Tannhäuser de Richard Wagner
- Ginette Flora Amouma
- il y a 4 jours
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Richard Wagner est à la fois le compositeur et le librettiste de Tannhäuser. Il a 32 ans. La pièce est créée en octobre 1845 en Allemagne. Elle comporte 3 actes et une ouverture.
Le titre complet peut être révélateur. C’est « Tannhäuser et le tournoi des chanteurs à la Wartburg ». Tannhäuser est en effet un « ménestrel de l’amour » comme le dit Wagner lui-même.
Wagner s’est inspiré de deux légendes germaniques, celle de la guerre des chanteurs au château, de la ballade de Tannhäuser et du concours de chant.
Il ne s’est pas seulement arrêté à ces deux seules légendes. Il a pris en la modifiant la légende de Sainte Elisabeth de Hongrie qui a vu se transformer en roses, les pains qu’elle transportait en cachette aux pauvres. C’est le miracle des roses. Le personnage d’Elisabeth dans Tannhäuser intercède auprès du châtelain pour que Tannhäuser échappe à la mort.
Deux thèmes principaux conduisent le drame dans l’opposition constante de l’amour sacré et de l’amour profane. Les personnages sont déchirés par la double postulation de la condition humaine, l’aspiration à l’idéal et la séduction de l’amour profane. Ils en réchappent, trouvent une rédemption dans l’accomplissement d’un amour absolu. Ce sont des thèmes que Richard Wagner (1813-1883), compositeur allemand de la période romantique, approfondit et intègre régulièrement dans ses œuvres.
ACTE 1
L’action se situe en Allemagne au XIIIème siècle. L’histoire se concentre sur le dilemme né entre un amour profane que se vouent depuis longtemps Elisabeth et Tannhäuser et l’amour sacré qui les conduit au renoncement.
L’ouverture se charge de résumer l’action. Le crescendo va de l’andante au molto vivace avec le leitmotiv du chant de Tannhäuser qui identifie les pensées et les sentiments du personnage.
Tannhäuser est un poète de la poésie lyrique, un genre très particulier au XIIème siècle en Allemagne. C’est un chanteur de « Minne », un chant d’amour.
Le voilà retenu dans les montagnes où se trouve la grotte d’amour « le Venusberg » de la déesse. La 1ère scène s’ouvre sur les sirènes, les nymphes et les naïades qui entourent Tannhäuser dans un décor bucolique.
Pour Wagner, le lever de rideau crée une œuvre musicale à part entière.
A la tombée de la nuit, des visions magiques se révèlent. Apparaît Tannhäuser, le ménestrel de l’amour qui aperçoit Vénus. Il restera librement prisonnier pendant un an auprès d’elle.
Puis il aspire à la liberté, à sortir d’un attachement qui le pèse, il souhaite se retrouver seul avec lui-même.
L'hymne de Vénus
Il remercie Vénus pour ses offrandes mais il doit la quitter. La déesse, meurtrie, lui jette un sort en lui prédisant que jamais il ne trouvera le salut.
Tannhäuser lui répond que désormais il ne vit que pour Dieu et ses représentants comme Sainte Marie. Dépitée, Vénus disparaît.
Grâces soient rendues à ta bonté ! Hommage à ton amour ! Heureux pour jamais, celui qui demeure près de toi ! À jamais enviable, celui dont les ardents désirs brûlent dans tes bras, de la flamme sacrée ! Les merveilles de ton royaume me remplissent d’ivresse. Je je respire ici l’enchantement de tous les plaisirs. Nulle contrée sur la vaste terre n’offre l’équivalent de ces merveilles. Certes, toutes les richesses du monde n’ont aucune valeur pour toi.
Mais moi, au milieu des roses vapeurs d’ici, j’aspire à retrouver la douce haleine des bois, l’azur limpide de notre ciel, la fraîcheur de nos vertes prairies, le chant aimé de nos oiseaux, le son familier de nos cloches : il me faut quitter ton empire. Ô Reine, ô Déesse ! Laisse-moi partir ! — trad. éd. Bourdillat, 1861, révisée 2017.
Tannhäuser se retrouve près du château de la Wartburg.
C’est le printemps.
Un berger chante la belle saison. Tannhäuser y est sensible et voudrait se racheter de s’être laissé séduire par les charmes d’une déesse.
Le châtelain arrive escorté de ses chevaliers qui sont également des chanteurs lyriques. Tannhäuser retrouve ses anciens compagnons qui l’accueillent avec joie et lui demandent de réintégrer la cour du châtelain.
Lorsque Tannhäuser refuse, Wolfram, un des chevaliers lui dit de revenir vers Elisabeth, la nièce du châtelain qui n’a pas cessé de l’attendre. Il lui révèle qu’Elisabeth s’est emmurée dans le silence et la solitude, évitant de paraître et d’assister à des concours de chant. Seul le retour de Tannhäuser peut la délivrer de cette « consomption ».
A l’évocation de celle qui lui est chère, Tannhäuser accepte de la revoir.
ACTE 2
C’est dans le décor de la salle du château que s’ouvre l’Acte 2, là où se déroulent communément les concours de chant entre les poètes du « Minne ».
Elisabeth entre en salle et raconte que c’est la première fois qu’elle y vient depuis le départ de Tannhäuser.
« Je te salue de nouveau, chère salle »
Les deux amis se retrouvent et s’expliquent avec effusion. Le concours de chant a pour thème : « l’éveil de l’amour »
Elisabeth déclare qu’elle accordera un vœu au vainqueur. Les chevaliers chantent en parlant d’un amour qui les remplit de bonté pour le monde qui les entoure. Tannhäuser, quand vint son tour de chanter, proclame hardiment d’autres joies d’une tout autre nature et vante l’amour sensuel, ce qui déplaît fortement aux chevaliers, au châtelain et aux autres assistants qui le provoquent en duel. Tannhäuser raconte alors sa libre captivité chez Vénus qui l’a comblée de ses charmes, l’assistance est horrifiée. Les chevaliers veulent trucider Tannhäuser et crient au blasphème. Elisabeth malgré son chagrin d’avoir compris la raison de la disparition de Tannhäuser, lui accorde le droit de s’amender et de se faire pardonner.
Le châtelain condamne Tannhäuser à faire le pèlerinage de Rome et à implorer le pardon du pape. Tannhäuser est banni et s’en va rejoindre les pèlerins qui se dirigent vers la cité sainte.
ACTE 3
Déjà un an ! Voici un autre printemps ! Les pèlerins rentrent au bercail mais Tannhäuser est absent. Elisabeth supplie la Vierge Marie de faire revenir Tannhäuser et offre sa vie en échange. Le chevalier Wolfram sait qu’elle va mourir.
Il chante la romance à l’étoile « Ô ma belle étoile du soir »
Paroles :
Comme prémonition de la mort, le crépuscule couvre la terre Enveloppe la vallée d’un manteau noir et dense L’âme, qui chercherait à rejoindre ces collines, Craint avant son envol de traverser cette nuit et cette horreur.
Là tu te présentes, Ô la plus belle des étoiles,
Ta douce lumière se voit de loin, Le crépuscule est transpercé par ton cher faisceau de lumière, Et amicalement tu montres le chemin de la vallée.
Ô ma fidèle étoile du berger, Toujours je t’accueille avec autant de plaisir. Du cœur, qu’elle n’a jamais trahi, prends soin d'elle quand elle passe près de toi – Si elle monte de la vallée de la terre, Pour devenir là-bas un ange radieux.
et il demande qu’Elisabeth soit changée en ange du ciel.
Or à ce moment arrive Tannhäuser en piteux état, vêtu de guenilles et le moral en berne. Il raconte que le Pape ne lui a pas accordé son pardon et a ajouté que le pardon, il le verra venir si le bâton papal se met subitement à fleurir.
A ce moment, il entend le chant de Vénus qui lui demande de revenir auprès d’elle.
Tannhäuser est tenté de le faire mais le chevalier Wolfram lui apprend qu’Elisabeth est morte pour son salut.
Tannhäuser est pétrifié, Vénus se sentant évincée, disparaît.
Au moment des funérailles d’Elisabeth, un groupe de pèlerins vient annoncer que le bâton papal a reverdi, signe que le pape a pardonné à Tannhäuser mais celui-ci, inconsolable, meurt.
Le fleurissement du bâton papal ou les retombées de l’œuvre
Cet opéra est un incontournable du répertoire des grands opéras du XXIème siècle.
On le jouait encore au Met Opéra de New York en 2023.
Des adaptations ont été faites, des reprises en français également. Des moulages plus concis ont généré de nouvelles productions.
Les personnages ont réellement existé. Ce sont des personnages historiques de la littérature allemande. Les poètes ont également existé. Wagner s'appuie sur des sujets éprouvés pour sonder le coeur humain.
Ginette Flora
Avril 2025
Quelle belle ouverture de Tannhaüser sur la direction de Herbert Von Karajan.
J'aime beaucoup cette opéra, chef d'oeuvre de Richard Wagner. Du grand lyrisme.
Merci encore chère Ginette pour ces moments intenses !