Le chemin de Robert Louis Stevenson R.L.S.
- Ginette Flora Amouma
- il y a 15 heures
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©- mongr.fr-chemin de stevenson
Il est né à Edimbourg en 1850 et il est mort dans les îles Samoa, dans un petit bout de terre qu’il s’est acheté. Il avait 44 ans.
Comment a-t-il vécu ? Son épitaphe éclaire le chemin de sa vie. L'un de ses poèmes y est gravé :
Under the wide and starry sky
Dig the grave and let me lie,
Glad did I live and gladly die
And I laid me down with a will.
Romancier, poète, musicien, amateur et randonneur voyageur, quelle belle figure littéraire pour le salon littéraire et musical ! Il va de l’écriture à la musique, de voyage en balades solitaires pour assouvir une sourde mélancolie.
Après la publication de L’île au trésor et Dr Jekyll et Mr Hyde, on le connaît en tant qu’auteur de récits d’aventures et de romans fantastiques.
Son style très visuel crée une atmosphère prégnante quand il fait intervenir de nombreux narrateurs et ce faisant, en alternant des points de vue différents. L’intérêt et la curiosité sont maintenus, il « aventure » l’écriture comme on randonne sur des routes peu fréquentées.
Cependant il souffre toute sa vie d’affections pulmonaires que ses parents s’efforcent de guérir en déménageant fréquemment pour lui trouver un lieu de repos clément et favorable
au rétablissement de sa délicate santé. Rien n’y fait. Il est très souvent confiné et remis aux mains d’une gouvernante plus à même de veiller sur lui quand il est en proie à des fièvres qui lui inspirent des poésies angoissées.
Sa gouvernante et nourrice lui raconte des récits lorsqu’elle est à son chevet. L’enfant est gavé de contes mélodramatiques, de récits de valeureux chevaliers et de brillantes conquêtes. Il prend le goût de laisser courir son imagination, il se voit en pourfendeur des plus faibles, en bâtisseur, en intrépide voyageur, en écumeur des mers. Le voyage devient sa médication.
La famille déménage beaucoup pour rejoindre les cures thermales prescrites pour Mme Stevenson souvent malade et astreinte à des séances de repos. Mr Stevenson y voit le moyen de sortir son fils du confinement où ses bronchites répétitives le condamnent. Le jeune Robert visite l’Europe.
Durant les années 1863-1864, il écrit ses premiers récits d’aventures et se passionne petit à petit pour l’écriture. Il s’intéresse peu à ses études, s’y efforce pour faire bonne figure devant ses parents constamment inquiets mais il préfère voyager.
En août 1876, il fait un séjour à Barbizon, le village où se rassemblent les peintres de l’école pré-impressionniste. Il rencontre l’artiste peintre américaine Fanny Osbourne, de dix ans son aînée. Une relation sincère et heureuse s’installe mais les difficultés générées par une situation plutôt insolite plombent l’humeur de Stevenson qui part en retraite.
Il s’isole à Monastier sur Gazeille, une commune du département de la Haute-Loire où il prend ses quartiers dans une auberge. Pendant quelques semaines, il tente d’oublier ses soucis et son chagrin de n’avoir pu convoler avec Fanny. Il s’astreint à de longues balades et à des randonnées qui le rapprochent des récits des camisards de la région occitane.
Son chagrin d’amour aidant, son instinct aventurier réveillé, il décide de faire le chemin des anciens huguenots qui, pour échapper à la guerre des religions se sont refugiés dans les grottes des Monts Lozère et des Cévennes, dans l’austère et rude pays des rocs volcaniques et des granits. Vivre le moment présent pour se ressourcer à la terre mère, il en comprend la farouche pensée et l'intime conviction de l'âme cévenole.
Ainsi commence ce qu’on appelle la grande randonnée de Stevenson avec son ânesse Modestine. Il a 28 ans.
Stevenson et Modestine

Le chemin traverse l’Occitanie. Il part de Monastier sur Gazeille situé en région auvergnate pour entrer en Lozère et dans les Cévennes.
Il achète une ânesse qu’il nomme Modestine. Sur le bât de l’animal, il pose son sac de couchage et son ballot de vivres et d’effets personnels.
Le 22 septembre 1878, il commence sa randonnée entrecoupée de plusieurs étapes au cours desquelles il lui faut apprivoiser Modestine avec qui peu à peu il a des liens d’affection qu’il raconte dans son livre "Voyage avec un âne dans les Cévennes, 1879".
Douze étapes et de nombreux dénivelés attendent Stevenson qui marche pour ne pas sentir sa peine intime. 12 étapes qui le font passer par Le Bouchet St Nicolas, Langogne, Notre-Dame des Neiges, Chasserades, le Bleymard, Le Pont de Mont Vert, Florac, Cassagnas, St Germain de Calberte, St Etienne Vallée, St Jean du Gard.
Seul compte l’effort déployé pour entreprendre l’ascension des 1699 m du Mont Lozère, des gorges et des falaises des Cévennes, les monts arrondis des cônes volcaniques, les plateaux de garrigue et des sous-bois, 230 kms jusqu’à l’arrivée à la gare de St Jean du Gard où sentant combien Modestine est épuisée, il préfère continuer en train jusqu'à Alès.
Il a parcouru des terrains accidentés, des sentiers sinueux et dormi par des nuits glaciales. S'il s'arrêtait dans des auberges ou des abbayes, souvent la terre était son lit et les étoiles, son toit.
Son récit est très peu diffusé à son époque mais il est devenu une sorte de bible pour les randonneurs du tourisme durable, non plus le tourisme de masse mais le tourisme qui se soucie de préserver les éléments naturels de la terre vaste et riche d’espèces qui sont étudiées à la loupe de la communion intime avec la nature.
Je voyage pour marcher, non pas pour aller quelque part. L'important est de bouger, d'éprouver de plus près les embarras de la vie, de sentir sous mes pieds le granit terrestre et les silex épars avec leurs coupants. Stevenson-Voyage avec un âne
Stevenson vend Modestine, la mort dans l’âme et rentre en Angleterre. Il épouse enfin Fanny mais une recrudescence de ses attaques de pneumonie le laissent souvent alité. Il repart en voyage à la quête d’un climat meilleur et favorable, capable de calmer ses faiblesses respiratoires.
Il voyage de 1880 à 1877, en Europe, aux Etats-Unis, en Océanie où il s’installe en 1890 à Vailima dans les îles Samoa.
Il meurt en 1894 d’un AVC à l’âge de 44 ans. Sur sa tombe sont inscrits les vers de son « Requiem »
Sous le vaste ciel étoilé
Creuse la tombe et laisse-moi en paix,
Heureux ai-je vécu et heureux je suis mort,
Et me suis couché ici de mon plein gré.

© suislecolibri.fr- gr70 - le sentier de Stevenson
J’avais cherché l’aventure toute ma vie, une aventure sans passion, comme il en advenait, aux voyageurs héroïques des premiers temps ; et se trouver ainsi, au matin, dans un coin perdu et boisé du Gévaudan, désorienté, aussi étranger à ce qui m’entourait que le premier homme abandonné dans les terres, c’était voir, comblée, une partie de mes rêves éveillés. Robert Louis Stevenson

© chemin de Stevenson

© peinture de Babeth Louisa - Tour carrée de l'horloge à la gare de St Jean du Gard
Ginette Flora
Avril 2025
Le chemin de Robert Louis Stevenson est toujours aussi captivant. Merci pour ce texte riche en informations, photos, dessins, Ginette.
En 2020 est sorti un film qui m'avait beaucoup plu : "Antoinette dans les Cévennes". Antoinette (Laure Calamy) suit le chemin de Stevenson en compagnie d'un âne répondant au prénom de Patrick.🙂
Bon week-end avec soleil et ciel lumineux ! 🌞