La place des mots

Si j’avais le mot pour le dire

 Ce qu’une fleur complète apporte

J’aurais pour sa joie de l’envie

En passant devant la hampe épanouie

Et pour son parfum un brin de folie

Si j’avais le creux d’un bouquet penché

 Qui peut suffire à remplir une nuit

 J’aurais pour sa fine courbure

 Un éclair d’inspiration trempée

 Par l’éclaboussure d’un ciel qui feule

 Et je ne chercherai pas si longtemps

 A risquer la raison qui la transcende

Rien de mon regard ne saurait transmettre

 Ni rien de ma pensée ne pourrait reconnaître

 Qu’aucun discours n’a jamais su me dire

 Que la fleur n’a besoin de rien pour s’épanouir

Si j’avais la liberté de l’oiseau ivre

 Le bruit des ailes dans le vent indolent

 Dans l’insouciante ronde d’un refuge

 J’aurais pour son voyage de l’allégresse

 Et pour sa légèreté un coup de foudre

 Si j’avais pu choisir le port d’une escale

 Qui peut suffire à tous les points d’ancrage

 Je n’aurais pas à désirer si ardemment

 Si vainement le mot qui le propulse

 Le soleil ne cherche pas la peau qu’il écorche

 Ni l’écorce  de l’arbre qu’il dolore

 C’est qu’aucun mot ne s’arrête à la ride

 Plissant le vent qui n’attend rien pour revenir

Août 2024

Ginette Flora