souffle d'odeurs neuves

Traverse les collines

 

Le ciel gorgé de lumière

Écume un reste de nuage

 

Hissées au plus haut de l'azur

D'étranges géométries d'ailes

Suspendent le soleil

C'est un moment intime

Où le corps s'abandonne

À la précision de l'infime

 

Ce que murmurent les ramures

Lui seul l'entend

Et le comprend

Enfin

 

Vite

Écrire

Mais quoi

 

**


Méditation

 

Indispensable au silence

La ville inquiétante

Gronde en bruit de fond

 

Immobile il s'abrite

Dans sa bulle de pensées

Son temple de chair et d'os

 

Merveilles de l'absence

Que le geste surprend

D'un calligramme

 

D'un signe ample

L'âme se libère

D'un millier de tensions

 

Petite flamme immergée

Dans l'océan des mondes

Qui s'entrechoquent

 

La ville se disperse

Un rideau se soulève

Sur l'infini

 

**

Marcel Faure

Novembre 2024

16 vues1 commentaire

1 Comment


parseghian.viviane57
il y a 2 jours

magnifique Marcel ! Tout est beau !❤️

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