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Le sacre du printemps d 'Igor Stravinsky

Dernière mise à jour : 21 mars


C'est un ballet qui célèbre l'arrivée du printemps tel que le rituel païen l'illustre dans sa démarche primitive qui inclut le rite du sacrifice d'une jeune fille pour remercier les dieux de l'abondance de vie donnée à la terre.

Stravinsky a déjà composé " L'oiseau de feu" et "Petrouchka". Il réutilise les éléments qu'il a expérimentés dans ses deux précédentes compositions à savoir le mouvement rythmique et les faisceaux sonores qui éclatent dans la musique.

Il continue sur sa lancée, il ouvre le répertoire de la musique russe, de son folklore, de ses ballets et en 1913, il compose "Le sacre du printemps" avec Vaslav Nijinsky comme directeur de la chorégraphie et comme chef d'orchestre, Pierre Monteux. Il achève son travail à Clarens en Suisse.

Et il présente l'œuvre en 1913 à Paris au Théâtre des Champs Elysées.

La salle est médusée ! Késako ?

Il n'y a pas d'intrigue, il y a deux tableaux, l'un est un spectacle consacré à l'adoration de la terre et l'autre est un rite cruel, celui du sacrifice d'une jeune fille pour rendre grâces aux dieux d'avoir fait revenir le printemps.

La parole ? La musique ? La parole est réduite au bruit de plus en plus fracassant, de plus en plus portée par une cadence infernale, des incantations poussées par de vieux sages ramenant à la lumière un langage originel et plus effarant encore, c'est la chorégraphie !

La chorégraphie est spectaculaire et déroutante ! Les spectateurs sont sidérés, les acteurs se contorsionnent sur scène, on dirait des pantins qui sautent, se tordent, rampent sur le sol, hurlent devant un totem !

On l'aura compris, on est loin des oeuvres classiques et Stravinsky a fait sauter tous les verrous des codes classiques et ouvre la porte à la démesure.






Les réactions fusent, tirs de balles au collet de l'auteur :

" Ce n'est pas le sacre du printemps, c'est le massacre du printemps ! ", crie-t-on de toutes parts. Les clameurs de l'auditoire sont telles que sur la scène, les danseurs doivent improviser car ils n'entendent plus l'orchestre et Nijinsky s'évertue à leur hurler quelques indications depuis les coulisses.

Stravinsky explique que "le sacre du printemps" représente les cérémonies de l'ancienne Russie d'où la création d'une musique qui rappelle les fureurs primitives.

Nijinski a créé des danses aux poses inquiétantes où les contorsions des corps ont causé un malaise au sein des spectateurs. C'est une chorégraphie qui a été par la suite maintes fois revisitée et tous s'accordent à dire que pour représenter cette œuvre, il fallait oser apporter une autre pigmentation.

L'énergie musicale, le déferlement des instruments à vent, les charges des percussions ouvrent la voie à de nouvelles explorations musicales.

Stravinsky s'écarte ainsi de l'harmonie classico-romantique et jette les éléments d'une esthétique provocante, multiple à plusieurs temps, qui influenceront ceux qui viendront après lui.

C'est une révolution dans l'utilisation des instruments. La musique de Stravinsky rompt avec le passé par son abandon du lyrisme, par son abandon du passé païen de la Russie. Cela lui permet d'explorer un monde musical nouveau, sauvage et cruel dont la construction reste savante.


Le premier tableau : l'adoration de la terre


Dans le premier tableau, on célèbre le printemps. D'abord lent, le rythme explose graduellement pour exprimer l'éclosion des fleurs et la joie de revoir la vie reprendre ses couleurs. Tous, jeunes et vieux, glorifient le printemps.

Chaque tableau présente six danses.

Dans "Les augures printaniers", le morceau est basé sur l'accord "Totchok", répété 280 fois.

"Les rondes printanières" sont composées sur un thème folklorique et "La danse de la terre" est frénétique, mimant une joie extatique.

Les augures printaniers



Les rondes printanières




La danse de la terre




Le deuxième tableau : le sacrifice


C'est la nuit. Autour des pierres consacrées, les jeunes filles vont désigner celle qui sera sacrifiée : c'est la danse sacrale.

Toutes les danses glorifient l'élue et évoquent la mémoire des anciens, l'action rituelle des ancêtres jusqu'à la danse finale.

Glorification de l'élue



Action rituelle des ancêtres



Danse sacrale



Stravinsky ouvre l'ère du spectacle total où danseurs, compositeurs, poètes, peintres se rassemblent dans une compagnie pour créer des oeuvres à plusieurs mains.

Tout est une révolution dans cette œuvre.

Par la suite, d'autres chorégraphes vont proposer leur propre chorégraphie autour de l'idée d'un monde que l'on quitte. Depuis le fond des âges, le printemps n'a cessé de nous interpeller, de nous jeter dans le rythme d'un cycle qui ne s'arrête pas.


Ginette Flora / Mars 2024

"Adoration de la terre " , 1912, peinture de Nicolas Roerich, peintre et spécialiste de l'Antiquité slave avec qui Stravinsky élabore l'argument du sacre du printemps.







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4 Comments


je ne connaissais pas tout et c'était encore une belle visite ici ...et le printemps est libre, audacieux, si beau ! Merci, Ginette !❤️

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C'est un sacré spectacle en effet !!

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berliner.randolph
berliner.randolph
Apr 10, 2021

Un sommet !

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J'aime ces grandes interprétations avec costumes et décors appropriés .

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