Elle y plongea les doigts. L’eau s’étira en fines ridules. Elle réveilla un clapotis, l’eau ne dormait pas, l’eau attendait. Elle s’attarda un moment comme à l’accoutumée mais elle sentit qu’elle ne voulait plus mesurer le temps, qu'elle préférait demeurer immobile, tous les sens aux aguets.
Ce fut ainsi qu’il entra. Ce n’était qu’une harmonique. Elle chercha autour d’elle comme s’il s’agissait d’un bruissement de feuilles balayées puis ramassées à dents de fourche. Elle pensa à des pas, s’en inquiéta mais le ciel devint si bleu qu’elle attendit. Des nuages blancs invisibles quand elle était arrivée, avançaient en bandes nacrées. Une ronde de flocons et de croches s’esquissait entre les nimbes et les trilles, passagers d’un voilier de l’espace.
Le ciel devenait plus crémeux, une ligne rouge ourlait ses façades bleutées.
Elle se détourna, se releva, l’herbe montrait la trace de son affaissement. L’heure tournait, elle ne voulut pas se jeter sur sa montre, vivre du boléro des aiguilles sur le temps qui lui était imparti.
Son temps, elle le déplorait parfois, était compté. Nul n’osait le lui dire abruptement. Elle n’avait pas besoin qu’on lui avouât une vérité angoissante. Bénédicte avait trouvé refuge dans un espace réservé à ceux qui étaient épuisés. Au seuil de l’épuisement physique, au seuil de l’épuisement mental.
De la haute bâtisse blanche qui jouxtait la promenade des rives du lac couché dans les montagnes, lui parvenait la conscience d’une lente cicatrisation.
La mesure du temps, le temps fractionné, l’aide aux lianes de vie toujours en retrait comme une auxiliaire vigilante, la tenait rattachée aux limites des consignes admises. Elle se dit que ce qu’elle avait entendu venait d’une autre dimension, un frétillement d’aile déployée avant l’envol, un ciel qui faisait peau neuve, une eau ruisselante sur la face poreuse de sa main. Le goût lui plut par sa nouveauté, sa jaillissante intrusion, atterrissant sur sa joue.
Le long de la promenade, des fleurs s’épanouissaient comme sur un autel où commençait une liturgie.
Se promener sur la corniche, c’était respirer la grave fragilité des roses, se demander d’où provenait l’effluve sucré des cannas.
En retournant à son logis appelé « La Maison bleue », elle sut qu’un élément nouveau avait surgi. Elle avait rencontré une pensée, le fragment d’une pensée qui avait basculé dans son univers. S’en apercevoir, se laisser aller à border cette nouvelle idée l’emporta jusqu’à un rivage méconnu. Elle accomplit machinalement les divers gestes du quotidien. L’établissement donnait à ses résidents une formule de vie adaptée à leur temps de vieillesse. Bénédicte avait choisi la promenade comme adjuvant principal à ses journées.
Après de légères ablutions, ceux qui s’attablaient dans la principale salle à manger dévorée de sculptures, des modernes aux anciennes, parvenaient à retrouver leur place, les couverts et les serviettes de table indiquaient les noms de chaque convive, insérés dans des bristols colorés. On ne pouvait oublier ni ignorer les noms des résidents. Tout était numéroté, un signe distinctif, un symbole aidait les plus amnésiques à se diriger vers leur place.
Hubert qui perdait la tête très souvent, retrouvait son chemin en visualisant son logo frappé de son initiale et de son portrait que l’une des résidentes avait fait de lui. C’était un jour mémorable quand le chevalet avait failli tomber dans le lac et qu’Hubert, en voulant le rattraper, avait chuté dans les flots. Le plongeon artistique des aides soignantes dans leurs blouses blanches, telles des ailes de cygnes avait suscité maints applaudissements des quelques badauds qui s’étaient rapprochés. La foule s’amassait sur les rives avant qu’on repêche un Hubert sidéré, absolument détaché de la panique qu’il avait ressentie, lui qui ne se souvenait plus s’il savait nager. Il avait laissé faire les événements. Depuis l’incident, Hubert se demandait ce qu'était un souvenir mais le symbole du petit carton fiché entre les dents de sa fourchette le lui rappelait confusément par touches picturales qui l’amusaient.
Quelques tables, peu de locataires pour l’étrange bâtisse promue « Maison bleue », gérée par des organismes soucieux de diversifier les services dispensés aux résidents du troisième âge.
Bénédicte faisait figure de résidente atypique. Elle ne se pliait pas totalement aux us et coutumes de la maisonnée. Elle s’ingéniait à faire croire qu’elle s’y conformait mais tout le sel qu’elle saupoudrait sur ses gestes et son maintien indiquait qu’elle vivait à la lisière du quotidien et de l'imaginaire. Le personnel ne pouvait lui en tenir rigueur. Bénédicte savait aussi s’intéresser aux menus problèmes des uns et des autres. Ce qu’on croyait d’elle ne tenait jamais la route. On commençait à penser qu’elle était ailleurs mais on rétrogradait quand on la voyait traverser la salle et aider un résident à retrouver les lunettes qu’il laissait tomber si souvent qu’exaspéré, plus personne ne lui prêtait attention. Elle agissait comme si elle rentrait d’un voyage, elle déposait ses sacoches et rentrait dans la conversation comme si elle ne s’était pas absentée.
Le bon mot pour la définir aurait été la locution « absente à l’adresse indiquée. » On sentait bien que chez elle, il y avait un défaut de position, un sursaut d’impatience. Le temps l’oubliait parfois dans ses murs et elle cherchait sa route.
Quand elle revenait, elle écrivait, couvrait au moins une page de son cahier nocturne. Elle se disait que le jour où ses neurones perdraient de leur puissance, elle aurait une lecture qui lui peindrait les visages perdus. Une description minutieuse du côté du visible était consignée, la couleur de sa couette figurait également dans ses pages, rien n’était omis hormis ce qu’elle n’avait jamais su prendre : la boursouflure de ses palpitations quand elle était prévenue par une étoile. Elle se disait que le jour où elle ne croirait plus à rien, elle s’étonnerait de lire dans son carnet la vie d’une personne qui avait pris sa peau comme apparence.
Toutes les portes ne s’ouvraient pas. Le jour a besoin d’ombre. Bénédicte partait alors se promener. Elle aimait se baguenauder, c’était sa façon de dire qu’elle avait besoin de libérer un être tapi au fond d’elle-même, un petit être qui partait souvent. L’air iodé, les embruns, c’était du ressort de l’impalpable, l’invisible sans formulaire à remplir, une substance qu’on ne voyait pas mais qui toujours restait présente. Elle aimait lui tendre la main, la seule rencontre qui la faisait sortir de la maison. Sentir que l’eau venait sur son bras, la recueillir, la réveiller et la tenir en haleine, c’était devenu une exigence. Plonger la reconnaissance de son existence jusqu’à une profondeur impossible à imaginer mais en revenir soigné.
Il y avait des soins qu’on dispensait pour tous les maux. Des sédatifs aux vitamines qu’elle prenait parce qu’on les lui donnait. Mais le passage des jours lui avait appris que rien ne pouvait remplacer les soins qu’elle s’était choisis pour ouvrir sa vie intérieure.
Elle pouvait échapper à tous les maux autour d’elle, à tous les inconforts, c’était des points de suture qu’on pouvait coudre et attendre qu’ils cicatrisent. Le mal le plus périlleux était ailleurs. Il était en elle. C’était son esprit infatigable qui se soulevait pour considérer son discours, ami ou ennemi, elle avait appris à le reconnaître jour après jour, marche après marche. Elle réussissait à l’éloigner quand elle laissait entrer un ciel pastel, une haute montagne, un rivage habillé de pas ensablés. C’était l’appel, l’invitation à traverser une terre qu’il lui semblait toujours connaître.
L’idée lui vint d’écrire des contes à mesure qu’elle prit l’habitude d’accompagner les éléments naturels dans leur périple immuable. Froisser ses peurs pour ne moissonner que des champs d’orge et d’épeautre.
L’histoire d’une fleur tombée dans le lac et qu’une main saisissait pour en faire un anneau lui vint d’emblée chatouiller sa plume. Ses tempes sortirent de leur engourdissement. Elle découvrit la frivolité, la joyeuse, celle qu’elle croyait avoir perdue pour de bon. C’était comme se hisser sur le dos d’un animal et entreprendre le voyage d’une fleur ruisselante de gouttelettes qu’une main anonyme s’empressait de prendre et de ranimer.
D’autres récits prirent forme. Elle se dit que les mots venaient à elle, que des bruits s’exaltaient, qu’elle pouvait voir plus loin que ce qui lui était donné de voir. Un exercice qui la tint éveillée. Son carnet se remplissait de fragments, bribes de notes, tout prendrait forme comme le verrier maniant son chalumeau sur un matériau avant de le sentir refroidi sous ses doigts.
– Et alors ? Où en sont vos contes bleus ? lui demanda Hubert sur un ton taquin.
Les nouvelles circulaient vite, les murs des couloirs étaient comme des passoires. Ils n’étaient qu’une dizaine dans leur cercle de carreaux juxtaposés, pièces mortaisées s'ajustant sur un vitrail qu'inconsciemment ils dessinaient. Ils étaient arrimés à leurs horaires, leur quiétude venait de l’obtention d’un espace, la porte de la grotte qu'ils creusaient de cryptes ne s'entrebâillait que s'ils venaient reprendre leurs conciliabules. Quand leur silence se disloquait, ils le repeuplaient de mots codifiés, un canal de communication qu'ils affectionnaient, débris d'enfantillages mais rehaussés d'une lucidité qui les plissait davantage. Une vie interne les ramifiait, une vie près des racines d’une forêt qu’ils habitaient et remplissaient de leurs secrets. Des gnomes habitués les uns aux autres, c’était des loupiotes qu’ils tenaient à la main, les plaçant sur le rebord de la fenêtre, la nuit, devant une lune impatiente de leur montrer sa lanterne éternelle.
– Il faudrait nous les lire, dirent les soignants en emportant les plateaux après avoir annoncé qu’ils reviendraient et que la seconde tournée réservait un menu qui sortait de l’ordinaire. On ne laissait pas la morosité s’empierrer sur les encoignures des pièces de vie ni la passivité rider davantage les visages fatigués. S’il y avait des entorses à l’ordre émis, il suffisait d’un infime changement pour laisser les esprits se laisser aller à la rêverie. Bénédicte commença à lire ses contes bleus pour un public qui ne dépassait guère les portes de la résidence. Pendant quelques soirs avant l’extinction des feux, entre l’heure de la tisane et de la pomme à croquer, les résidents se laissèrent envahir par l’univers des contes où ils se reconnurent, retrouvèrent leurs endroits favoris. Bénédicte refaisait leurs balades et les peuplait de personnages aventureux que la vue d'un simple oiseau pouvait être source de récits imagés.
Les séances de lecture s’espacèrent quand Bénédicte leur dit qu’elle n’arrivait pas à achever son dernier texte.
– Il a bien un titre ? Une action ?
– Non pas de titre. Je ne trouve pas. Et l’action, elle a l’air de tomber chaque fois que j’essaie de la faire repartir.
– Mettez-y du chaud et du froid, n’importe quoi pourvu que cela fonctionne !
– Non, on n’écrit pas n’importe quoi. On écrit parce que c’est voulu quelque part. Longtemps je n’ai pas écrit. L’écriture revient, c’est elle qui cherche quelque chose. Il ne faut pas la décevoir ; elle a besoin de l’auteur !
Elle se retrouva une nouvelle fois près du banc, près des rives du lac, auprès de son promontoire rocheux. La présence, particulièrement déterminée, lui semblait plus proche que la fois dernière. Le lac devint immobile, elle sentait l’air se figer. Elle reconnut le passage d’un léger coup de vent sur son visage. Quelques notes perlèrent comme quelques gouttes de ciel secouées par les branches des ormes. Son cou se raidit, elle en était persuadée, la présence se manifestait. Le pas de danse reprit avec grâce, avec légèreté, avec lenteur. Elle ne put s’empêcher d’en admirer la volute aérienne.
A chaque fois qu'elle s'abandonnait à la volupté de l'instant, il était l’heure de rentrer car elle ne devait pas dépasser un certain horaire au-delà duquel on partirait à sa recherche. Elle resta longtemps à combler la dernière minute où toutes ses aspirations se libéraient. Même le temps avait perdu ses mouvements de balancier. Une coulée de chuchotis au-dessus de l’eau était devenue plus importante, des spirales sur les vaguelettes à peine effrayées par les arabesques de ses rêveries.
Quand elle revint le lendemain, elle évalua le lieu. C’était entre les grands cicas et les arbousiers, elle chercha un repaire niché dans les frondaisons.
Sur les quais du lac, des bancs attendaient, invitant à s’abandonner à la contemplation de ce que ciel donne sans cesse, à l’existence immuable de montagnes, d’un espace sans tache, à la clameur de sources vives. Un domaine épris de sérénité où des maisons à flanc de colline essayaient de rechercher la racine d’une vie épurée de doutes. Les vignes s’étageaient pour ne rien perdre des étreintes des pentes, elles s’adaptaient à la poésie lyrique des petits sentiers abrupts serpentant entre les trilles du raisin. Des vies s’abritaient derrière des rochers, on les découvrait avec surprise comme si on les dérangeait, on repartait puis on voyait surgir la silhouette recroquevillée des ruines au détour d’un regard englouti d’effroi. Un paisible effroi car des boucles de lierre s’accrochaient sur les pierres, les murs délabrés s’enveloppaient d’ombres comme si le temps peinait à s’ouvrir, à montrer ses blessures, ses épanchements taris.
Ella retrouvait sa place sur un promontoire rocheux où la floraison des cistes et des spirées la séduisait. Elle y retourna comme pour accepter d'aimer le spectacle foudroyant du couchant.
Le diagnostic du médecin traitant l'avait laissée de marbre quand il lui avait annoncé que son taux d’hémoglobine baissait et qu’il lui avait changé son traitement.
Hubert chuta une nouvelle fois et fut bien près de trépasser. Bénédicte nota qu’elle recueillait les nouvelles sans s’y appesantir, sans que les mots tragiques passent le seuil de l’épouvante que sa conscience savait anéantir. C’était comme si une mélodie l’accompagnait vers une autre porte de sortie.
Les problèmes récurrents, les tracas du quotidien, l’avenir rétréci, n’avaient plus la même résonance et ne portaient plus la même pèlerine. La sienne était plus fine, faite d’une attente, de l’inquiète préparation avant l’attente, elle le travaillait, le trajet pour arriver à l’endroit où tout s’était révélé à elle. Toute cette affluence relevait de la confiance qu’il existait un endroit paisiblement indescriptible.
Et le duo commençait. Elle se savait réceptrice aux cantiques du crépuscule. Le recueillement, l’absorption d’une douceur qui lui faisait accepter tous les ravages du quotidien, elle le devait à une présence immatérielle qui se cristallisait sur les lisérés des feuilles. Elle l’entendait grignoter son refrain sur les aspérités des rochers. Les vents dévalaient les montagnes, s’engouffrant dans les mélèzes, et reparlant inlassablement des portes du ciel. Son duo sur l’échelle de la mesure des soubresauts du cœur atteignait la magnitude maximale, elle s’en émerveillait.
Ses contes s’en ressentirent. L’écriture ne fut plus celle qui l’occupait. Elle éprouvait dès lors une urgence, elle s’emparait des drames, en démolissait les façades résistantes et ouvrait des corridors. Elle montrait comment des espaces en friche se cachaient derrière la barrière des apparences. Il ne tenait qu’à elle de semer ses graines, de les voir grandir et d’en récolter la pleine lumière. Elle reconnut l’effervescence silencieuse d’un geste dans les voiles du matin. Elle courut le confier à cette présence qui frissonnait dans le lointain et qui attendait qu’elle le rejoignît. C’était une musique aérienne d’un bout à l’autre du ciel et de la terre. Tout lui était source de répit. De ce jour, elle sut ce que pouvait être l’onction de la paix.
La résidence enterra ses morts. Bénédicte assista à toutes les inhumations sachant que son tour viendrait. Elle se pencha davantage sur les dalles de marbre, la demeure où la dépouille descendait. C’était ainsi que cela se passerait pour elle, elle en considéra tous les détails. Ceux qui mouraient montraient ce qui restait d’eux au bord des sépultures. On lui demanda de lire un extrait de ses écrits, ce qu’elle fit en y mettant ce que l’instant lui dictait:
« C’est avec les blés de la terre que nous partons
Bienheureux que nous sommes de revenir à nos racines
Et comme la fleur refleurit, nos âmes reviendront nous parler de la vie
Car la vie n’avance qu’avec la mort. »
Sur les quais du lac, les palmiers de Chine avoisinaient avec les chênes et les bouleaux. Les sapins en groupements touffus, incurvaient leurs bras d’émeraude. Les fleurs innombrables dans leurs courtines diaprées, les unes dorées, les autres argentées, se présentaient sous l’œil étonné, inquisiteur du passant. Des euphorbes aux forsythias, on n’épelait leurs noms qu’en s’adressant au jardinier qui veillait sur elles.
Bénédicte avait fini par le connaître puis à devenir son amie. Il lui parlait de son travail d’arrangeur floral. Entre Orient et Occident, il portait ses bulbes, guettait leur floraison.
« Les calystegia poussent au bord du lac, » lui dit-il en moulinant de son bras. Son geste battait l'air, prenait tout, le ciel, les flots, les rochers, les embarcadères où les voyageurs languissaient de capturer l’arrivée du bateau. « Les tiarelles mordent et cherchent où se loger. Les glaïeuls droits, au port altier, sont au garde à vous comme des hallebardiers. »
Enzo n’était pas seulement un employé horticole. Il laissait libre cours aux variations de son cœur, bercé par le doux remous du lac. Le regard des montagnes posé sur lui, le clapotis d’un élément marin, chaque jour, il avait un mot de gratitude envers leur exubérance contagieuse. Il en sculptait les bienfaits dans les massifs où chaque fleur suivait le cours d’une pensée. Quand on surprenait un liseron dans un enrochement, on s’interrogeait sur sa présence furtive. Enzo avait placé à cet endroit le jaillissement d’une plante rare pour que l’endroit prît existence. Un regard suffisait pour que l’espace donné devînt important. Plus loin, sous les palmiers, il avait arrangé des massifs de fleurs qui prospéraient comme une végétation tropicale sur les ruines des antiques forteresses. Les végétaux semblaient prendre d’assaut les éléments de la civilisation de la rue, marches, sentiers, bicyclettes, cabines désuètes, grillages de maisons fermées, habitées par des oiseaux migrateurs, « comme un sous-bois dans la ville » lui disait-il, quand ils prenaient le temps de s’alimenter de quelques mots, trempés de rosée.
Lui, il la faisait rêver, ce n’était pas de l’enseignement. Les mots lui venaient simplement, il aimait lui parler de ce qui le nourrissait, son entrain infatigable. Elle l’écoutait non pas pour comprendre mais pour laisser l’énergie d’Enzo pénétrer en elle et lui donner une plénitude qui l’accompagnait au gré du rire d’un vent taquin, de l’embrassade de l’aile d’un cygne sur le cristal d’un lac éperdument serein.
Les rives piétonnes, les jardiniers étaient les premiers à les arpenter, Enzo connaissait tous les premiers promeneurs de l’aube. Il savait que pour Bénédicte, le jour viendrait où elle serait visitée par une de ces ariettes qu’il entendait violoner dans les arbres.
Juin 2023
Bénédicte et Enzo nous emmènent loin dans leurs royaumes... sont-ils des elfes ?
Texte que je vais m'empresser de faire découvrir à ma compagne de toute urgence, Ginette ! ^^
"Se promener sur la corniche, c’était respirer la grave fragilité des roses, se demander d’où provenait l’effluve sucré des cannas."...se promener chez Toi, c'est saisir des moments intenses et les garder en soi ... j'ai adoré !❤️
Voici venir le temps où, flétrie sur sa tige
La fleur qui fut si belle ressent un vertige.
Ce n'est que passager mais devant cette alerte
Elle ne peut s'empêcher de penser que, inerte,
Elle rejoindra bien tous ses chers disparus.
Lorsque son tour viendra, un jour très attendue,
Elle sera fin prête et voudrait une fête
Car pour elle la mort n'est pas une défaite.
Ces pages nous emportes dans une poésie loin des cohues de la vie trépidante où tout devient plénitude de l'esprit qui s'en va vers d'autres horizons sans fin. Cela est apaisant Ginette, et retient la vie qui s'enfuit...