C'est un film qui sort le 28 Février 2024, réalisée par Isabelle Brocard.
Mme de Sévigné est très attachée à sa fille pour qui elle souhaite un brillant avenir et telle une marraine exigeante, elle espère qu'elle se verra dotée de toutes les fortunes dont une jeune fille bien née pourrait désirer à cette époque du XVIIème siècle où la noblesse vit de codes étiquetés.
Mais la fille de Mme de Sevigné ne l'entend pas de cette oreille et sent peser sur elle la volonté de sa mère.
Elle s'en éloigne et va vivre loin des fastes de Paris dans le Sud de la France, où le Comte de Grignan, son époux choisi par sa mère, est le gouverneur de Provence. Elle y mène une vie familiale affranchie des attentes de sa mère.
De cette rupture du lien mère et fille va naître l'immense correspondance de Mme de Sévigné qui espère pouvoir réduire la distance qui s'est installée entre elle et sa fille, par la constance d'une correspondance qui maintiendrait ce lien.
Le film fait comprendre pourquoi Mme de Sévigné s'est mise à écrire, compensant l'absence de sa fille par l'art consommé d'une écriture où s'inscrit son besoin maternel inassouvi.
Entre les costumes et les décors moulurés de l'époque, entre les salles de châteaux où la brillante apparence des dorures masque les douleurs secrètes des âmes ballotées par les décisions qui se contractent malgré elles, le film très Grand Siècle montre les affres de la condition féminine.
Il y a la mère, il y a la fille mais il y a aussi les femmes qui sont à leur service, il y a les femmes qui viennent leur rendre visite, il y a la classe sociale qui fait vivre les aspirations des femmes qui se rassemblent dans les salons et il y a toujours omniprésente, la Cour du Roi et les lumières de Versailles.
Le film ne traite pas de la correspondance de Mme de Sévigné. On la voit écrire sur son écritoire posé sur les malles où l'on devine que sont jalousement gardés tous les souvenirs qu'elle a conservés de sa fille.
" Je vous veux heureuse, indépendante et maîtresse de votre destinée."
Mais Mme de Sévigné ne se rend pas compte que c'est un souhait qui lui est propre, Sa fille Françoise de Grignan préfèrera une vie de famille simple, entourée de nombreux enfants, auprès d'un époux qui gère ses affaires pour elle.
Ginette Flora
Février 2024
Je viens de voir le film et je lis ton texte en rentrant chez moi. Je l'ai beaucoup aimé : les acteurs, la mise en scène, le focus sur cette relation particulière, (on dirait de nos jours "toxique") entre mère et fille.
M💞erci Ginette, moi aussi , j'ai très envie d'aller voir ce film ... j'avais étudié les Lettres à sa fille et c'est un véritable document sur l'époque ...
je comptais aller voir ce film dans la semaine, et avec cette présentation cela se confirme....
Je crois en effet que Mme de Sévigné, comme le furent de nombreuses mères et belles-mères s'accrochèrent à leur fille, fils, beaux-enfants, pour, à travers eux, vivre la vie qu'elles auraient désiré avoir, qu'elles ne s'étaient pas autorisé à avoir...
Excellente analyse qui donne grandement envie de voir le film ou relire ses célèbres lettres !