Pour la Chine, le Viêt-Nam et de nombreux pays de l'Extrême-Orient, la Nouvelle Année 2024 commence le 10 Février et elle est placée sous le signe du dragon, symbole de puissance, de force et d'ambition et de grandeur.
Comme le signe du dragon est associé au bois, un des cinq éléments de la cosmogonie chinoise, il apporte le sens du renouveau, de la créativité. De cette communion, on attend surtout à voir poindre de l'innovation dans tous les moments de la vie.
On célèbre le dragon de bois et c'est la première fois depuis 1964. C'est véritablement le mariage de l'ancien et du nouveau, une connexion programmée entre les vifs sujets du terroir avec la cité de tous les néons. Le lampion rouge et le néon fluorescent.
Des ombrelles rouges et jaunes annoncent les beaux jours.
J'ai écrit une nouvelle où l'imaginaire s'impose plus que de raison pour trouver dans la faune et la flore les mêmes sujets d'inquiétude et les mêmes aspirations à l'éternelle évasion qui nous rassemble.
Le 2 Février, c'est la fête de la Chandeleur.
A l'origine, c'est une fête celtique en l'honneur du dieu pan-celtique, le dieu solaire qui promet de bonnes récoltes. Des processions aux chandelles sont organisées, la lumière de la bougie servant à remplacer le soleil absent.
C'est la dernière fête du cycle de Noël après le 25 décembre et la fête des Rois Mages, la Chandeleur étant la présentation par ses parents de l'enfant nouveau-né au Temple de Jérusalem. C'est le symbole du passage de l'Ancien Testament au Nouveau Testament. La Chandeleur se christianise à partir de l'an 472 sur les souhaits du Pape Gélase 1er et chaque fidèle après la procession, ramène sa chandelle dans sa maison. Le rapport avec la crêpe est d'ordre bucolique et pastoral. C'est le reliquat d'une pratique païenne qui consiste, dans l'espoir de bonnes récoltes, à faire sauter des crêpes, la crêpe symbolisant le soleil.
La comtesse de Ségur, décédée le 9 Février 1874, voici un nom qui ouvre subitement les volets de l'enfance !
Gisèle, Sophie, Rosalie, Geneviève, Gaspard, Blaise, Jean, François, Blondine, inoubliables personnages qui nous ont permis de traverser l'enfance avec des turbulences et des anecdotes truculentes.
Le mois de Février semble sourire aux épistolières avides de trouver dans les mots la panacée qui leur manque sur terre.
Et voilà que Mme de Sévigné, née le 5 Février 1626 à Paris, ouvre son livre de plus de six cents lettres. Le courrier postal de l'époque, elle devait l'attendre avec une fébrilité sans pareille. C'est que ses lettres espéraient toujours une prompte réponse et que sa destinataire n'était pas aussi féconde que l'était celle qui marqua notre littérature de son style pétillant et plein de verve, nous ouvrant les arcanes de la vie quotidienne du 17ème siècle.
Le 28 février 2024 voit la sortie du film "Mme de Sévigné" de la réalisatrice Isabelle Brocard. La vie de l' illustre épistolière, le lien entretenu entre mère et fille et par-delà cette interrelation, la vie de la condition féminine est largement évoquée. Amour-possession de l'une d'une part, distance et éloignement de l'autre d'autre part, le film fait comprendre comment est née et s'est développée la correspondance de Mme de Sévigné.
Quelques poésies nous accompagnent, celles que nos amis proposent. La Page poésie ne se fermera jamais, c'est un lieu idéal pour un épanchement lyrique, une déclamation discrète voire invisible.
Seuls les mots en connaissent le secret.
Plusieurs évènements historiques jalonnent ce mois de Février où les ombres des grands résistants nous rappellent que rien n'est oublié.
La puissante complainte du Dlé Yaman nous renvoie à nos origines, à l'odeur de la terre, à la bise glacée qui caracole sur les pics neigeux.
Viens rompre le pain
La terre est la seule origine
Pourquoi chercher en vain
Le pays où cultiver nos désirs
Oublier ou conduire
Le chant qui enlace les sommets
Je t'ai donné la rose qui fleurit
A chaque saison où tu viendrais
Et reprenons notre musique avec CHOPIN, ce mois-ci le prélude N°5 opus 28
Il pleut à Majorque, Chopin a des quintes de toux fréquentes, la population est hostile aux étrangers installés au monastère austère sis à Valldemossa.
"Ma cellule a la forme d'un grand cercueil " , écrit Chopin.
Sur un tempo largo, Chopin y dissimule une étude où l'état d'âme de l'instant présent n'est pas étranger à l'incommodité de son séjour à Valldemossa.
C'est une miniature qui comme dans chacun de ses 24 préludes, nous invite à écouter tinter les grelots du coeur.
L'Opus "Préludes" 28 a été créé entre 1838 et 1839 - pendant le séjour de Chopin et George Sand à Majorque. Ils sont nés d'abord dans une petite villa près de Palma, puis dans l'ancien monastère carthusien à Valldemosa, "entre les rochers et la mer", où vivaient les étrangers. L'idylle romantique s'est terminée quand le compositeur a commencé à tomber gravement malade, et le beau temps a été remplacé par la pluie et le froid. Le travail sur les chansons a été retardé. Enfin, le 22 janvier, Chopin a envoyé « Préludes » à son éditeur, Camille Pleyel « Cher ami, je t'envoie enfin mes Préludes terminés sur ton piano. "
La St Valentin
Le 14 février, c’est la St Valentin. Ecrire une nouvelle sur elle et lui et comment peut-on écrire sur cette fête ?
J’y ai trouvé un compromis. D'elle et lui, j'en ai fait une alchimie .
Un émerveillement arrivé de très loin et qui tel un froissement de soie sur l'épaule offre un indicible contentement.
Nous remercions tous nos amis pour leur participation et leur sincère plaisir à donner à notre salon un regain d'intérêt. Tout le mois de Février verra fleurir leurs branches de pêcher et d'abricotier, beaucoup de duos s'épanouissent parmi nos auteurs qui affectionnent le genre et lui rendent justice.
La musique nous accompagne, de Schubert à Mahler, de Massenet à Frédéric, l'esthétique romantique semble se tailler une bonne place dans notre salon en ce mois de Février.
Le mois de Février est aussi le mois où le carnaval pose les masques sur les visages.
C'est le moment de revoir le bal masqué de Verdi "Un ballo in marschera", un opéra qui par un mélange de genres et de tonalités, fait penser à tous les carnavals du monde.
La violette est la fleur de ce mois de Février.
La violette ou la pensée sauvage sont deux fleurs qui s’apparentent, à la différence que si la violette porte deux pétales vers le haut et trois vers le bas, la pensée en a quatre supérieures et un seul large pétale inférieur.
Elle pousse dans les lieux isolés et solitaires, elle se cache dans les buissons, elle apparaît sur les berges gorgées d’alluvions et sous les feuilles tombées sur les sentiers agrestes.
On la découvre, elle n’accapare pas la vision au premier abord. D’où les légendes qui se tissent autour d’elle et signe sa symbolique.
C’est une fleur modeste, discrète, toute désignée pour symboliser la pudeur et la retenue. Timide, dit-on, car elle cache ses pensées. Elle est l’expression des émotions, des affections et de la gentillesse.
Cependant, la légende dit que l’ange de la candeur sait aussi être une magicienne déversant l’ivresse dans le cœur de ceux qui l’ont cueillie et su apprécier ce qu’elle offre avec patience. Elle est animée d'amitié constante et de dévouement.
La littérature s’est emparée de cette fleur. Poètes et écrivains en parlent avec émotion et gratitude.
Colette dans « Les vrilles de la vigne » écrit au sujet de la violette :
« Violettes à courte tige, violettes blanches et violettes bleues, et violettes d'un banc bleu veiné de nacre mauve, - violettes de coucou anémiques et larges, qui haussent sur de longues tiges leurs pâles corolles inodores...
Violettes de février, fleuries sous la neige, déchiquetées, roussies de gel, laideronnes, pauvresses parfumées... Ô violettes de mon enfance ! Vous montez devant moi, toutes, vous treillagez le ciel laiteux d'avril, et la palpitation de vos petits visages innombrables m'enivre.. ».
Maurice Mességué le phytothérapeute raconte que la tisane de violettes calme la toux et qu’il en a proposé à Winston Churchill qui ne prenait plus que des pastilles à la violette. En mémoire de cette anecdote, Mességué a fait déposer un bouquet de violettes sur la tombe du « Vieux Lion ».
Le parfum de la violette parfum est exquis, préfigure la délicatesse et les poètes en parlent comme le poète Boisjolin :
" L'obscure violette, amante des gazons,
Aux pleurs de leur rosée entremêlant ses dons,
Semble vouloir cacher sous leurs voiles propices
D'un pudique parfum les discrètes délices,
Pur emblème d'un cœur qui répand en secret,
Sur le malheur timide un modeste bienfait."
(Boisjolin)
Philippe Jaccottet évoque le fluide étrange de la violette dans son recueil : "Notes du ravin"
Je ne me suis pas agenouillé, ce jour-là, dans un geste de révérence, une attitude de prière ; simplement pour désherber. Alors, j'ai trouvé cette tache d'eau mauve, et sans même que j'en reçoive le parfum, qui d'autres fois m'avait fait franchir tant d'années. C'est comme si, un instant de ce printemps, j'avais été changé : empêché de mourir.
Il faut désembuer, désencombrer, par pure amitié, au mieux : par amour. Cela se peut encore, quelquefois. A défaut de rien comprendre, et de pouvoir plus.
Mais comme toute fleur des champs, elle traîne une odeur de soufre, et son côté maléfique n’est pas méconnu. Dans le sillage de son parfum pénétrant, elle sait conduire les terriens vers des univers surnaturels.
Un goût pour le coup de maître espiègle elle n'en est pas moins dotée, quand se sachant effacée et timide, elle peut montrer qu’elle sait être intrépide :
« L’amour est un bouquet de violettes »
Les malles d'Amouma
Le salon littéraire et musical
Merci Ginette de ce moment délicieux ...des auteurs que j'adore et une violette, timide et si forte qui pose son âme ici ...❤️