top of page

Les prairies de muscaris





La prairie s’est couverte de cistes jaunes

On me parle de saison et de floraison

Des mains moites qui se tendent Ô crocus mauves

Narcisses et gentianes en robes de gitanes

C’est leur danse pour une journée pastorale


Auprès d’elles, vit un bourdon qui se grime

Pour recouvrir sa face défigurée

Son ombre resurgit, se travestit

C’est son terrain, il a trouvé sa place

Sort de sa narcose et piste sa proie

Même désossé, le crâne ricane

Les orbites creuses sont comme un puits

Insondable toujours increvable


Les mille chenilles et les vertes vipères

Rampent jusqu’à grouiller sur l’herbe

Rien ne meurt jamais

Les lézards tapis vomissent leurs souillures

Flétrie de peau, la débauche pavoise

Quand une langue fuse et gicle son venin


Et la prairie livre sa brouette d’anémones

De jacinthes pervenche, de muscaris bleus

La glycine s’élève pour se maintenir en tête

Vers les hauteurs où s’habille l’éternité

Je voudrais tant n’être qu’une fleur solitaire


Les pieds transis mordus et gangrenés

Faut-il vivre entre le lilas et le pavot

Pendant que l’aubépine s’enivre du vent

Faut-il chercher auprès de son œuvre joyeuse

Le regain de moisson qui crèvera la bulle


Et l’aube luit encore dans l’autre horizon

La nuit le jour n'apercevoir que leurs couleurs

Pour affronter la faim, la misère des cœurs

L’horreur du vide et les tambours de la rancœur


Le vil temps versé au sang du néant

De l’orgueil scié à la corde de la potence

Car dans l’heure prochaine explosent les brasiers

Qui cravachent la terre

Et la rendent à sa nudité première

Février 2024

Ginette Flora



7 vues2 commentaires

Posts récents

Voir tout

2 Comments


Magnifique peinture avec tes mots ...clé des champs au coeur ! Merci, Ginette ...❤️

Like
Replying to

Cela me touche beaucoup . Merci, Viviane .

Like
bottom of page