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"The pianist ", 1946 et 2002


C’est un film  de  Roman Polanski dont la sortie dans les salles de cinéma  en  Septembre 2002, provoque un mouvement de foule.

Le réalisateur Roman Polanski est un survivant de la  Shoah, l’holocauste juif.  Il est d’origine polonaise, issue d’une famille juive ashkenaze.

Il a été emprisonné à l’âge de 7 ans  dans le ghetto de Cracovie en Pologne lors des invasions nazies. Il parvient à s’en échapper, se retrouve séparé de sa mère et doit sa survie à sa capacité de résilience.

Le réalisateur a mis dans le film beaucoup de son intime chasse au désespoir et au renoncement. La notion de résilience contenue dans les scènes miraculeusement fortes d’humanité contrastent avec  les  scènes d’horreur de l’occupation nazie.

 Une musique « le gasn nign » , un chant de rue, est tirée du folklore populaire yiddish. Violons et clarinette grésillent comme sur un vieux gramophone abandonné.






Polanski s’attache durant tout le film à insérer des pièces musicales de Chopin, célèbre figure d’un polonais exilé, ayant fui lui aussi les désordres de son temps et contraint à fuir son pays natal.

 Pas moins de 5 morceaux de Chopin occupent un espace mélancolique, qui, placés dans le contexte de la narration cinématographique, sortent transfigurés comme si l’acteur qui interprète ces morceaux  est parvenu à s’approprier l’âme intemporelle des exilés.  

  C’est Chopin fuyant la capitale de Varsovie envahie, c’est aussi Polanski fuyant  Varsovie sous l’emprise des nazis. Mais c’est surtout Wladyslaw Szpilman racontant son histoire.















Chopin présente cette composition " Le concerto N°1 à Varsovie lors de son concert d'adieu. Les Russes sont aux portes de la Pologne. Chopin fuit l'invasion et ne reverra plus son pays natal.

C'est un morceau avec trois mouvements. Un extrait du premier mouvement de ce concerto est joué dans un restaurant dans le film " Le pianiste ". La symbolique du choix voulue par Polanski est à peine camouflée.




Le livre autobiographique de W. Szpilman


Car le film « The pianist » est inspiré  d’un roman autobiographique d’un rescapé de la Shoah.  En 1946,  un livre « The pianist » est publié et raconte l’histoire de son auteur, un survivant de l’holocauste,  le compositeur et pianiste polonais Wladyslaw Szpilman, de confession juive, arrêté par les nazis.

Le  roman raconte la survie de son auteur dans Varsovie occupé et en proie à une guerre sans merci.  Szpilman est pianiste officiel de la radio polonaise. Avec l’invasion nazie, il est parqué dans un ghetto et sa famille est déportée. Szpilman  s’échappe du ghetto et des résistants polonais lui procurent une cachette. La zone étant progressivement occupée, il se réfugie dans une  maison en ruine puis dans un grenier. Il est découvert par un officier allemand mélomane  qui lui demande de jouer de la musique en échange de la nourriture  et de son silence. Après la guerre, Szpilman cherche à retrouver son sauveteur. Il apprend bien plus tard que l’officier est mort en 1952 dans un camp de prisonniers en URSS.

 L’auteur du livre meurt en l’an 2000 à l’âge de 88 ans.

 

Le film de Roman Polanski


Le film consacre une partie de sa durée à la musique, celle de la culture juive, celle de Chopin, celle de quelques autres compositeurs classiques comme Bach et Beethoven.

L’acteur principal qui joue le rôle de Szpilman, est Adrien Brody. Par souci d’authenticité et pour entrer dans la peau de son personnage, il apprend à jouer du piano en s’entraînant tous les jours et certaines pièces musicales ont été interprétées par lui-même.

Il s’est astreint également à un régime draconien pour que son physique colle au personnage émacié  mourant de faim  retenu par la Kommandatur.

Le réalisateur Polanski  a reconstitué le ghetto de l’époque des années 1940  et veillé à ce que chaque objet, chaque détail soit repris à l’identique. L’atmosphère obtenue est oppressante, nous renvoie à  ces ténébreuses pages de l’histoire  de l’humanité.

 « Le pianiste » de Roman Polanski est un des plus grands films sur l’holocauste où la capacité de surmonter les épreuves de l’insoutenable et la foi en l’humain  sont mis en lumière tandis que  Chopin et son nocturne nous envoient sans cesse dans les bras d’un paradis perdu.   

C’est dans ce contexte que s’élèvent les accords de Chopin, son nocturne N° 20, son concerto N°1, sa ballade, sa Polonaise et sa mazurka.


On entend aussi la sonate au clair de lune de Beethoven et le prélude n° 1 de la suite pour violoncelle  en sol majeur BMW 1007 de Jean Sébastien Bach. C’est le mouvement le plus connu de toutes les suites pour violoncelle. Le prélude d'introduction aux cinq danses baroques est le plus interprété et se singularise par la reprise de plusieurs arpèges.





Le film présente peu de dialogues, peu de bruits de fond pour renforcer le bruit abject du fracas de l'indicible, le craquement des os, le piétinement des corps ... tout est montré dans sa vérité absolue .... C'est alors que du fond des pièces sombres, s'élève la musique de Chopin le halètement de l'âme, le sens de l'individu ... Moi, où suis-je ?

L'image achève de dessiner les murs d'un enfermement où l'humain se disloque, où il perd la notion du temps qui le situe dans l'histoire, passé, présent, futur .

En faisant disparaître l'Art, on fait disparaître l'humanité.

Et Polanski après Chopin , réveille Beethoven et sa sonate au clair de lune et Bach joue sa suite pour violoncelle, de la pure musique classique pour dire que l'enfermement mutile la personne et la défigure.

Le film est une invitation à une méditation et si la barbarie et le sublime co-existent en l'homme, il ne faut jamais cesser de chercher ce qu'il y a de plus élevé en nous.


Ginette Flora

Septembre 2024


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8 Comments


Colette Kahn
Colette Kahn
il y a 7 jours

J'ai vu plusieurs fois ce film de Polanski que j'aime beaucoup et je me dis qu'il faudrait que je le revoie pour porter mon attention sur la musique... Merci Ginette !

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Ginette Flora Amouma
Ginette Flora Amouma
il y a 7 jours
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Le film est pratiquement traversé par la musique de Chopin et des compositeurs de la musique classique européenne , en plus de la musique de la culture yiddish qui nous rappelle le sujet même du film .

Bonne journée, Alice .

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J'adore ce film, Ginette, il me fait pleurer, il est un vertige d'émotions et tu le ranimes si bien .. merci à toi "Le film est une invitation à une méditation et si la barbarie et le sublime co-existent en l'homme, il ne faut jamais cesser de chercher ce qu'il y a de plus élevé en nous." magnifique, tu sais !❤️

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C'est curieux comme l'histoire se répète , pas de la même façon mais avec la même intention comme si les leçons ne servent à rien.

Quelque chose d'autre motive le monde et l'humain.

Bonne fin de journée, Viviane .

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J'ai vu de nombreux films de Roman Polanski mais "Le Pianiste", bien que j'en ai écouté parler, j'avoue ne pas l'avoir encore visionné. À mettre sur ma petite liste des choses à faire...! ^^

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Nous aimerions tous savoir ce que tu en penses . Le film génère tant d'émotions qu'on devient comme exsangue, coeur vidé de tout !

Et surtout, dis-nous comment tu as ressenti ce lent passage de la couleur au noir et blanc , métaphore absolue de la déchéance et de la barbarie humaine !

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Ce superbe film fait rayoner beaucoup d'émotions tant en images que par ses interprètations musicales qui me font vibrer... Le pianiste de Roman Polanski est un chef d'oeuvre qui nous raconte une partie des plus sombres de notre histoire. Qui me bouverse depuis ma tendre enfance quand j'ai découvert ces images des camps de la mort.

Et encore de nos jours...il ne faut pas oublier !

Merci Ginette

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Oui, on est sans voix .

Est-ce pour cela que Polanski a laissé la voix de la musique dire ce qu'il peut y avoir d'inhumain dans l'humain et ce que l'humain cherche à réparer et à transcender.

Merci pour ta bouleversante analyse, chère Nicole.

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