top of page

Le salon littéraire ... le poème d'Octobre pièce 9

Dernière mise à jour : 22 nov. 2023




Etoiles de la nuit, étoiles de nymphéas dans l'étang, un rêve infini les rassemble.

Chopin entre dans la nuit étoilée de Van Gogh et Monet ne cesse de peindre ses nymphéas dans les eaux bleutées de son univers.

Musique et peinture empruntent à la poésie le bleu de l'âme, chacune se nourrissant de son espace, parfois le traversant pour en repasser la vision qui a pu en être approchée.

Ce côté surnaturel, c'est la symbolique du cercle des fées. La tradition orale dit que ces figures concentriques sur le sol herbeux évoquent un chemin d'accès vers un autre monde.

Nous avons, en chacun de nous, un monde qui vit avec le temps qui lui est imparti, si loin quand il devient nostalgique, si près quand on a cru pouvoir y entrer mais si vite parti quand il a continué son voyage interstellaire.

J'ai pensé au "Poème d'Octobre" de Jules Massenet dont un motif musical a permis à Joseph Kosma de composer les feuilles mortes.

C'est sur ce thème nostalgique que la pièce 9 de notre salon s'ouvre.

C'est l'histoire de ce que le temps nous apporte et emporte en laissant ses feuilles mortes, cycle éperdument mélancolique que nous traversons sans fin, que nous essayons d'en parler en peinture, en poésie ou en musique et que ce mois d'octobre nous permet d'évoquer à travers nos articles.

- Notre amie Louisa peint des sentiers discrets qui serpentent dans les paysages du sud. Des ombres s'y penchent ... Laissons-nous tenter et traversons la frontière qui chancelle là-bas ... au bout de la ligne d'horizon.

- Notre ami Randolph nous présente son Book, véritable anthologie des compositions de jazz. Nous le laissons en parler tant sa faconde égale son érudition.

- Le texte d'Albane Charieau nous fait vivre ce moment où le rideau s'écarte pour nous inviter à voir un temps unique, intense, fugace d'émerveillement, de beauté et de grâce ... pour se refermer et cet instant, on le vit comme le déchirement d'un ciel qui s'est ouvert pour vite se figer.

- Notre ami Fréderic nous fait écouter son troisième mouvement " Flying above the clouds" de sa playlist " Soundscapes for heart and mind " et il nous fait voir le florilège 3 consacré aux derniers dessins de Louisa.

- Et j'ai voulu terminer la séance par la chanson " Les feuilles mortes" interprétée par Yves Montand et l'interprétation du contre ténor Philippe Jaroussky.





La route aux cyprès nous laisse songeur ainsi que l'allée bordée de fleurs dans le sud méditerranéen.

C'est une invitation à un voyage.

Notre amie a dessiné des fleurs qu'elle nous tend en disant : " Pour mes amis " et cette offrande a une valeur inestimable. Le soleil couchant grésille le feu de l'amitié et dans le mas paisible, le clocher résonne dans le bruissement des oliviers.

Louisa nous en parle avec délicatesse et cœur :

"Enfant lorsque j'allais sur les chemins de campagne, il m'arrivait de cueillir quelques

fleurs sauvages.

Quelle tristesse lorsque je les voyais faner dans un peu d'eau.

L'odeur des fleurs coupées chez les fleuristes me soulève le cœur.

Aussi, je les prends en photos ou je les peins pour les offrir à mes amis.

C'est pour cela que je peins essentiellement des fleurs sauvages

dans leur fragilité !

Je sais qu'ainsi je les immortalise !

C'est quand même autre chose !"


Les pages du livre reçoivent aussi leur lumière crépusculaire. Nos pensées puisent dans les flots une indicible sérénité.





Le Real Book / les standards


Le Real Book est un livre qui rassemble les partitions de la plupart des standards* de jazz. Cette somme est le fruit d’un travail de collection et de transcription effectué par les étudiants du fameux Berklee College of Music durant les années 1970. Il se décline en trois volumes ; les deux premiers sont manuscrits, le troisième est typographié.

Le « Book », comme l’appellent les vieux briscards, est indispensable à tout musicien de jazz amateur. Il est également très pratique pour les musiciens professionnels car il est disponible en différentes éditions pour convenir aux instruments en si bémol, mi bémol ou en tonalité de référence (do). Un chef peut annoncer les numéros de page, des joueurs expérimentés liront d'un seul coup d'œil des morceaux qu'ils ne connaissent pas. Le recueil comprend également un certain nombre de grilles harmoniques, utilisées notamment lors des improvisations.

Le New Real Book, plus moderne, bénéficie de nouvelles transcriptions et d’une polygraphie incomparable. Les partitions sont au format pdf.

_______________


* Un standard de jazz est une composition qui revêt une importance particulière. Les thèmes musicaux, souvent à la base d’arrangements ou d’improvisations, sont joués, réarrangés, détournés, en particulier lors de jam sessions (séances musicales improvisées à laquelle se joignent d’autres musiciens - en France, on dit « faire le bœuf »). Les standards de jazz représentent un patrimoine historique.

Tous les standards n'ont pas été écrits par des compositeurs de jazz. Beaucoup sont des chansons populaires ou des airs de comédies musicales, ainsi qu’un certain nombre de blues traditionnels.

_________________


Exemple de composition devenue un standard :"Along Came Betty" de Benny Golson


Ce morceau est apparu pour la première fois en en 1954 en version instrumentale sur l’album "Jazz Profile" d'Art Blakey & the Jazz Messengers dont Golson était le saxophoniste. La pièce a été nommée et inspirée par la femme nommée Betty que fréquentait B. Golson. Jon Hendricks a interprété une version vocale au milieu des années 1950. En 2000, la chanson avait été utilisée dans plus de 42 albums de jazz. Jamais deux fois de la même manière !


En lien principal, vous trouverez la partition et la vidéo de l’une des interprétations du compositeur saxophoniste (les lecteurs de « La grande Parade du jazz » sur short-édition et des photos en regard reconnaîtront certains musiciens - Curtis Fuller au trombone, Buster Williams à la contrebasse).



- Lien principal (partition +vidéos):(si le lien ne s'ouvre pas , touche ctrl +clic gauche)



- Version vocale par un très grand chanteur de jazz, Jon Hendricks :





- Version « Soul », arrangée par le fameux Quincy Jones :



_________

- Lien vers "La Grande parade du Jazz" :


Passionné dès l'adolescence par le jazz, autant que par la musique classique (ces deux termes représentant chacun tout un nuancier de styles et d'expériences acoustico-émotionnelles), j'eus la chance de connaître la Grande Parade dès sa création, en 1974.


Cette belle manifestation a été initiée dès 1948 par le fameux critique Hugues Panassié, qui invita, excusez du peu, Louis Armstrong, Mezz Mezzrow, Barney Bigard, Django Reinhardt, Stéphane Grappelli, Claude Luter, Earl Hines, Jack Teagarden, Rex Stewart et Yves Montand pour les plus célèbres. Ce Festival se déroulait dans les lieux culturels de la ville de Nice: l'opéra, le casino municipal et le Théâtre de verdure.


En 1974, Georges Wein - créateur du Newport Jazz Festival - prend la relève. Nouvelle dénomination - « La grande Parade du Jazz » - et implantation aux Arènes de Cimiez, sur les hauteurs de la ville. Entre les admirables jardins du monastère qui offrent une vue sur la mer, et les restanques d'oliveraies, on découvre les ruines romaines, dont l'arène, bien conservée, reçoit la scène principale. Au total, trois estrades sur lesquelles les plus grands musiciens de jazz se produisent du début de l'après-midi jusqu'à minuit, pendant une dizaine de jours. Le rêve ! Pour se restaurer, plusieurs buvettes et restaurants en plein air dont le plus apprécié est le «New- Orleans» où je me souviens avoir mangé le meilleur et le plus épicé chili con carne de ma vie !


Aujourd'hui, cela est devenu le « Nice Jazz Festival » qui, d'après les commentaires et les têtes d'affiches, n'a de jazz que le nom.


Chaque année, jusqu'en 1979, je passais de merveilleux moments musicaux et photographiques. Les quelques photos retrouvées vous seront présentées, pour certains d'entre vous une deuxième fois, comme autant de témoignages de l'ambiance swing de l'époque.



________________________


Quelques (très anciennes) notes sur le jazz :


Le jazz est un état d'esprit, une culture, un rythme, une pulsation spécifique que l'on peut nommer le swing.


Issu du blues chanté par les esclaves et des spirituals, le jazz porte en lui l'héritage afro-américain. Très tôt combiné à la musique européenne, il se développe en de nombreux genres musicaux, mais tous gardent la racine blues, plus ou moins audible, mais jamais absente.


À partir d'un thème, se développent les variations propres à chaque interprète, le ou les soliste(s) improvise(nt) un chorus, durant un nombre donné de mesures. Le retour au thème est souvent chargé d'émotion, telle l'Aria da Capo des Variations Goldberg (ici s'arrête la comparaison !).


L'improvisation n'est pas la liberté de jouer n'importe quoi, n'importe quand. Il y a un cadre en unités de mesures, et surtout une grille d'accords à respecter. La trame la plus simple est celle du blues.


__________________


«Toute mélodie possède deux rythmes, un rythme apparent et un rythme profond, ou rythme intérieur. C'est ce rythme profond qui caractérise « le Swing » Jean Wagner – Histoire du Jazz.


___________________



Un soir d'automne des année quatre-vingt.


Dans le jour finissant, à l'écart des habitations, face à la Sainte Victoire, avec mon ami Slim, duo percussions et saxophone. Nous jouons une ballade, Mood Indigo, suivie d'un long blues en si bémol. Les notes bleues s'élèvent, portant nos espérances, nos amours, notre vibrante amitié, nos rêves que le vent emporte, mêlés aux blancs pétales de cerisiers...... humbles volutes de sons et de couleurs... fragments de poésie... fragments de vie.



- Lien vers photomontage du ©Duo :






Notre amie Albane Charieau nous rend visite avec un très beau texte :


En arrière


Elle était là, au milieu du champ fauché, sa silhouette se dessinant sur l'azur. Le village, groggy de chaleur, somnolait au creux de la vallée, et des foins nouvellement coupés, montait une odeur de paille sèche mêlée de poussière.

Je savais qu'elle n'était venue que pour moi, qu'elle n'attendait que moi et aucun autre saisonnier. Je m'épongeai le front, but rapidement une rasée d'eau fraîche cachée sous les pierres puis je lançai un rapide coup d’œil aux montagnes qui me faisaient face.

Elle ne bougeait pas, ne parlait pas, elle attendait simplement. Des mèches blondes s'évadaient de ses peignes, dressant au-dessus de sa tête, comme une sorte d'auréole.

Derrière moi, les autres, mes compagnons, à l'ombre des fayards, se racontaient leurs vies, leurs journées, parlaient de leurs femmes restées au village natal.

Elle s'avança vers moi de quelques pas, et se fit à nouveau immobile. J'avançai également, réduisant ainsi la distance entre nous.

Les formes de son visage se fixèrent plus clairement, je vis que ses lèvres étaient closes, et dans ses yeux, comme une espèce de fatalité. De temps à autre, le soleil piquant, faisait jaillir de son pendentif, des pointes de feu, soulignant à l'extrême sa peau blanche.

Quelque chose de nostalgique et d'indéfinissable qui m'atteignait douloureusement, planait au-dessus d'elle, et vint se loger dans ma raison me brouillant la vue.

Elle avança encore, juste assez pour que je respire son parfum, son souffle, sa détresse. Mes mains, soudainement indisciplinées, me prièrent de la saisir, de l'enlacer pendant qu'en proie à mes doutes, je m'y refusais.

Des rires éclatèrent dans les sous-bois, nous faisant tressaillir tous deux. La clarté insolente du jour pénétra avec furie ses yeux bleus, m'offrant pour une seconde, deux topazes bleues. Il y eut en elle, une certitude féroce, une résignation à peine voilée.

Oui, elle était venue pour moi, et je compris instantanément que rien, absolument rien, ne la renverrait chez elle. Le veuvage précoce, l'épicerie de son père, un ventre sans enfant, avaient eu raison de son âme et de son dévouement. Elle était de ces femmes que l'amour, que l'on eut pu nommer folie, rendait indifférentes à la vie terrienne. Elle était de ces femmes qui à la fois attirent, fascinent, et terrifient. Elle était de ces femmes qui, sourdes à ce qui les entoure, avancent vers leur destin, avec détachement et abandon.

Je devais retourner dans mon Tarn natal à la fin de l'été. Était-ce cela qui chez moi l'avait séduite ? Je n'avais pourtant rien de plus que les hommes de là-bas. Je n'avais rien de plus que le quincaillier, que le boulanger ou même que le notaire.


- Vous n'auriez jamais dû. me dit-elle

- Quoi donc ? Lui demandai-je circonspect.

- Vous inviter de cette manière dans ma vie. Fit-elle se rapprochant plus encore.


J'inspectai les alentours, la campagne s'embrasa, se fit cruelle, une meute de chien hurlant traversa le champ, mon pouls s'emballa, je pensai à mon village, à mes parents et cependant je ne voulus reculer. Il me fallait ou aimer ou rejeter cette femme.


- Voulez-vous de moi ? Me demanda-t-elle d'une voix claire.


Je ne dis rien. Je ne pus rien dire.


- Je vous dégoûte n'est-ce pas ? Reprit-elle sans compassion pour elle-même.

Je restai incorrigiblement muet, la campagne s'effondra sur nous, le champ nous enveloppa de sa poussière, de sa chaleur, nos fronts ruisselèrent amèrement d'un inattendu mal être qui finit de nous terrasser.

- Quelle idiote ! Lança-t-elle sèchement.


Je m'apprêtai à parler mais sa main tendue vers moi, m'ordonna de me taire. J'obéis, car je sus à cet instant, que je pouvais pour elle, faire tout ce qu'elle me demanderait.


C'était en août 1947.

Nous nous sommes croisés ce matin au détour d'une rue, la même intensité que cet été-là nous a saisis, mais nous n'avons fait que nous croiser.

Le temps a passé.


« En arrière » A.Odier

L'Herm le vingt-quatre septembre deux mille vingt deux.




Notre ami Frédéric nous parle de "Flying above the clouds ", le troisième mouvement de sa playlist : "Soundscapes for heart and mind"

Un retour vers l'enfant intérieur et pour cela privilégier des moments rares comme un voyage qui élève l'esprit vers la légèreté des nuages.

Mais laissons notre ami en parler lui-même :


"À l'instar des océans, se cache au milieu des nues un monde imaginaire. Ici, c'est l'enfant qui n'a de cesse de s'émerveiller qui parle ! ^^ Si la paréidolie alimente grandement ce sentiment qu'il est un blanc royaume au-dessus de nos têtes, les arts comme les croyances ont plus que contribué à ce doux rêve. "Flying Above The Clouds" (volant au-dessus des nuages) c'est un peu la volonté de retrouver les ailes de l'insouciance qui nous portaient autrefois et que l'on perd à l'âge adulte comme le fameux centimètre par décennie à partir de 40 ans. Assurément, avec les années, nous nous heurtons à nos limites, lucides sur nos propres capacités. C'est un peu comme arriver aux frontières de la réalité et perdre le caractère éternel que recouvraient nos rêves. N'en demeure pas moins une certaine nostalgie si ce n'est le fol espoir de voler un jour au-dessus des nuages en toute liberté..."




L'amitié ? Des touches de couleurs, des ruisseaux de musique, des perles de mots ... et qui finit en ce qu'on appelle l'amitié.

Frédéric A. a composé ce florilège pour notre amie Louisa. ( qu'il a également posté sur Short Edition )






Et nous terminons cette pièce 9 de notre salon avec les deux interprétations que j'ai choisies pour évoquer la douce gravité de l'automne de nos vies.





Yves Montand :


"Oh , je voudrais tant que tu te souviennes

Des jours heureux quand nous étions amis...

Les feuilles mortes se ramassent à la pelle

Tu vois je n'ai pas oublié "




Philippe Jaroussky :

" En ce temps-là, la vie était plus belle

Et le soleil plus brûlant qu'aujourd'hui

Tu étais ma plus douce amie...

Et la chanson que tu chantais

Toujours, toujours je l'entendrai. "


13 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout

Comments


bottom of page