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Sur les traces de Robert Sabatier au pays de Saugues

Poète, romancier, penseur, essayiste, il est surtout celui qui parla le plus chaleureusement de ses racines, le plus profondément d’un pays que son personnage Olivier dans le roman d’Olivier  répète inlassablement : « Saugues , Saugues , Saugues. »

 Il est né à Paris  en   1923 et décédé en 2012 à Boulogne-Billancourt. On se souvient "des allumettes suédoises", des "trois sucettes à la menthe" et "des noisettes sauvages", trois livres des huit livres qui composent la série complète du roman d’Olivier.

Ses parents décèdent quand il est très jeune. Il a 8 ans quand il perd son père et il a 12 ans quand il perd sa mère.

Il est élevé dès lors par son oncle et  rejoint régulièrement ses grands-parents à Saugues.

 De son enfance passée à Saugues dans la maison de ses grands-parents, en Margeride, il retire un contentement réfléchi. L’affection bourrue de sa grand-mère, le contact de son grand-père qui lui montre la valeur des travaux  et l’apport casanier mais bienfaisant de la campagne révèle à l’enfant la beauté d’un pays retrouvé.

Auprès de son grand-père, maréchal-ferrant, il n’oubliera  rien surtout qu’on peut faire des prodiges sans l’aide de personne, seul.

Il raconte cette enfance dans sa saga où l’on apprend que son grand-père Auguste a appris à lire seul. Des anecdotes fourmillent à chaque page, des bribes de vie lâchées qui mangent notre cœur quand on voit que Grand père Auguste, une fois qu’il a maîtrisé la lecture,  a appris à lire à sa femme dont on comprend la rugueuse sensibilité. Comment ne pas déceler l’âpre détresse  d’une femme qui n’a pas eu accès à la plus élémentaire des instructions ?  

 Parfois, quelque chose  se déchire en nous comme le cri d’une alouette dans le ciel, comme le craquement d’une branche, comme le frottement de  la bruyère que nos pas renversent doucement.

 

En 1996, les allumettes suédoises sont portées à l’écran.

 On se rue sur le nom de l'auteur pour découvrir qu’il est aussi poète, qu’il est un penseur dont on peut redouter la gravité mordante.

 Il a travaillé dans les librairies, les maison d’édition puis en a assumé de hautes responsabilités. Il est nommé à l’Académie Mallarmé qui est une institution littéraire décernant une distinction pour une œuvre poétique.

 Il se lance aussi dans l’écriture de romans policiers sous le pseudonyme de Robert Vellerut.

D’aucuns disent que Robert Sabatier pensait chaque jour à Saugues et avait auprès de lui une statuette de la bête du Gévaudan ainsi que quelques photos privées.

 Quand le jeune Olivier de son roman parle, c’est Robert  Sabatier qui parle :

  «   Saugues , ce simple nom d’un village prenait une apparence de paradis perdu. Il se le répétait intérieurement , grave, élevé , grandiose comme une musique d’orgue .      
 Saugues , l’endroit où il aurait dû naître, Saugues, Saugues .
 C’était comme s’il allait retrouver tout ce qui avait marqué sa jeune existence.  Il découvre la terre de ses racines,, ce pays si cher à ses parents.. Tout le rattachait à ce village qu’il ne connaissait pas, le nom de Saugues devenait magique. » 

Robert Sabatier va y revenir souvent, le parcourir longtemps. Cette terre, il l’aime profondément.

 


 Outre la fourme de son pays, ce fromage fabriqué dans les environs  du Puy de Dôme  et son omelette aux mousserons, il aime les longues balades, accompagné de son chien « Pieds Blancs ». Il déambule dans les rues du village, repère les enseignes et en le voyant, chaque commerçant, chaque habitant, chaque passant sait qu’il est de retour au pays.  II se présente à « La messe des hommes » à l’église St Médard quand les hommes habillés en noir viennent rendre grâces au ciel de leur avoir donné un morceau de terre aussi simple et attachant. Sur les murs, de vastes tableaux en toiles de jute d’un autre enfant du pays, Lucien Gires, tous rassemblent leurs esprits autour d’une  alliance retrouvée.


  L’écrivain reste toute sa vie muet de saisissement devant la beauté des monts, des forêts et du granit si rude mais si juste et fidèle.  Les pierres qui le fixent ont une densité palpable :

 «  J’ai toujours l’impression que c’est une sorte d’enclave, un petit pays en dehors de tout . Ce n’est pas le Velay , c’est aux confins de l’Auvergne, ce n’est pas la Lozère. Le pays de Saugues pour moi c’est un territoire comme Andorre, Monaco, Saint-Marin . »

« Les noisettes sauvages », c’est le récit de l’enfance de l’auteur, c’est le livre de la vie à la campagne, du rythme des saisons et du lent bourgeonnement de la terre.

«  –    Je suis de Saugues aussi , un vrai auvergnat , mon pote.
  – Tu apprendras bien un jour la géographie et tu verras que Saugues n’est pas en Auvergne.
 – Où alors ?
–   C’est la porte du Gévaudan, mon cher.  » 

Robert Sabatier reviendra toujours à Saugues. Comme il le dit lui-même :


«  J’ai voulu visiter Rome, puis la côte d’Azur. Partout j’ai regretté Saugues. »

Quand il revenait à Saugues, il retrouvait ses amis, l’historien local Jean Richard  et Lucien Gires, le créateur  du Musée de la bête du Gévaudan.


 Il est temps de laisser notre amie Babeth raconter comment elle eut un jour lointain l’opportunité d’aller à Saugues, d’entendre parler de Robert Sabatier par les  propriétaires du gîte qui l’a hébergé.

 A l’entrée du village, il y a une maison qui fait chambre d’hôtes. C’est un ancien manoir,  des années 1930, ayant appartenu au notaire de Saugues.

 Reconverti en maison d’hôtes à cinq chambres, l’endroit s’appelle «  Les Gabales  »  du nom d’un peuple gaulois qui aurait vécu dans cette région.

 

"Robert Sabatier enfant du pays, romancier, poète prix Goncourt avec les allumettes Suédoises

SAGA : les allumettes suédoises, trois  sucettes à la menthe, les noisettes sauvages.

 

Nous avons logé dans une chambre d'hôtes, ancienne maison de notaire à l'entrée du village.

Cette maison avait pour nom les "Gabales" , ancienne tribu gauloise.

Pierre était le jeune patron de cet établissement,  très cultivé et amoureux des chansons de Jacques Brel.

Nous dormions dans une chambre qui s'appelait «  les Noisettes Sauvages » en l'honneur de Robert Sabatier qui passait quelques jours d'été à Saugues où il avait ses habitudes et des amis.

 

De Saugues les journées chaudes, nous montions au Mont Mouchet où une stèle a été élevée en hommage aux très jeunes maquisards tués pendant la guerre.

 

Près de la stèle, un musée a été construit où l'on peut voir des photos et une vidéo rappelant cette époque sanglante."

 Elisabeth Rolland dite Babeth

 Juillet 2024

 

« Il n’y a pas de hasard …  »  Vous pensez à la citation de Paul Eluard ?


 St-Exupéry formule différemment :


 «  Il n’y a pas de hasard, il y a des forces en marche. A toi de les créer, le hasard suivra. »

   et le hasard m’a suivie. C’était juste une conversation entre amies. Notre amie Babeth me racontait l’endroit où elle avait passé ses vacances quelque temps  auparavant et intriguée, j’ai voulu mieux connaître ce lieu.

  J’ai rencontré la bête du Gévaudan  et Lucien Gires et Robert Sabatier et certainement d’autres qui vivant au milieu des pierres ne peuvent plus s’en détacher  et préfèrent rester à l’ombre des arbres de leur enfance.  

 Ginette Flora

 Juillet 2024 

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3 Comments


Merci, Ginette, pour ce voyage du souvenir sur mes toutes jeunes lectures 😍 !

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j'ai lu ses livres et j'ai toujours aimé ... et tu m'as ramenée à mes "jeunes" années où j'ai découvert cet auteur ...et où j'ai aimé le découvrir ❤️ et" rester à l’ombre des arbres de leur enfance." si vrai ! Merci , je me suis régalée de tout 💓

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Encore une fois le hasard fait bien les choses !

Il t'amène de la joie et pour moi qui suis passée par là, il m'apporte un immense plaisir .

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