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Madame Butterfly, un opéra de Giacomo Puccini


C'est un opéra italien représenté pour la première fois en 1904 à la Scala de Milan.

C'est une tragédie japonaise en deux actes. Mais par la suite, elle est revisitée et le deuxième acte a été scindé en deux. L'œuvre est souvent représentée en 3 actes.

Inspirée d'une pièce de David Delasco, l'histoire vient de l'écrivain John Luther Long (1898) qui lui-même s'est inspiré d'un fait divers survenu à Nagasaki où une jeune fille de maison de thé aurait été séduite par un officier américain du nom de Franklin.

Puccini en fait un opéra.

La mode est à l'orientale en ce début du 20ème siècle. Pierre Loti écrit "Madame Chrysanthème", c'est l'engouement pour le japonisme qui secoue les esprits créateurs. Marchands de thé, d'évasion, de haïkus et de tankas, la poésie s'ouvre à un genre novateur qui n'est pas pour déplaire.

Les musées accueillent l'art extrême-oriental et bon nombre de compositeurs suivent le mouvement.

C'est dans ce contexte que s'inscrit l'opéra de "Madame Butterfly" de Puccini.

Puccini en fait une jeune fille qui rencontre Pinkerton, un officier de la United States Navy. Mais Butterfly a tant idéalisé son marin que lorsqu'elle découvre sa vraie personnalité, elle succombe à la douleur en se donnant la mort.

C'est le synopsis concentré, réduit à l'essentiel.

Puccini compose sur le récit une orchestration de la grâce, de la symphonie japonisante de mélodies où des rubans ondulent tandis que l'attente accrochée au delà de la baie, signe un univers différent.

Tout imprégnée de volutes d'encens, l'œuvre arrive après les deux oeuvres consacrées de Puccini, "La bohème" et "La Tosca" . Puccini croit que la troisième composition sera aussi bien perçue et ovationnée par les auditeurs. Mais rien ne se passe comme il le pense.

L'œuvre est un échec.

Il le remanie plusieurs fois. Il redore les caractères des différents personnages. De Pinkerton, l'officier sans motivations intimistes, il en fait un personnage plus sensible et suscitant de l'empathie.

L'œuvre est mieux accueillie, est représentée dans toute l'Europe puis dans le monde.

De nos jours, cet opéra se joue en plusieurs langues.


L'opéra Mme Butterfly s'ouvre sur un prélude qui est un court fugato orchestral.




ACTE 1

Pinkerton, un officier américain, visite une maison japonaise à Nagasaki, fait connaissance avec Suzuki, la servante, personnage discret mais présent. Le cadre est exotique, tatamis (les tapis ) et shoji ( les parois mobiles ), vue de la baie au loin, jardin fleuri, pêchers et cerisiers en fleurs.

Le consul américain le met en garde contre les usages du pays, les contrats de mariage sont comme les contrats de location, on les signe pour une durée indéterminée.

Le mariage est célébré au cours duquel la jeune mariée avoue avoir quitté famille et amis, dots et religion des ancêtres pour être plus près de la culture de l'extrême occident de son conjoint. Elle apporte dans ses malles, " le tanto ", le poignard avec lequel son père s'est donné la mort. Elle apporte ses objets de culte, souvenirs de son passé, des statuettes et autres estampes et fines porcelaines.

Mais l'oncle bonze de la famille surgit et apostrophe Mme Butterfly. Pinkerton intervient rétablit l'ordre et assure de son amour sa jeune mariée dans un duo "Viene la sera".





ACTE 2

Trois ans ont passé et point de Pinkerton à l'horizon. La maison résonne des cris de joie d'un enfant sans père. Mme Butterfly l'attend toujours derrière les parois coulissantes de son salon.

On lui présente des prétendants mais elle refuse et préfère attendre son marin mais le consul Sharpless vient lui annoncer que Pinkerton met fin à leur contrat. Le diplomate réalise avec surprise qu'un enfant est né d'une union dont il n'avait pas cautionné les prémices.


C'est l'air le plus aérien, sur l'espoir, le regard jeté au loin sur l'attente. C'est une foi dans l'espérance.




L'air " Humming chorus ", l'air du chœur à la bouche fermée" ou le mystère de la nuit.



Les premières mesures de cet air sont très reconnaissables. Elle sont reprises par Dalida dans sa chanson " J'attendrai, le jour et la nuit , j'attendrai ton retour" , dont l'origine est l'air qui clôt l'acte 2 de Madame Butterfly, opéra orientaliste créé en 1904.

Un coup de canon annonce l'arrivée du navire US de Pinkerton.


ACTE 3


Pinkerton vient la visiter avec Kate, sa nouvelle épouse américaine. Il découvre la présence de son enfant et souhaite le ramener avec lui. Madame Butterfly a compris et accepte de laisser son fils à Pinkerton puis se donne la mort avec le " tanto" de son père sur lequel sont marqués des mots implacables :

" Celui qui ne peut vivre dans l'honneur meurt dans l'honneur "

Deux mentalités différentes, deux positionnements : Extrême Orient - Extrême Occident.

On est à l'aube du 20ème siècle, l'exposition 1900 est un festival de fines expositions de l'art japonais, bronze, porcelaine, étoffes, arts et estampes, mélodies lancinantes. On pense aux petits ponts qui sont posés sur des tableaux de verdure où s'effeuillent les branches des cerisiers ....


L'adieu poignant de Butterfly à son enfant.



La critique sort ses cors et ses gongs (trop sentimental, trop enclavé dans un monde clos ,...) mais d'aucuns disent que c'est la pièce la plus secrète de Puccini.

L'intrigue ne repose pas sur la nostalgie mais sur la croyance, une autre sorte de croyance, celle qui recouvre l'âme, l'élève dans l'attente d'une pureté absolue.

Est ce pour atteindre cette" chose" qu'elle veut faire exister que " la dame papillon " préfère refermer ses ailes et se laisser mourir ?

C'est dans l'enfermement que tout se passe. Pour avoir tout quitté, familles, traditions et conventions, Butterfly croit pouvoir opposer sa foi en l'attente de belles découvertes. Elle comble l'espace laissé en friche par des croyances nouvelles qui chutent, se désagrègent quand celui qui doit les incarner n'est qu'un personnage quelconque, porteur des conditions d'un monde qu'elle a quitté.

Puccini excelle à laisser s'entrechoquer deux univers différents.

Si le décor est délicat, si les lieux sont raffinés, des portes coulissent sur des horizons où " un panache de fumée " vient combler une terre en friche. C'est une femme qui va de deuil en deuil, de désert en désert. C'est la tragédie d'un être qui quitte un univers convenu pour un univers secret, intime. N'y-a-t-il pas une miniature de ce genre dans notre coeur ?

Tout va se décider :

" Tu vois, il est venu
Je ne vais pas à sa rencontre. Pas moi .
Je me mets sur le bord de la colline
Et j'attends longtemps
Et la longue attente ne m'est pas pénible. "

( l'aria de " Un bel di, vedremo" )

C'est une aria qui donne le mouvement de l'action, diaphane, entre fleurs et discrètes mélodies.



L'œuvre est en ce moment représentée à l'Opéra, durant le mois de Mars .

Ginette Flora

Mars 2024

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4 comentários


 "L'intrigue ne repose pas sur la nostalgie mais sur la croyance, une autre sorte de croyance, celle qui recouvre l'âme, l'élève dans l'attente d'une pureté absolue"


magnifique histoire, je connaissais mais quel plaisir de la redécouvrir sur tes mots, merci Ginette !❤️

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Merci beaucoup, Viviane.

Je l'ai redécouverte aussi !

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myriam.vijaya
15 de mar.

Superbe opéra, et géniale analyse !

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😍🌺🎹🏮

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