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"Opération marketing"

Dernière mise à jour : 12 mars

Les allées sont appelées des raquettes dans le petit village des abords de Lutèce. Seule Nelly, dans un débordement de fantaisie continuait de nommer ainsi le petit plateau qui surplombait le village enfoui dans une vallée verdoyante et perdue dans la brume en hiver. Quand elle marchait d’un bon pas en empruntant les trottoirs réservés aux piétons, elle fredonnait son vieil air médiéval qui donnait du moût aux jours caverneux. Les végétaux aspergeaient son humeur comme elle aimait le dire, d’une légèreté virevoltante. Le trajet cent fois emprunté ne lassait pas la jeune femme habillée de mauve et de pourpre. Si les platanes faisaient la moue avec leurs traits tirés au bord des feuilles, elle était sûre de ne rien craindre en s’en allant ainsi, nez au vent, dans cet alignement de routes goudronnées, de panneaux signalétiques bien en vue, de bancs sous abris de verre aux panneaux démonstratifs. Les tarifs et les horaires des passages des autobus étaient clairement indiqués. La grande urne en acier bien droite laissait présager un ordonnancement tranquille et propret d’un lieu où les usagers ne manquaient à aucun des arrêtés placardés sur les murs de la commune :

« Gardez votre ville propre », un slogan parmi d’autres slogans qui défilaient sur les panneaux électroniques du centre-ville.

Les salles de réunions municipales ne laissaient passer aucun signe de désapprobation. Les mésententes se résolvaient à huis clos et la dernière levée de capitaux pour refaire les trottoirs crevés par le jaillissement des racines des platanes avait valu quelques démêlés au sein des conseillers municipaux mais du moment que cela se passait dans les alcôves d’un débat interne, les résidents ne se prenaient pas la tête et gardaient leur pensées inopportunes dans le fond de leur matière grise. Le besoin de rénover, de restaurer, d’encourager la matière à montrer ses facettes diverses avait toujours permis de faire avancer les plus petites unités sociales. La salle municipale s’échauffait souvent des discours enflammés d’orateurs zélés, avides de convaincre un auditoire attentif à tous les projets.

Les arbres de chaque rue avaient été abattus, les chaussées bétonnées dégagées et un ciment neuf avait coulé selon un plan géométriquement tracé. Les pelleteuses, les bétonnières avaient bourdonné et claqué la tranquillité de la petite cité baignée de lumière verte chaloupée par la canopée. La glissade des rayons orangés floutés de nacre causaient toujours un ravissement à plus d’un piéton traversant la lumière translucide.

Combien d’entre eux avaient-ils rêvé auprès des sillons lumineux se demandant ce qu’il arriverait si un jour ils se faisaient renverser par les traîneaux du ciel et se laissaient happer par les ventouses des carrioles !

Nelly ne vit pas le panneau de stationnement interdit tombé sur le sol ni les flèches signalétiques gondolées et partiellement couvertes de la terre retournée par les machines. Son pied buta sur la bande interdite, ses chevilles fléchirent et elle fut propulsée dans la fosse aux gadoues. Son front heurta une pierre, elle ne se souvint que des étoiles qui scintillèrent au bord de ses yeux comme les bulles des bandes dessinées.

– Mais c’est que cette damoiselle va nous retarder avec sa façon de tomber en pâmoison ! D’où vient-elle ?


Nous sommes dans cette année où les gaulois vivaient de labourage et de pâturage avec le sentiment très prononcé qu’une visite chez le voisin était une forme de courtoisie doublée d’une intention commerçante. Les articles de vannerie et de jardinerie étaient vantés de bouche à oreille. On mettait en avant ses produits par coups de gueuletons et de bavardages. Leurs talents en artisanat et autres créations artistiques nécessitaient quelques procédés singuliers et la manière de le faire commençait sérieusement à devenir le principal sujet de conversation du petit village qui résistait encore à la domination romaine.

Brennos, l’ébéniste était en train de construire un abri avec quelques rondins de bois. Alana, sa fille accumulait ses œuvres dans leur cahute et Rozenn, sa femme ne savait plus comment ranger ses pots de confiture et ses cageots de plantes. Le potager était son terrain de villégiature, Rozenn avait étendu ses activités qui prenaient un peu trop de place dans leur quotidien râpé de sciures et de décoctions.

Alana cherchait à voler de ses propres ailes. Brennos le sentait bien, il n’arrivait plus à suivre les projets de sa fille. Tout cela le perturbait, le vent tournait et en débitant ses bûches, il n’avait pas vu le temps passer. Alana cherchait déjà à sortir des sentiers battus, elle proposait des plans hardis pour faire valoir sa marchandise et lui donner une plus large visibilité.


– C’est à moi de parler de mes produits, ailleurs. Je vais en parler, aller auprès des personnes qui ne peuvent venir jusqu’à nous.


Elle évitait de dire que son « ailleurs » englobait un partenariat avec ses voisins, les clans plus ou moins frondeurs et les romains toujours enclins à chercher l’établissement du pacte romain pour une entente fructueuse avec les gaulois.

Brennos qui n’avait de clients que ses propres compères qui peuplaient son village, fronçait les sourcils. Le propos d’Alana était un concept mercantile lancé comme un slogan car il était repris par quelques téméraires artisans toujours prêts à semer le trouble dans les esprits par quelques formules dérangeantes. Il redoutait les retombées d’une telle médiatisation.

Ce qui le perturbait davantage, c’était qu’Alana développait un langage complètement nouveau pour lui. Elle voulait se faire entendre, payer de sa personne en préconisant des sessions de travail qui le laissaient perplexe. Il sentait une nouvelle ère se ficher dans la plaine comme une graine apportée par un vent nouveau et qui aurait trouvé terre où se développer. Alana deviendrait-elle une développeuse de communication ?

Brennos s’était mis en tête de lui offrir un stand qui pouvait lui servir de présentoir. Il avait conçu deux stands sobres qui ne se distinguaient l’un de l’autre que par la teinte des bûches et par le montage des rondins. Rozenn broyait des plantes pour trouver un pigment qui donnerait un éclat à l’aubier retiré de son écorce, sculpté par Yorrik qui n’arrivait plus à cacher son adoration pour Alana.

Les villageois s’attroupaient autour de la petite fortification sans forme mais engoncée dans la vase et les esquilles. Rozenn, accourue aux cris de Brennos, releva Nelly. Des hommes blonds hilares, bâtis comme des géants, mains posées sur leurs genoux examinaient la nouvelle venue tombée dans le cratère comme une étoile égarée.


– Elle est arrivée comment ?

– Ils nous l’ont envoyée pour nous cafarder. Ce bouseux de Romeric veut nous fiche un coup de moût dans nos cervelles qu’il veut ramollir. C’est d’un misérabilisme que d’user de méthodes totalement préhistoriques pour nous fliquer !

– Ce sont peut-être les Romains. Ils l’ont déguisée en gentille paysanne qui vend des pommes et ces pommes seraient empoisonnées que cela ne m’étonnerait pas !

– Point de pommes, je ne vois rien qu’un accoutrement. D’où vient ce pantalon ?

– Bleue et solide, drôle d’étoffe !

– Et cette fine chemise, tout dénote un travail méticuleux.

– Et ce drôle de bracelet-jonc au poignet ? Et ces bottes ?

– On a trouvé un engin noir à côté d’elle. Elle nous expliquera tout cela. M’est avis qu’elle est envoyée pour nous retourner le cerveau. Sus à l’ennemi !


Mais Rozenn intervint d’une voix mesurée et les calma :


– Je la ramène avec moi. La pauvre petite est juste perdue. Je m’occupe d’elle et vous aurez oublié cette histoire.


Mais l’histoire, personne ne l’oublia quand dès le lendemain, on vit Nelly au bras de Rozenn et d’Alana, vaquant à des travaux simples. On la vit se promener avec un panier qui se remplissait à chaque fois qu'elle s'attardait à un étalage. On la vit revenir sagement au logis avec des brassées de plantes. On la vit entourée d’enfants turbulents et de chiens jappant de joie. On la vit même sortir du village et ne revenir qu’à la fin de la journée.

La présence de Nelly dans leur village coincé entre les remous politiques, les agressions fréquentes des Romains et les bisbilles provoquées par leurs propres gens apporta à tous une fraîcheur dans leur cœur. La cervoise se boirait avec sur la mousse un goût de nouveauté.

Les deux échoppes se développèrent rapidement. Une présence assidue, régulière des deux femmes permit un flux encourageant d’un trafic de curiosité au prime abord, puis de sympathie et ensuite de réel intérêt pour un travail qui interpelait. Chacun savait trouver soit Alana soit Nelly ou Rozenn, fidèles à leur poste d’écoute de la clientèle. Nelly donnait des échantillons de produits à chaque personne en expliquant avec force détails le mode d’emploi de la marchandise. Elle en avait longuement parlé dans leur logis. Le soir, les trois femmes préparaient leur journée du lendemain.

Nelly retrouvait ses marques, ses facultés étaient intactes, son cerveau n’avait pas subi de dommages. Tout était net mais elle vivait au milieu d’êtres humains qui n’avaient pas encore marché dans le temps d’où elle venait.

Après une vérification du matériel pour une première proposition de vente, elle avait demandé à Alana de créer des carrés de savon. Nelly lançait une campagne de marketing visant à promouvoir les bienfaits des savons à la saponaire. Un entretien élaboré lui permit de savoir qu’Alana allait chercher des plantes dans les collines. Elle marchait longtemps dans les sous-bois, veillant à repérer les richesses de son environnement, n’abîmant pas les racines, coupant ras les tiges pour leur permettre de repousser aux prochaines saisons. Ses pains de savon étaient appréciés. Si sa mère s’occupait de récolter des plantes pour ses bienfaits culinaires et thérapeutiques, Alana avait fixé ses objectifs sur des plantes aux vertus esthétiques.

Nelly parla de leur trouver une plus large intelligibilité, de les emballer dans des brins de chanvre fermés par des lanières de jonc. L’attrait du visuel, dit-elle, est un élément qui compte et comment faire voir l’ancien avec des yeux neufs en créant une esthétique novatrice.

Elle ne s’arrêta pas seulement à ces propos qui ouvraient des pistes sur lesquelles elle engageait Alana. Elle développa son laïus en disant que les produits devaient être proposés à l’essai.


– Et si on donne sans avoir des retours d’achat ?

– C’est justement le risque et la synergie de la démarche. Proposer des essais, se faire connaître, repérer des clients potentiels, les relancer pour un autre produit, les informer en premier, leur donner la primeur du lancement d’un nouveau produit, tout cela pour les fidéliser.

– Etre toujours derrière eux en fait.

– Jusqu’à les énerver, oui.


Elles sourirent en se représentant les visages rubiconds des matrones, la surprise des mères, le réel enthousiasme des femmes curieuses et des jeunes filles tentées par la hardiesse de la dynamique.

– Lançons une campagne d’essais de vos produits !


Alana ajouta :


– Et surtout de leur gratuité pendant une période qui fixera leur intérêt. J’ai étudié la teneur en qualité des crèmes de soins.

– Une ligne féminine de cosmétiques, c’est une idée géniale, dit Nelly.


Alana et Rozenn restaient souvent tard, le soir, à écouter le jargon de leur protégée, un langage qu’elles allaient assimiler et le véhiculer. Quelques jours plus tard, on ne parla plus que du jardin de Rozenn et des savons d’Alana. Leur kiosque fit de l’effet quand Brennos et Yorrik eurent sculpté en cursive l’enseigne sur des tablettes de bois recouvertes de cire.

La pensée de Nelly se déroulait comme un parchemin où étaient notées avec soin les différentes phases de la démarche d’un marketing improvisé. Nelly, dans le feu de l’action ne se maîtrisait plus et leur indiquait les diverses potentialités d’une structure bien posée. Les mots tombaient comme une torche enflammée. « Opération marketing » fut le mot d’ordre. Brennos les regardait, assis au coin du feu et s’attendrissait de les voir si actives et impliquées dans le travail du village. « On ouvre demain ! ». Un cri comme un coquerique enthousiaste de matins prometteurs.

A voir le lendemain les files de curieux devant leur échoppe leur redonna du poil de la bête. Quelque chose se dessinait et portait ses fruits.

Nelly, déterminée, vint à la rescousse. Elle faisait patienter les clients en offrant des tisanes de décoctions dont elle narrait les vertus et les effets apaisants sur leur peau. Combattre les rougeurs, les rides, les cernes, les taches brunes, cela demanda un discours qui inaugurait une autre sorte de poésie florale de douceur que Rozenn trouva à son goût. La forêt en leurs lieux de magie et de sorcellerie, d’esprits superstitieux et craintifs, n’était que l’antre de pouvoirs lugubres et agressifs. Les divinités agrestes étaient rudes et vigoureux. Cernunnos modulait un chant fantastique où les fleurs n’étaient cueillies que par les druides. La caverne des esprits nocturnes avait un côté lugubre que le discours de Nelly atténuait. Damona, la déesse des sources, ouvrait son cours rafraîchissant, les sombres maîtres des grands chênes s’apprivoisaient, les superstitions se figèrent. On écoutait une autre voix, venue d’ailleurs. Nelly parla de la rose sauvage, de la lavande, du pavot et du jasmin. Elle raconta les modes de fabrication de leur parfum, la délicate senteur qui pouvait en être extraite. Le druide Dumnorix entendit parler de ces réunions et ne tarda pas à s’inviter. Il ne dit pas un mot, se contentant de tout observer.

Brennos abattit des troncs d’arbres, se lança dans la fabrication de sièges, de tables, de bancs. Le village changeait d’allure. Chaque jour, les trois femmes restaient créatives, s’attachaient à relancer l’affaire. Nelly leur dit qu’une affaire qui retombe est une partie perdue.

Une visite au potager et des leçons de jardinage eurent lieu. Rozenn s’épanouissait, trouvait des débouchés originaux pour améliorer sa marchandise. Le travail produit dans les deux stands aiguisa la curiosité. Plus d’une personne vint demander conseil.

Les deux jeunes femmes établirent des réunions d’information. Au crépuscule autour du vieux chêne, le druide vint réciter des poèmes venus du fond des âges et qu’il perpétuait oralement par le chant et la récitation. Il se dit étonné, manifesta sa solidarité face à l’envergure des projets entrepris par les deux femmes.

Tout se terminait par un repas, les questions fusaient mais la question de savoir d’où venait Nelly ne se posa plus. Il ne vint à l’esprit de personne de lui redemander d’où elle venait tant elle était occupée à mener à bien son entreprenariat avec Alana et Rozenn.

Et un jour, quand la petite boutique atteint son rythme de croisière, Nelly proposa d’élargir son panel de clients en allant vers les autres. Les Romains ?


– Oui, et aussi ceux avec qui vous n’êtes pas en bon termes, vos voisins. Et il faut aller vers eux, les intéresser et si nos produits se vendent bien, ouvrir des succursales.


Et c’est ainsi que les femmes partirent pour l’autel des montagnes.

Elles entreprirent des voyages pour s’aventurer dans les villages voisins, Nelly aimait parler de sa démarche, de l’ouverture des marchés. Elle expliqua par quels canaux elle ciblait les personnes, leur démontrait l’utilité de ses produits, les valorisait. Le propos fit sa traversée hors des fortifications du village. On sortait des sentiers battus, la circulation de leurs produits allait indéniablement faire valoir d’autres produits.

De ce fait, Alana proposa de distinguer ses produits en leur donnant son nom. Bientôt il y eut des poèmes chantés par les plus imaginatifs, des formules fracassantes qui vantaient les promesses des deux enseignes : les roses de Rozenn et les laines d’Alana.

Brennos, impressionné par la démarche, leur tailla deux rondelles de bois. Alana y accrocha des chutes de laine et grava un dessin de roses. Rozenn, de sa pointe, dessina des fioles et des alambics pour son enseigne de naturopathe, de guérisseuse par les plantes.

Les femmes firent de longues randonnées pour chercher des plantes, refaire leur stock de marchandises. Les promenades les emmenèrent au cœur des vallons et des bois. L’appel des montagnes fut plus fort que les plus affriolantes des tournures mercantiles. Sous les voûtes des feuillages, elles entendirent des mélopées. Elles se laissèrent amadouer par les brames de cerfs marchant sur les pas d’un chevreuil. Nelly comprit que les balades dans les montagnes s’apparentaient davantage à des voyages intérieurs où entendre l’oratorio des grands espaces devenait une source d’équilibre pour leur vie amarrée aux simples labeurs quotidiens. Leurs gestes avaient besoin d’être accompagnés par la naissance du jour comme la célébration d’un office chanté. Elle se souvint de l’agitation des orgues, de leur élévation au milieu des fidèles. C’était une exhortation à grimper jusqu’à l’autel des pierres où Rozenn et Alana avaient pris le pli de déposer leurs récoltes : des feuilles, des glands, des colliers de chanvre sertis de pommes de pin. Rien que des produits des bois pour marquer leur présence au milieu du silence majestueux des plantes. Elles restaient quelque temps en tendant les mains vers d’invisibles officiants remuant les eaux magiques dans les calices de corolles dorées autour des chênes imposants. Des oiseaux en guise de ciboire frétillaient, prêts à s’élever vers les cieux et reprenant la même histoire, celle du ciel et de la terre, d’êtres fabuleux. Les noms de héros étaient repris, de personnages couverts d’anneaux, d’ossements, de racines pour mieux vivre avec les démiurges. En ramassant les champignons, des herbacées, le lis martagon, le nard celtique, les trèfles et sauges, les femmes s’arrêtaient pour voir les pierres et les palissades des arbres mouchetés de traces de doigts.

Elles s’imprégnaient de cette tristesse obscure pour mieux donner aux troubles de leur cœur une nourriture spongieuse.

En les accompagnant ainsi dans leurs marches fréquentes, Nelly comprit qu’il lui fallait partir un jour pour rejoindre sa propre route.

Elle le leur annonça par le biais de leurs projets d’expansion de leurs activités.

– Je pense que je vais aller plus loin demain, je vais voir les Romains chez eux de l’autre côté des montagnes.


Brennos et sa famille ne purent rien dire, il y avait une farouche fermeté dans le regard de Nelly. Ils pensèrent qu’ils ne savaient toujours rien d’elle, qu’elle était venue vers eux et que maintenant elle repartait.


– Elle ouvre les yeux !

– Cela va mieux ?


Des hommes, des femmes la regardaient. Les habitants de son village, elle les retrouvait ; elle était rentrée.

Il lui fallut beaucoup de temps pour se retenir de penser à ceux qu’elle avait rencontrés sur le bord de sa chute. Elle les voyait bouger en prenant son bus ou son train mais quand elle se promenait, elle les voyait dans les bois qu’elle traversait. Elle sentait leur présence, ils voyageaient avec elle et elle leur parlait sans se demander comment le temps pouvait se tordre, passer des années gauloises aux années bien réelles qu’elle suivait vaillamment.

Les balades dans la montagne lui revenaient en mémoire et elle se surprenait à tendre les mains vers le ciel.

Mais ce qui importait, c’était qu’elle portait une joie étrange au cœur, un murmure qui s’accrochait, un regard qui se penchait sur son épaule.

Il lui arrivait de parler, de répondre à un questionnement venu de l’au-delà :


– Oui, répondait-elle Mais oui, vas-y, Alana, continue.


Ginette Flora

Février- Mars 2024


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