Les codes de l'Ikébana

L'ikebana s'est taillé une très belle place dans l'univers artistique de l'esthétique japonaise.

C'est la composition et l'expression d'un art ancien qui traverse les siècles avec une économie de moyens qui contraste avec la profondeur de la réflexion qui s'en dégage.

Une tige aérienne, une seule ou deux posées au centre d'une coupe ou d'une vasque suffisent pour indiquer une présence subtile.

Ensuite une feuille, une fleur, éclat de végétal choisi à dessein pour compléter le récit vient sublimer l'ensemble de la composition.

Tout est dit pour nos yeux ébaubis.

L'association " Fleurs et Japon" a de beaux jours dans le village où elle a coutume de présenter son travail au cours des ateliers d' Arts et des fêtes annuelles qui animent les saisons.

Chaque geste posé a une signification, chaque brindille qui semble vouloir craquer pèse cependant de tout son poids de connotations.

C'est un art très ancien qui remonte au VIIIème siècle.. Les deux compositrices me parlèrent de l'Art floral japonais au cours de la journée des artistes.

Un geste accompli est une voie qui mène vers ce qu'on ne connaît pas mais qui se révèle à mesure que le chemin spirituel se découvre.

Tout ce qui vit et bouge dans l'air et sur terre est une voie à emprunter. A chacun de nous de la parcourir à son rythme.

L'ikebana ou le Kado est la voie des fleurs comme le Chado est la voie du thé et ainsi tous les arts qui suscitent un tressaillement de l'esprit, interpellent et sollicitent une attention particulière.

C'est la pratique de l'art dans le quotidien, c'est le geste personnel apporté à la composition qui lui donne sa spécificité;

Le geste posé avec concentration devient un geste précieux, émanant d'une source spirituelle, personnelle, intraduisible d'où la force et le mystère de l'arrangement floral.

La composition

Branches, tiges et fleurs, les unes pour leur forme nerveuse, austère, dépouillée, les autres pour leur couleur, leur beauté rayonnante. Placer un rameau courbé ou élancé, dégarni et sobre au centre d'une fleur épanouie conduit aussitôt à faire émerger le contraste entre les deux éléments et donc le surgissement d'une idée.

Les codes

Trois lignes principales font référence à la triade bouddhique : ciel, homme, terre. Ensuite le choix du contenant est primordial. Le récipient ou vase répond à la réflexion voulue. Il y a des vases adaptés à chaque composition :

- Des vases "nageire" en hauteur

- Des vases "moribana " qui sont plats

- Des vases "yubana" qui sont créés avec divers matériaux sous diverses formes ou associés à d'autres formes.

Le propre de l'ikebana est de trouver l'harmonie entre les éléments qu'il a entre les mains. Le vase ne doit disparaître ni sous la composition ni l'écraser ni l'amoindrir.

Et enfin, il ne faut pas oublier l'eau qui pérennise la composition, la maintient pour un temps qui est long quand on n'a plus de la composition que son essence spirituelle. L'eau devient son, chuintement dans les bassins larges et plats où le végétal se mire.

C'est en travaillant régulièrement à l'ikebana qu'on en ressent les effets car une fois les principaux thèmes de base assimilés, il y a un autre chemin à prendre, celui qui nous mène vers l'apaisement, vers le repos, vers une distanciation avec l'extérieur pour mieux se recentrer sur ses vibrations internes où l'on se rencontre soi-même.

Ginette Flora

Juillet 2024